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I   Le post-romantisme en France

II  Le post-romantisme en Allemagne

III  Le post-romantisme en Russie

IV Autres écoles nationales


Le post-romantisme en Russie

 

 

Sommaire de ce chapitre

 

Introduction

Glinka

Le groupe des cinq

Borodine

Moussorgski

Rimsky-Korsakov

Tchaïkovski

Scriabine

Deux compositeurs romantiques tardifs

Glazounov

Rachmaninov

 Autres compositeurs russes post-romantiques

 

 

 

 

Introduction

 

La fin du 19e siècle est marquée par des mouvements nationalistes qui s’étendent en Europe. Les compositeurs, même s’ils ne sont pas des nationalistes actifs, expriment par leur musique les aspirations et la spécificité des peuples. C’est particulièrement le cas pour les peuples d’Europe centrale tels que les tchèques et les hongrois qui revendiquent leur autonomie ou leur indépendance, et pour la Russie alors très influencée par la musique occidentale.

 

L’orientation nationale de la musique russe apparait  avec Glinka suivi par le groupe des cinq composé de Balakirev, Cui, Moussorgski, Rimski-Korsakov et Borodine.

Tchaïkovski,  puis  Glazounov et Rachmaninov, s’inspirent de l’identité nationale tout en continuant la tradition romantique.

Scriabine, étranger aux instances de la musique nationale russe, poursuit l’œuvre de Chopin et de Liszt en y ajoutant une dimension philosophique et mystique.

 

 

 

Glinka (1804-1857)

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Glinka est considéré comme le fondateur de l’école russe. Comme nous l’avons vu dans le chapitre qui lui est consacré dans le cadre de l’opéra romantique, ses  opéras eurent une forte influence sur l’opéra russe ultérieur.

Ami des poètes Pouchkine et Gogol, ceux-ci l’incitèrent à mettre son art au service d’un style national, mettant en avant  la musique populaire de son pays.

Outre ses opéras, Glinka a écrit de la musique de chambre  et de la musique symphonique, influencées par ses nombreux voyages en Europe et tout particulièrement en Espagne. Plusieurs de ses œuvres symphoniques sont en effet basées sur le folklore espagnol, telles que "La jota aragonaise" ou  "Une nuit d'été à Madrid".

Glinka encouragea la vocation musicale de Balakirev qui créera plus tard le Groupe des Cinq.

Retrouvez Glinka dans le chapitre consacré à l’opéra russe et une biographie et le catalogue de ses œuvres sur musicologie.

 

Les principales œuvres de Glinka :

 

Opéras :

Une vie pour le tsar (1836)

Rouslan et Ludmila (1842)

 


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Musique symphonique :

  Jota aragonaise

        (ou ouverture espagnole n°1, 1845)

Souvenir d’une nuit d'été à Madrid

        (ou ouverture espagnole n°2, 1848)

Kamarinskaïa (1848)

Valse-fantaisie (1856)

 

Musique de chambre :

 Trio Pathétique en ré mineur (pour violon, violoncelle et piano, et pour clarinette, basson et piano)

Romance pour Violon, violoncelle et Harpe

Grand sextuor en mi bémol majeur pour piano et quintette à cordes.

 

 

 

 


Le groupe des 5

 

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Le groupe des 5 autour du critique d’art, Vladimir Stasov, assis au centre, de profil. . De gauche à droite : Moussorgski,  Rimsky-Korsakov, Balakirev, Cui et Borodine.

Le groupe des cinq a été fondé par Mili Balakirev qui a réuni autour de lui Nikolaï Rimski-Korsakov,  Alexandre Borodine, Modeste Moussorgski et César Cui.

Ils voulaient créer une musique nationale russe en optant pour les genres les plus expressifs : l'opéra, le ballet, et la musique symphonique.

 

Mili Balakirev (1837-1910) n’est pas le compositeur du groupe le plus productif. Il est surtout connu pour sa pièce très virtuose pour piano « Islamey » et son poème symphonique « Tamara ».

 

César Cui (1835-1918) a composé une dizaine d’opéras et est surtout connu pour ses nombreuses critiques musicales. C’est lui qui rédigea le manifeste du groupe des cinq.

