Le Moyen-âge

Bien que représentée ici dans les Cantigas de Santa Maria, la flûte traversière est très peu utilisée avant la Renaissance.


La Renaissance

Ce tableau représente 3 jeunes femmes interprétant, au luth et à la flûte traversière, une chanson de Claude de Sermisy.

 

La période baroque 

flute traversiere (vers 1700)
vers 1700 (musée de la musique - Paris)

La flûte traversière baroque comporte généralement 7 trous dont le dernier fermé par une clef. Elle évoluera plus tard avec des trous supplémentaires équipés d'autant de clefs.

La flûte traversière a été introduite dans l'orchestre au 17e siècle par Lully, puis fut employée comme instrument solo au 18e siècle, en particulier par Vivaldi (concertos) et JS Bach (sonates).

Dans la famille des flûtes, la plus aigue est la flûte piccolo ou « petite flûte », à peu près 3 fois plus petite que la flute traversière normale. Le piccolo a été utilisé en solo par Vivaldi dans des concertos.

piccolo baroque

 

La période classique

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Introduite dans l'orchestre par Lully, la flute traversière s'affirme pendant la période classique grâce à ses qualités de son et de virtuosité.

La flûte utilisée pendant la période classique est qualifiée de baroque, par opposition à la flûte moderne qui apparait au 19e siècle avec le système Böhm.

La flûte baroque comporte d'abord une seule clé. Elle évolue au 17e siècle avec  Jean Hotteterre  ( ?-1678) qui la coupe en 3 morceaux : La tête, le corps et la patte. L'utilisation de corps de rechange permet alors d'adapter la flûte à différents diapasons.

 

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Plus tard, le petit fils de jean Hotteterre, Jacques Hotteterre dit le Romain (1674-1763), a composé pour la flûte et publié plusieurs ouvrages spécialisés tels que «L'art de préluder sur la flûte traversière» (1719) et « Principes de la flûte traversière ou flûte d'Allemagne, de la flûte à bec ou flûte douce et du hautbois» (1707).

 

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(Musée des instruments à vent de La Couture-Boussay)

 

Puis Johann Joachim Quantz (1697-1773), flûtiste et compositeur, ajoute à la flûte une seconde clé. Il fabrique lui-même cet instrument pour lequel il écrit un «Essai d'une méthode pour apprendre à jouer de la flûte traversière».

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Par la suite la flûte évolue encore par l'ajout d'autres clés (jusqu'à 8 au début du 19e siècle).

Outre la flute traversière, ou grande flûte en ut, qui couvre 3 octaves, on trouve aussi à cette époque la  flute piccolo ou petite flûte en ut, deux fois plus courte,  et plus aigue d'une octave. Celle-ci  est utilisée en particulier par Beethoven dans ses 5e et 6e symphonies.

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 Ecoutez

Le piccolo dans l’orage de la symphonie pastorale de Beethoven.

Le début du trio pour flute, violoncelle et piano HOB XV-15  de Haydn

La cadence de fin du 1er mouvement du concerto pour flute n°1 de Mozart

 

Evolution de la flûte au 19e siècle

En 1832, un flûtiste virtuose allemand, Theobald Böhm (1794-1881) de Munich, met au point  un nouveau système de clés qui va entraîner une véritable révolution technologique dans la facture de l'instrument.

Par rapport aux systèmes précédents (appelés systèmes simples), le  système Böhm présente un mécanisme beaucoup plus complexe, comprenant des clés montées sur des tiges et des ressorts.

Le système Boehm

Boehm fit sa première flûte en 1810. C'était une flûte à 4 clés.

Il fonda son atelier en 1828 à Munich, où il produisit des flûtes à système simple, légères, à petits trous, pour lesquelles il composa de la musique pleine de virtuosité.
Mais ces flûtes présentaient des problèmes de justesse et étaient peu puissantes.
D'après Boehm lui-même, c'est la sonorité puissante du flûtiste anglais Nicholson qui lui donna l'idée de renouveler la facture de la flûte.

Boehm mit alors en œuvre, en 1832,  un système de clés, tel que tous les trous sont ouverts au repos, chaque clé devant être actionnée pour fermer un trou. Les trous furent percés plus grands et  positionnés de manière idéale, résultant en un écartement plus grand à mesure qu'on s'éloigne de l'embouchure. Ceci a permis de gagner en justesse par le positionnement des trous, et en puissance par leur plus grande dimension.

Cette nouvelle flûte est connue sous le nom de flûte conique Boehm 1832.

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Flûte conique système Boehm 1832.

Pour permettre aux neuf doigts disponibles de commander les quatorze trous de tonalité, Boehm conçut un mécanisme complexe mettant en jeu des clés pleines et des clés en anneaux montées sur des tiges et des ressorts.
L'utilisation de touches pleines et de touches en anneau  permet de fermer  deux trous à la fois par un seul doigt.

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Dans l'exemple ci-dessus, jouer G ferme un trou (G), jouer E, F ou F# entraine aussi la fermeture de G. En effet, F et E sont sur le même axe que G, et l'axe de F# comporte un levier venant presser la touche G.

En 1847, Boehm perfectionna son système afin d'obtenir plus de puissance dans les graves, et plus de justesse dans la troisième octave.
Après de nombreux essais, il choisit d'utiliser une forme cylindrique pour le corps. Ceci permit de réaliser des trous plus grands mais, de ce fait plus difficiles à fermer par des doigts fins, de sorte que les anneaux disparurent progressivement au profit de clés pleines avec tampons.
Pour améliorer la justesse sur les 3 octaves, Boehm donna une forme conique parabolique, à la partie interne de  l'embouchure.

Les premières flûtes cylindriques de Boehm étaient en métal. Boehm utilisa d'abord l'argent, puis le bois, enfin le bois associé à une tête métallique. Peu à peu, la flûte de Boehm évinça la flûte baroque et les autres types qui avaient succédé à cette dernière.

Böhm  inventera également en 1855 la flûte alto ou flûte en sol, plus grave d'une quarte (le do grave écrit correspond au sol grave de la flûte).

 

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Eléments entrant dans la composition d'une flûte traversière
(Musée des instruments à vent de La Couture-Boussay)

 

 


Extraits du répertoire



JS Bach : Badinerie de la suite BWV 1067


J. Haydn : Trio pour flute, violoncelle et piano
Hob.XV:15 (allegro)


W.A. Mozart : Concerto No.1 K.313
par James Galway


G. Fauré : Fantaisie pour flute et piano op.79
par Claudio Barile, flûte et Viviana Lazzarín, piano


C. Debussy : Syrinx
par Emmanuel Pahud


J. Ibert : Concerto pour flute
par Marcel Moyse, flûte


A. Jolivet : concerto pour flute (1er mvt)
par Marco Salvio, flûte
et l'Orchestre H.E.M. Genève


H. Dutilleux : sonatine pour flute et piano
par Alexandra Grot (flûte)

 


La flûte traversière, comment ça marche ? par France Musique

 

Le piccolo, comment ça marche ? par France Musique

 

 

Pour en savoir plus : oldflutes.com



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