Image Caption 18
La notation musicale


La Grèce antique

La plus ancienne notation musicale connue date de la Grèce du 3e siècle av. J.-C. Elle consiste à indiquer les notes par des lettres placées au-dessus des mots du chant, comme on peut le voir sur l'exemple ci-contre.

Pour plus d'informations sur la notation grecque, voir l'excellent article de Claire Tuan sur son site :
Les pierres qui parlent.

Au moyen-âge

Pendant de nombreux siècles, la musique chrétienne s’est transmise uniquement par tradition orale. Puis les neumes apparurent vers le 7e ou le 9e siècle : ce sont des signes tels que accents, points, traits, placés au-dessus ou à côté des paroles, qui donnent des indications sur l’accentuation et le sens de la mélodie. 


Au 12e siècle, on assiste à une déformation de l’écriture : la notation carrée remplace progressivement les neumes.

.

Au 9e ou au 10e siècle, un moine copiste imagina d’utiliser une ligne de référence représentant un son fixe, le fa, servant de référence aux autres notes, réparties dans l’espace, au-dessus et au dessous de cette ligne : C’est ainsi que naquit le principe de la portée.

Puis on donna la couleur rouge à cette ligne de fa, et on y ajouta une seconde ligne, de couleur jaune, pour l’ut (do).

On ajouta ensuite une troisième ligne , puis une quatrième ligne, au 14e siècle (peut-être dès le 11e siècle en Italie).

C’est seulement au 16e siècle (mais peut-être dès le 13e siècle en Espagne) que l’on voit apparaître notre portée définitive de 5 lignes avec la barre de mesure.

 

Désignation des notes

Vers 1030, le moine Guido d’Arezzo invente la solmisation, système de notation musicale – doublé d’une méthode pédagogique – dans lequel les notes sont chantées sur des syllabes.

Alors que jusque là on utilisait les premières lettres de l’alphabet pour désigner les notes,  on lui attribue le procédé mnémotechnique par lequel on les nomme, maintenant dans les pays latins, à partir des syllabes initiales d’un hymne à Saint Jean-Baptiste :

UT queant laxis
REsonare fibris
MIra gestorum
FAmuli tuorum
SOLve polluti
LAbii reatum
Sancte Ioannes.

L’UT est devenu plus tard DO.

 

La notation anglo-saxonne

Les pays anglo-saxons ont conservé la notation des notes de la gamme par des lettres. Cette notation a pour origine celle pratiquée en Grèce au siècle de Pythagore (6e siècle avant JC), où l’on utilisait les 15 premières lettres de l’alphabet pour désigner les notes sur 2 octaves. Cette méthode a été reprise au 9e siècle de notre ère, en n’utilisant alors que les 7 premières lettres de l’alphabet, de A à G.
La correspondance, de nos jours, s’établit comme suit :


Dans les pays de langue allemande, le si est désigné par la lettre H, B désignant le si bémol. Le mot bémol vient d’ailleurs de l’allemand « B moll » qui signifie B « mou ».

 

L'Ars Antiqua et la notation rythmique

Le développement de la musique polyphonique nécessite de définir précisément la durée des notes et va amener la notation mesurée. Ceci était en effet indispensable pour chanter simultanément des parties différentes.

C’est Pérotin qui introduisit la notation de la durée proportionnelle des notes (notation mesurée). Ce travail fut poursuivi par ses élèves qui divisèrent l’unité de mesure (maxime) en longa, brevis et semi-brevis.

1 maxime = 3 longues

1 longue  = 3 brèves

1 brève   = 3 semi-brèves

Ce nouveau système de notation permet de préciser les rythmes. On définit alors un système de 6 modes rythmiques, tous établis sur une base ternaire,  selon la division des valeurs de notes alors en usage :

Le rythme binaire n’apparaitra que plus tard, avec l’ Ars Nova


L'Ars Nova

Au 14e siècle, la notation mesurée, élaborée par Pérotin au siècle précédent, évolue avec le rythme binaire qui apparaît dans le traité « Ars Nova » de Philippe de Vitry vers 1320.

La famille des notes s’enrichit de deux nouvelles valeurs, la minime et la semi-minime qui divisent la durée de la semi-brève, respectivement par 2 et par 4.

1 1 semi-brève= 2 minimes

1 minime   = 2 semi-minimes

Avec l’introduction de la division binaire par Philippe de Vitry, on voit alors cohabiter  deux types de division, la division ternaire appelée rapport parfait (héritage de Pythagore, repris par l’église avec la Sainte Trinité )  et la division binaire appelée rapport imparfait.

