Les instruments de musique de la renaissance
Sommaire de ce chapitre
Introduction
Au 15e siècle, les instruments ont un rôle très effacé, la musique étant alors
essentiellement orientée vers la polyphonie vocale. Seuls l’orgue et les
premiers instruments à clavier ont connu, en Allemagne, une évolution
significative.
On reconnaît sur ces tableaux de Hans Memling (1435-1494) les instruments en usage au 15e
siècle :
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De gauche à droite :
Un psaltérion
Une trompette marine
Un luth
Une sacqueboute
Une bombarde
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Une trompette
Une sacqueboute
Un orgue portatif
Une harpe
Une vièle
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Au 16e siècle les instruments à clavier se
développent, tels l’épinette et le clavicorde aboutissant à la naissance du
clavecin.
Pendant tout le 16e siècle, les instruments
prédominants sont le luth, l’orgue et le clavecin, mais les instruments à cordes frottées évoluent également, de
rebec en viole et de viole en violon qui sera très utilisé dans l’époque
baroque suivante.
L’utilisation plus importante des instruments permet à la
musique d’évoluer dans des domaines que la voix humaine lui interdisait
jusqu’alors : virtuosité, étendue des ressources sonores
Instruments à vents
Les flûtes : Flûte à bec, flûte traversière
Flûte à bec
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Ce tableau représente 3 jeunes femmes interprétant, au
luth et à la flûte traversière, une chanson de Claude de Sermisy.
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Les instruments à embouchure
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Les
principaux sont : Le cornet, le serpent, la sacqueboute, la trompette, le
cor
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La sacqueboute est l’ancêtre du trombone à coulisse
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Le serpent
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Les instruments à anche
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Les
principaux sont : La bombarde, la douçaine, les cromornes, les hautbois
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La bombarde
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Un cromorne
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Le hautbois ancien
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La douçaine, qui tient son nom de la douceur de sa sonorité, est l’ancêtre du
basson.
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Instruments
à cordes
On distingue dans les instruments à cordes :
- Les instruments à cordes pincées : Le luth, la guitare, la vihuela da mano, le cistre, la harpe
- Les instruments à cordes frottées : les violes de
gambe, la vièle à arc, la vièle à roue, les violons. Violons et violes
prennent de l’importance et se perfectionnent surtout dans la 2e
moitié du 16e siècle. Des luthiers italiens se spécialisent dans
le violon tel Amati de Crémone, maître de Stradivarius.
Le luth
Sainte Cécile (patronne des musiciens) jouant du luth (« Sainte Cécile et un ange » de Saraceni – 1610)
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Cet instrument, d’origine égyptienne, a été introduit en
Europe par les arabes via l’Espagne.
C’était l’instrument idéal pour accompagner les voix.
D’abord joué avec un plectre, il fut
ensuite joué avec les doigts et gagna ainsi en nuance et en expressivité.
D’abord composé de 4 cordes, il évolue au 15e siècle vers 5 cordes puis 6. Ces cordes
ont ensuite été doublées par un 2e rang appelé les chœurs, qui
vibre par sympathie. (C’est à dire que c’est la vibration des premières
cordes qui fait vibrer les 2es. )
Le luth était très en vogue à la cour de François 1er. Le luth sera joué encore au début de la période baroque mais
sera de plus en plus remplacé par des instruments à clavier, tels que le
clavecin.
Les violes de gambe
La viole de gambe s’appelle ainsi car elle est jouée
tenue entre les jambes (sauf la contrebasse de viole jouée debout).
Elle diffère de la famille des violons par le nombre de
cordes (6 au lieu de 4) et la présence de frettes, qui divisent la touche
comme sur le luth ou la guitare.
Grande basse de viole de Maggini (1581, 1632),
célèbre luthier italien de l’école de Brescia
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Ici les frettes sont faites de cordes entourant le
manche. Sur d’autres instruments elles peuvent être faites de petites tiges
en bois, en ivoire ou en métal, fixes ou mobiles, permettant au musicien
d’ajuster son instrument.
La famille des violes de gambe couvre une large étendue
de sons, des plus graves aux plus aigus :
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La plus grave est la contrebasse
de viole (ré, sol, do, mi, la, ré) dont l’ambitus est proche de
notre contrebasse actuelle.
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Vient ensuite la grande
basse de viole (sol, do, fa, la, ré sol)
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puis la basse de
viole (ré, sol, do, mi,
la, ré) proche du violoncelle
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la viole de gambe ténor (sol, do,
fa, la, ré sol),
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La viole de gambe
alto, peu utilisée
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Et enfin le dessus
de viole (ré, sol, do, mi, la, ré), proche de l’alto.
Un pardessus de viole,
plus aigu, proche du violon,
apparaîtra plus tard au 18e
siècle. Les violes seront très utilisées pendant toute l’époque baroque qui
suit la renaissance.
Autres instruments à cordes
Cistre de 1574
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Guitare de la renaissance
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Le cistre
(à ne pas confondre avec le sistre égyptien),
a pour ancêtre la cithara. Le manche est plus long et plus étroit que celui
du luth et comporte 15 à 20 frettes métalliques.
Joueuse de vièle à arc
(dessin du 15e siècle)
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Vihuela de mano (détail d’un tableau de Girolamo dei Libri – Italie -1520)
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La vihuela de mano était populaire en
Espagne au 16e siècle, mais a aussi été utilisée en Italie. Elle est considérée comme le plus ancien
précurseur de la guitare classique moderne.