 

Le manifeste rédigé par César Cui :

1. La nouvelle école veut que la musique dramatique ait une valeur propre de musique absolue, indépendamment du texte qu'elle accompagne. Un des traits caractéristiques de cette école est de s'insurger contre la vulgarité et la banalité.

2. La musique vocale, au théâtre, doit se trouver en parfait accord avec la signification du texte chanté.

3. Les formes de la musique lyrique ne sont nullement déterminées par les moules traditionnels de la routine : elles doivent naître librement, spontanément, de la situation dramatique et des exigences particulières du texte.

4. Il est essentiel, fondamental, de traduire musicalement et avec un maximum de relief le caractère et le type des divers personnages. Ne jamais commettre d'anachronisme dans les œuvres de caractère historique. Restituer fidèlement la couleur locale.

 

 

Mais le groupe des cinq est surtout connu pour ses 3 grands compositeurs que sont Borodine, Moussorgski et Rimski-Korsakov

Œuvres pour piano du groupe des cinq : 


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Borodine (1833-1887)
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Fils naturel du prince géorgien Louka Guédianov, Alexandre Borodine apprend en autodidacte la flûte, le piano et le violoncelle, mais suit également des études de médecine et de chimie. Il  perfectionne ses connaissances en chimie auprès de Mendeleïev,  puis est engagé à l’hôpital de l’armée territoriale. C’est là qu’il fait la connaissance de Moussorgski alors en soin à l’hôpital.

En 1858, il obtient son doctorat de médecine.  Se consacrant à  la médecine et à la chimie, il réserve son temps libre à la composition.

Il rencontre à nouveau Moussorgski en 1859, qui le fait rencontrer Balakirev.

En 1861, il rencontre sa femme, Ekaterina Protopopov, pianiste talentueuse qui lui fera découvrir Schumann, Chopin, Liszt et Wagner.

Sans interrompre sa carrière scientifique, il  participe à la fondation du  groupe des cinq en 1862.

L’excès de travail dû à ses multiples activités vint à bout de sa santé fragile et il mourut subitement lors d’un bal costumé en 1887.

L'essentiel

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Borodine est surtout connu pour son opéra inachevé « Le prince Igor », commencé en 1869 et terminé après sa mort en 1890 par Glazounov et Rimski-Korsakov. Les « Danses polovtsiennes » qui en font partie est l’une de ses œuvres les plus jouées, ainsi que son poème symphonique « Dans les steppes de l’Asie centrale », composé pour célébrer les 25 ans de règne d’Alexandre III, et dédié à Liszt.

Ses autres principales œuvres sont ses symphonies n°1 et n°2 « épique » et  le quatuor no 2 en ré majeur.

 

Voir aussi une biographie sur la Musicologie.org.

 

 

Moussorgski (1839-1881)
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Modeste Moussorgski est né le 21 mars 1839 à Karevo.

En 1852, il entre à l'École militaire, dont il sort lieutenant en 1856.

En 1857, il subit une première crise d'épilepsie due à son alcoolisme.

Cette année là, il fait la connaissance de César Cui et de Balakirev dont il devient l’élève. Sous l’influence de ce dernier, il quitte l'armée en 1859 pour se consacrer entièrement à la musique.

En 1861, il participe à la création du groupe des 5.

Cette même année, l'abolition du servage par Alexandre II provoque la ruine de sa famille, petits propriétaires terriens,  et le prive de ressources financières. Dès 1863, il doit travailler en tant qu’employé administratif pour gagner sa vie.

Il se partage désormais entre des tâches administratives le jour, et la composition la nuit.

Confronté à l'insuccès que connaissent ses œuvres et à une situation matérielle difficile, il se réfugie dans l'alcoolisme, qu'il avait déjà connu pendant ses trois ans d'armée.

En 1866, à la recherche d’un langage nouveau, Moussorgski se détourne de Balakirev et se rapproche de Rimski-Korsakov. Sous l’influence de celui-ci, il compose en 1867 que l’on trouve dans 2 versions : La version originale, plus slave et plus authentique et une version révisée  par Rimski-Korsakov.