Philippe de Vitry a essayé de trouver une codification pour distinguer les différentes combinaisons utilisées et a défini un système de quatre divisions de valeurs appelées « prolations ». La division ternaire ou binaire d’une note pouvait être indiquée par sa couleur (noire pour ternaire, rouge pour binaire). Chaque prolation est associée à un symbole dont le dernier (C) est encore utilisé pour désigner la mesure à 4 temps.

 

La notation blanche

Pour des raisons de commodités, on commença à remplacer, vers la fin du 14e siècle, les carrés rouges par des carrés creux, ce que l’on nomma la notation blanche. Au 15e siècle, avec l’invention de l’imprimerie, la forme des notes évolue pour devenir la notation ovale que nous connaissons aujourd’hui. Parallèlement, les valeurs les plus longues (maxime, longue et brève) disparaissent, et des valeurs plus courtes (fusa et semi-fusa) apparaissent.

A la Renaissance

La tablature

Avec le développement de la musique instrumentale est apparue, à la fin du 15e siècle, la nécessité d’une nouvelle forme de notation adaptée à certains instruments : il s’agit de la tablature créée principalement pour le luth, bien que l’orgue et la viole furent aussi, à l’origine, notés en tablature. Ce type de notation ne désigne pas la note mais le moyen technique de l’obtenir en indiquant la position des doigts sur l’instrument.

Trois systèmes de tablatures existent alors :

-       Le système allemand dans lequel chaque lettre ou chiffre indique une position corde-case différente, le rythme étant indiqué au-dessus par des hampes de note. Cette notation, trop compliquée, n’a pas été utilisée très longtemps.

Exemple de tablature de luth allemande :

-       Les systèmes français et italien, plus simples, dans lesquels les six lignes de la tablature figurent les cordes, les lettres ou les chiffres désignent les cases, le rythme étant indiqué au-dessus de l’ensemble par des hampes de note. Seules différences entre les systèmes français et italien : l’emploi de lettres pour les Français qui placent la corde aiguë en haut, tandis que les Italiens placent la corde aiguë en bas et notent en chiffres.

Dans le système italien, par exemple, le chiffre 0 désigne la corde à vide, le chiffre 2 indique qu’il faut poser le doigt sur la deuxième case de la corde correspondante. Le signe de durée situé au-dessus (noire, croche …)  reste valable jusqu’à ce qu’un autre signe vienne l’annuler.


Exemple de tablature de luth italienne

La notation en tablature est toujours très utilisée de nos jours pour les instruments à cordes à barrettes ou frettes tels que la guitare.

A la période baroque

Le chiffrage et la basse continue

La basse continue est une invention caractéristique de la période baroque.

Nous avons vu qu’à la fin de la renaissance, la polyphonie cède la place à la monodie accompagnée. La mélodie devient alors essentielle et l’accompagnement est laissé au libre arbitre de l’interprète qui doit concevoir lui-même les accords à partir d’une simple basse écrite.
C’est cet accompagnement instrumental que l’on appelle la basse continue , car elle est présente en continu tout au long du morceau. Le plus souvent, la partie de basse est jouée par une viole de gambe ou un violoncelle, et l’accompagnement (accords et ornementations) est  joué par un clavecin. En musique religieuse, le clavecin peut être remplacé par l’orgue.

Afin de limiter les variantes harmoniques, les premiers compositeurs baroques utilisent une nouvelle notation, la basse chiffrée ,  permettant de fixer les accords en ne laissant à l’accompagnateur que la liberté des ornementations.

La basse continue est indiquée B.C. dans une partition.

Le principe du chiffrage consiste en 1 ou plusieurs chiffres notés au-dessus de la basse, et indiquant les intervalles des notes de l’accord à réaliser. (C’est pourquoi l’on parle de « réalisation » d’une basse).
Par exemple, le chiffre 5 indique la quinte : si la basse est un Do, il indiquera l’accord Do-Mi-Sol, la tierce (Mi) étant sous-entendue.
Si celle-ci doit être altérée, le signe # ou b est alors indiqué, seul. Le chiffre 6 seul indiquera l’accord Do-Mi-La. Les chiffres 4 et 6 superposés indiqueront l’accord Do-Fa-La (la quarte remplaçant alors la tierce).


Extrait de La Sonnerie de Sainte-Geneviève-du-Mont de Marin Marais, où l’on distingue la mélodie au violon (1ère portée), la basse à la viole de gambe (2e portée) et la basse chiffrée pour le clavecin (3e portée).

Pour  plus de détails : Chiffrage des accords



© 2006-2014 JP Chorier : Introduction à la musique classique