Vièle à roue : L’archet est remplacé par une roue actionnée par une manivelle, qui
frotte les 2 cordes appelées « chanterelles ». La mélodie est jouée
à l’aide d’un clavier, dont les touches appelées « sautereaux »
changent la longueur de vibration des cordes.
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Instruments
à clavier
Les principaux instruments à clavier du 16e
siècle sont : le clavicorde, l’épinette, le virginal, le clavecin et l’orgue.
Le clavicorde
Clavicorde de 1553
Le clavicorde produit un son assez ténu,
qui en fait essentiellement un instrument d’étude
Son principe est le suivant :
Chaque corde peut être divisée 2, 3 ou 4
fois, pour produire différentes
notes. La corde est frappée par dessous par une lamelle de métal appelée tangente, qui en même temps, divise la corde en deux
parties dont l’une, qui ne doit pas vibrer, est étouffée par une bande de
feutre.
Il existe aussi des clavicordes dit
« non liés » qui ont autant de cordes que de notes.
L’épinette, le virginal, le clavecin
Double virginal de 1581
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L’épinette, ancêtre du
clavecin, évolue en Angleterre sous le nom de virginal, qui inspire de
nombreux compositeurs anglais (les « virginalistes »).
Dame au clavecin - 1585
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Ces trois instruments
fonctionnent selon le même principe :
Ce sont des instruments à
cordes pincées, c’est à dire que chaque corde est attaquée par un sautereau actionné par la touche
correspondante. Le sautereau est constitué d’une petite tige de bois mobile
qui supporte un bec de plume qui va griffer la corde.
Le clavecin apparu au 16e
siècle va évoluer et va être très utilisé pendant 3 siècles.
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Principe de fonctionnement du clavecin
Schéma d’un sautereau
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Lorsque la touche est au repos (1) l’étouffoir repose
sur la corde, l’empêchant de vibrer. Lorsqu’on enfonce la touche, le
sautereau s’élève contre la corde (2) puis la relâche, la faisant vibrer (3).
Lorsqu’on relâche la touche, la languette bascule permettant au plectre de
redescendre sous la corde (4). En fin
de course, l’étouffoir viendra arrêter la vibration de la corde (1).
Evolution de l’orgue
Après l’orgue portatif et l’orgue positif, apparaît le
grand orgue, d’abord utilisé en accompagnement, puis en instrument soliste.
Orgue portatif (ou régale)
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Orgue positif (1432)
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Grand orgue de l’église de la Sainte Trinité de Smecno (1587)
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Le principe du grand orgue est le même que celui de ses
prédécesseurs (cf. l’hydraule) : Une soufflerie
actionnée manuellement alimente un sommier qui distribue l’air à des tuyaux
sélectionnés par un clavier.
L’évolution de l’orgue à la renaissance concerne
essentiellement la complexité croissante des jeux et l’utilisation de registres
commandant ces différents jeux.
Les tuyaux
On distingue 2 types de tuyaux :
- Les tuyaux à bouche fonctionnant comme une flûte,
composés d’un corps et d’un pied, séparés par le biseau
qui s’avance jusqu’à une fente appelée lumière.
- Les tuyaux à anche, tels que trompettes, hautbois,
cromorne … possédant une languette de métal sur laquelle vient glisser une
petite tige appelée rasette qui permet le réglage du tuyau.
C’est la longueur du tuyau qui détermine la hauteur du
son. Cette longueur est exprimée en pieds ( abréviation : ’ ) et peut varier de 1/32 ’ soit environ
1 cm pour l’extrême aigu, à 32 ’ soit
environ 10 m pour l’extrême grave.
On appelle taille du tuyau le rapport entre sa
longueur et son diamètre. Elle détermine le timbre de la note. Plus la
taille est grosse, plus le son sera rond et flûté, plus elle est étroite et
plus le son sera proche du violon.
On appelle bourdon (ou flûte bouchée) un
tuyau bouché : celui-ci émet un son correspondant à un tuyau ouvert 2 fois
plus long, donc 2 fois plus grave. Par exemple un bourdon de 4’ sonne comme un
tuyau ouvert de 8’.
Les jeux
On appelle jeu, une famille de tuyaux de même
timbre. Le 16e siècle a vu se développer de nombreux jeux aux
timbres très variés.
Un jeu est déterminé par son nom, qui est souvent celui
d’un instrument de musique dont il imite le timbre, et par la longueur de son
tuyau le plus grave. Par exemple, Trompette 8’, flûte 16’, régale 4’ (du nom de
l’orgue régale, qui est un petit orgue portatif).
On distingue :
- Les jeux principaux (tuyaux à bouche de taill moyenne et étroite)
- Les flûtes et bourdons (tuyaux à bouche de taille large) aux sonorités pleines
- Les jeux d’anches (tuyaux à anche) aux sonorités éclatantes
On appelle plein-jeu, une combinaison des jeux
principaux. C’est ce qui donne le son le plus riche et le plus caractéristique
de l’orgue.
On appelle grand-jeu une combinaison de jeux
d’anches (par exemple bombarde 16’ + trompette 8’ + clairon 4’)
Distribution des jeux – registres
Des registres, commandés par l’organiste à l’aide de
tirettes, permettent d’associer un jeu ou une combinaison de jeux, à chaque
clavier de l’orgue.
Percussions
Les principaux instruments à percussion de la
renaissance sont les tambours et tambourins, les triangles, les cloches.
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