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Boris Godounov
L’argument en cliquant ici

En 1869, son chef-d’œuvre, l’opéra « Boris Godounov », voit le jour mais déplait à la critique qui lui reproche son sujet sulfureux ainsi que l’absence de ballet et de personnage féminin. Une  nouvelle version est écrite en 1872 et créée avec succès en 1874. L’orchestration en sera reprise par Rimski-Korsakov après la mort de Moussorgski. Les versions des deux compositeurs coexistent de nos jours.
Après la mort de son ami peintre Viktor Hartmann en 1873, et une exposition qui lui est consacrée l’année suivante, Moussorgski compose les , suite pour piano illustrant 10 tableaux du peintre. Cette œuvre, d’abord arrangée par Rimski-Korsakov, sera orchestrée par Ravel en 1922.

Moussorgski  laisse plusieurs opéras inachevés dont « Salammbô » et deux autres opéras qui seront achevés par d’autres : « La Khovanchtchina », terminé par Rimski-Korsakov, puis dans une autre version  par Chostakovitch en 1960, et « La Foire de Sorotchinsky », terminé par Tcherepnine.

Moussorgski a inspiré de nombreux compositeurs du 20e siècle, et en particulier Debussy

Moussorgski meurt à 42 ans le 28 mars 1881 à Saint-Pétersbourg.

 

On trouvera une biographie plus complète sur Encyclopédie Larousse.

 

Les plus belles œuvres de Moussorgski :

 

Opéras :

Boris Godounov (1872, réorchestré deux fois par Rimski-Korsakov en 1896 et 1906).

La Khovanchtchina (1872-1880, orchestré par  Rimski-Korsakov et créé en 1886).

 


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Musique symphonique :

Une nuit sur le mont Chauve, poème symphonique :

        version originale (1867)

        version Rimski-Korsakov (1886)

 

Musique pour piano :

Tableaux d’une exposition

        pour piano (1874)

        orchestré par Ravel (1922).

 

Musique pour voix et piano :

Les Enfantines (1868-1872), cycle de 7 mélodies pour une voix et un piano.

Chants et danses de la mort (1875-1877), cycle de 4 chants pour ténor ou baryton,

        Orchestration  par Chostakovitch (1962).

 

 

 

 

Rimski-Korsakov (1844-1908)
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Nikolaï Rimski-Korsakov est né le 18 mars 1844 à Tikhvine (empire russe). Issu d’une famille aristocratique, il entreprend  une carrière dans la Marine, mais étudie à l’insu de sa famille le piano et la composition.

Alors qu’il est encore officier dans la marine, il rencontre en 1861 le pianiste Mili Balakirev, fondateur du groupe des cinq, qui l'encourage à composer. Il commence en 1862 l’écriture de sa première symphonie qui sera jouée en public pour la première fois en 1865.

En 1868, il rencontre une première fois Tchaïkovski.  Professeur au Conservatoire de Saint-Pétersbourg à partir de 1871, il a pour élèves Glazounov, Prokofiev et Stravinski.

En 1872 il épouse Nadejda Purgold, femme musicienne qui sera pour lui une alliée et une conseillère comme le fut Clara Wieck pour Robert Schumann.

En 1873, toujours officier de marine, il est nommé Inspecteur des orchestres de la marine impériale, et devient ainsi un musicien à part entière.

En 1884, son poste d’inspecteur étant supprimé, il quitte la marine et devient  adjoint de Balakirev, alors directeur de la Chapelle du Palais impérial.

De 1883 à 1886, il orchestre les œuvres de Moussorgski et termine « Le Prince Igor » de Borodine.

C’est après 1886 qu’il compose ses plus belles œuvres, telles que , et  « la Grande Pâque russe ».

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Stravinski et Rimski-Korsakov

La  mort de Tchaïkovski en 1893, lui donne la possibilité de composer pour le Théâtre impérial. Il écrira  onze opéras de 1893 à 1908.

En 1907, il dirige à Paris 5 concerts historiques russes organisés par Sergueï Diaghilev.

 

Il  décède  le 21 juin 1908 d’un infarctus à l’âge de 64 ans.

 

Nikolaï Rimski-Korsakov, très inspiré par Berlioz, fut un grand orchestrateur. Il est l’auteur de deux traités d’orchestration dont le second fut achevé après sa mort par son beau-fils en 1912.

Il reste le membre le plus influent et le plus connu du groupe des cinq dont il orchestra  plusieurs œuvres d'autres membres après leur mort.

Il influença également la musique orchestrale de Ravel, Debussy, Dukas, et Respighi, ainsi que les premiers ballets de Stravinski. Ce dernier écrira un Chant funèbre à la mort de son maître.

 

Les plus belles œuvres de Rimski-Korsakov :

 

Poèmes symphoniques :

 

Capriccio  espagnol (1887)

 Shéhérazade (1888)

La Grande Pâque russe (1888)

 

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Shéhérazade : L’argument en cliquant ici


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Opéras :

 Snegourochka (ou « La demoiselle des neiges ») (1898)  dans lequel on peut entendre la « danse des bouffons ».

Sadko (1898) dans lequel on peut entendre la « chanson indienne ».

La Légende du tsar Saltan» (1900), dans lequel on peut entendre le célèbre « Vol du bourdon ».

 Le Coq d’or (1909), son dernier opéra,  dans lequel on peut entendre  « l’hymne au soleil ».

 

 

Rimski-Korsakov a également écrit 3 symphonies et un concerto pour piano.

 

 

 


Tchaïkovski (1840 -1893)

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Piotr Ilitch Tchaïkovski est né le 7 mai 1840 à Votkinsk en Russie dans une famille ne faisant pas de musique.

Il commence le piano dès l’âge de 5 ans. Il est soutenu par sa mère  dans sa passion pour la musique mais doit s’affronter à son père qui le destine à l’étude du droit.

En 1852, il entre à l'école de droit à Saint-Pétersbourg. A la fin de ses études, en 1859, il obtient un poste de secrétaire au ministère de la justice.

Il démissionne du ministère en 1863, et s'inscrit au Conservatoire de Saint-Pétersbourg  qui a ouvert depuis un an sous la direction d'Anton Rubinstein. Il connait alors une situation matérielle difficile et commence à gagner sa vie en donnant des leçons.

Il sort du conservatoire en décembre 1865, avec une médaille d’argent pour sa cantate sur l’Hymne à la joie de Schiller.

En 1866, il est nommé professeur d’harmonie au conservatoire de Moscou que Nikolaï Rubinstein, le frère d'Anton, vient de fonder, et où il aura l'honneur en 1867, d'accueillir Berlioz, auquel il voue une immense admiration. Il  y restera jusqu’en 1876.

C’est là qu’il compose ses 3 premières symphonies (1866, 1872, 1875)  qui le rendent célèbre.

En 1868, Tchaïkovski rencontre à Saint-Pétersbourg les musiciens du «Groupe des cinq»  qui l’accueillent  favorablement  en tant que compositeur de musique  russe, mais lui reprochent ses influences occidentales.

En 1874, il compose son , qu’il dédicace à Nikolaï Rubinstein,  qui déclarera  cette pièce "si mauvaise qu’elle lui donne la nausée!".  Tchaïkovski supprima alors la dédicace et l’envoya à Hans von Bülow qui en fit  un triomphe. Nikolaï Rubinstein présenta plus tard ses excuses et mit le concerto à son répertoire.

En 1875,  à Paris, Tchaïkovski rencontre Liszt, Bizet, Saint-Saëns et Massenet.

En 1876, il a une  relation épistolaire avec une riche admiratrice,  Nadejda von Meck, qui lui verse, jusqu’en 1890,  une rente qu’il consacre entièrement à son art, et à qui il dédie sa 4e symphonie.

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Le Lac des Cygnes »  par le Bolchoï de Minsk.

En 1877, pour faire taire les ragots concernant son homosexualité, il épouse une de ses anciennes élèves, mais ce mariage est un échec : En pleine dépression, il tente de se suicider en plongeant dans la Moskova. Il se sépare de sa femme  peu après.

Cette même année, la création du est un échec. Il faudra attendre la reprise de la chorégraphie par Marius Petipa 18 ans plus tard  pour que ce ballet trouve le succès qu’il mérite. Le Lac des Cygnes  est aujourd’hui le ballet le plus joué au monde, même plus d’un siècle après sa création !

C’est après avoir entendu la Symphonie espagnole d’Édouard Lalo en mars 1878, qu’il décide de composer l’une de ses œuvres les plus célèbres,  son .

En 1885, Il est élu au poste de directeur de la Société musicale russe.

 

La  Société Musicale Russe

La Société Musicale Russe a été fondée le 1er mai 1859 à Saint-Pétersbourg par Anton Rubinstein sous le patronage de la grande-duchesse Elena Pavlovna. Elle avait pour but de favoriser l’extension de l’enseignement musical et d’encourager les activités des musiciens russes.

A Saint-Pétersbourg la Société organise des concerts symphoniques et crée une école qui deviendra le conservatoire, inauguré officiellement le 8 septembre 1862 et dirigé par Anton Rubinstein.

La filiale de Moscou est créée quant à elle en 1860, sous la direction de Nikolaï Rubinstein, le frère d’Anton, qui inaugure le conservatoire de Moscou en 1866.

En 1868, la duchesse Hélène et les autres mécènes ne suffisant plus à soutenir financièrement la société, celle-ci est prise en charge par la famille impériale et devient alors la « Société Impériale Russe de Musique».

Au cours des années suivantes, la Société s’installe dans de nombreuses autres villes de Russie. Au début du XXe siècle, elle comprenait une cinquantaine de filiales organisant des concerts et disposant d’un conservatoire.

La Société Musicale Russe cessa d’exister après la révolution de 1917. En 1923, des musiciens russes émigrés fondèrent le « Conservatoire Russe de Paris » afin de maintenir les traditions de la culture musicale russe et son enseignement.

 

 

En 1888, Tchaïkovski entreprend une tournée européenne  en tant que chef d'orchestre et compositeur.

En 1889, le danseur et chorégraphe français,  Marius Petipa, qui dirige les théâtres impériaux à Saint-Pétersbourg,  lui commande un nouveau ballet avec comme argument « La Belle au Bois Dormant » de Charles Perrault.

En 1891, il fait une tournée de concerts triomphale aux États-Unis. Il participe à l'inauguration du Carnegie Hall à New York en y dirigeant ses œuvres. La même année, Marius Petipa lui commande un autre ballet, d'après un conte d'Hoffmann, dans lequel il introduit un célesta, instrument tout récemment inventé (1886). En 1893 il compose sa Sixième Symphonie baptisée par la suite « Symphonie pathétique », à cause de son final « adagio lamentoso » très particulier. Il  estimait qu’il s’agissait de sa meilleure œuvre.

Tchaïkovski meurt peu après, le 6 novembre 1893, à Saint-Pétersbourg. Sa popularité est alors telle que son décès donne lieu à des funérailles nationales dont les frais sont pris en charges par la maison impériale. 

 

Tchaïkovski  est considéré comme le plus grand symphoniste russe de sa génération. Toutes ses œuvres lyriques s'inspirent de l'identité nationale. Il concilie sensibilité russe et écriture romantique occidentale.

 

Les principales œuvres de Tchaïkovski :

 

Opéras :

10 opéras  dont :

                Eugène Onéguine (1877)

                La Dame de pique (1890)

 

Ballets :

        Le lac des cygnes (1876)

        La Belle au bois dormant (1890)

        Casse-noisette (1892)

 


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Musique symphonique :

La Tempête (fantaisie symphonique, 1873)

Marche slave (1876)

Ouverture solennelle 1812 (1880)

Sérénade pour cordes (1880)

Roméo et Juliette (ouverture-fantaisie, 1869)

7 symphonies dont :

                La symphonie n°4

                La symphonie n°5

                La Symphonie n° 6, dite « Pathétique » (1893)

 

Concertos :

        Concerto pour violon (1878)

        3 concertos pour piano dont :

                Concerto pour piano n°1 (1875)

 

Musique de chambre :

         Trio pour piano en la mineur (1881-1882)

        Souvenirs de Florence (sextuor à cordes, 1890)

 

 

On trouvera la liste complète des œuvres de Tchaïkovski sur  musiqueorguequebec.ca

 

 

 

Scriabine  (1872 – 1915)

Scriabine est un compositeur difficile à classer dans cette histoire de la musique.

En effet, compositeur russe, contrairement à ses contemporains, il  refuse  toute référence au folklore national. D’abord dans la lignée de Chopin et de Liszt, on peut l’associer au post-romantisme de la fin du 19e siècle, mais durant les 12 dernières années de sa vie, sa musique évolue vers un tel modernisme qu’on peut le considérer comme  un pionnier de la musique du  20e  siècle.

 

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Alexandre Scriabine nait à Moscou le  6 janvier 1872. Il perd sa mère à l’âge de 1 an et est élevé par une tante et une grand’mère, qui lui font découvrir le piano pour lequel il montre des dons précoces.

A 9 ans, il est présenté à Anton Rubinstein qui lui prédit un grand avenir de pianiste.

En 1883, il entre au corps des Cadets de l’École militaire de Moscou où il prend des cours de piano et peut,  par faveur spéciale, faire plusieurs heures de piano par jour au lieu de faire des exercices militaires.

En 1888 il entre au conservatoire de Moscou où il rencontre Rachmaninov qui sera à la fois un ami et un rival.

En 1892, il obtient le premier prix de piano au conservatoire de Moscou, et publie ses premières œuvres. Il commence alors une carrière de pianiste et voyage dans toute l’Europe. Mais un jour,  alors qu’il interprète un morceau de Liszt, il se blesse à la main droite, ce qui remet en question  sa carrière de virtuose et le décide à  choisir définitivement la voie de la composition. Il retrouvera  plus tard  ses capacités de pianiste mais n’interprètera  alors plus que ses propres compositions.

En 1896 il  fait la connaissance de Michail Morozov et de sa femme Margarita Morozova. Celle-ci le lance dans les salons de Moscou et devient son riche mécène.

En 1897, il  épouse Vera Ivanovna Issakovitch, brillante pianiste du Conservatoire de Moscou, qu’il quittera en 1905, pour Tatiana de Schloezer.

En 1898, il obtient le poste de professeur de piano au Conservatoire de Moscou.

 

Il se passionne pour la philosophie et devient membre de la société de philosophie moscovite, dont Margarita Morozova est une co-fondatrice, et se plonge dans la lecture des philosophes antiques.

En février 1906, il s’installe près de Genève où il rencontre le sculpteur Auguste de Niederhausen, adepte de la théosophie fondée par Helena Petrovna  Blavatski. La théosophie, dont « la doctrine secrète » publiée en 1888 par Helena Blavatski est l’ouvrage fondateur, repose sur un syncrétisme des différentes religions, philosophies et sciences, et plus particulièrement le bouddhisme et l'hindouisme. Le théosophe croit en la réincarnation, et en l’existence  de supérieurs inconnus (maitres de sagesse) veillant sur l’humanité.

Ces idées présideront à la réalisation du « poème de l’extase » pour grand orchestre dont l’écriture s’échelonne de 1904 à 1907, résumant les préoccupations musicales et philosophiques du compositeur.

 

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Sons et couleurs selon Scriabine.

En 1907 il séjourne à Paris où il donne de nombreux concerts organisés par Diaghilev.

De 1908 à 1910, il séjourne à Bruxelles où il fréquente les cercles ésotériques et théosophiques.

C’est de cette période que date « Prométhée ou le poème du feu », œuvre dans laquelle il met en  relations sons et couleurs.

Scriabine  faisait en effet un parallèle entre la musique et les couleurs. Il inventa à cet effet un appareil qui reproduisait les sons sous forme de couleurs. « Prométhée » comportait ainsi une partie pour « clavier à lumières »,  projetant diverses couleurs pendant que l’orchestre jouait.

 

En 1910, Scriabine retourne à Moscou, où il s’installe définitivement. Il travaille alors à une œuvre monumentale pour 2000 musiciens combinant les effets de la musique avec ceux de  la danse, du chant, de la couleur et du parfum, et pour la réalisation de laquelle il avait décidé de faire bâtir un temple en Inde. Scriabine cherche en effet à donner une dimension spirituelle et métaphysique à son œuvre. Pour lui, tout est vibration, et une œuvre d'art doit être la plus totale possible, faisant appel autant à l'ouïe qu'à la vision, au toucher, à l'odorat.

Il meurt le 27 avril 1915 à 43 ans, sans avoir eu le temps d’écrire son « Mystère », dont seuls subsistent le texte poétique et des esquisses musicales de l' « Acte Préalable » qui devait servir de « rituel préparatoire ».

 

Plus tard, Alexande Nemtin (1936 - 1999), adepte de Scriabine, passera vingt-huit ans de sa vie à parachever l' « Acte préalable », publiant la première partie (univers) en 1972, la seconde partie (humanité) en 1980 et terminant la troisième partie (transfiguration) en 1996  sous le titre « Preparation to the Final Mystery ». L’œuvre, d’une durée de près de 3 heures, a été enregistrée par Vladimir Ashkenazy et l’orchestre symphonique de la radio de Berlin.

 

 

Les principales œuvres de Scriabine :

 

Musique symphonique :

3 symphonies dont

la 3e symphonie « poème divin » op.43 (1904)

Poème de l’extase op. 54 pour grand orchestre (1907)

Prométhée  ou le poème du feu op.69 pour grand orchestre avec orgue, chœurs, piano et claviers à lumière (1910).

L’acte préalable, du « Mystère » inachevé (1913)

 

Concertos :

    Concerto pour piano et orchestre  op. 20 (1897)

 

Musique pour piano :

Douze Etudes op.8 (1895)

24 Preludes Op. 11 (1896)

10 sonates dont :

Sonate fantaisie n°2  op. 19 (1897)

Sonate n°4 op.30 (1903)

Sonate n°7 " Messe blanche " op.64 (1912)

Sonate n°9 " Messe noire " op.68 (1913)

Vers la flamme, poème pour piano op.72 (1911)

5 préludes op.74 (1913)

 

Et aussi de nombreux autres  préludes, impromptus, poèmesmazurkas et études.

 

 

On trouvera la liste des œuvres de Scriabine sur Wikipédia, dans laquelle on distinguera une première période correspondant aux opus 1 à 29, très influencée par Chopin et, après 1903 et surtout après 1910, une période résolument plus moderne.

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Deux compositeurs romantiques tardifs

 

Glazounov (1865-1936)
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Alexandre Glazounov est né à Saint-Pétersbourg le 10 août 1865.

Il commence à étudier avec Rimski-Korsakov à l’âge de 15 ans et termine à 16 ans sa 1ère Symphonie qui sera dirigée par Mili Balakirev le 22 août 1882.

Sous l'influence de Rimski-Korsakov, il écrit d'abord des poèmes symphoniques d'inspiration russe, dont son plus célèbre « Stenka Razine » (1885)  qu’il dédie à la mémoire de Borodine.

Pendant les années 1890, Glazounov compose quelques-unes de ses plus belles œuvres dont les 4e, 5e, 6e  symphonies et le ballet « Raymonda » (1897).

En 1899, Glazounov devient professeur de composition et d’orchestration au Conservatoire de Saint-Pétersbourg  puis, en 1905, directeur de ce même conservatoire.

Émigré en 1928, Glazounov s'installe à Paris et effectue des tournées en Europe et aux États-Unis.

Il  meurt à Neuilly-sur-Seine le 21 mars 1936.

 

Les œuvres les plus célèbres de Glazounov  :

 

Stenka Razine , poème symphonique (1885)

 

Raymonda op.57, ballet en trois actes (1898)

Les Saisons op.67, ballet en un acte (1900)

 

Symphonie n°5 op.55 (1895)

 

Concerto pour violon op.82 (1904)

Concerto pour saxophone  op.109 (1934)

 


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On trouvera ici la liste complète  des œuvres de Glazounov : Wikipedia

 

 

Rachmaninov (1873-1943)
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Sergueï Rachmaninov est né le 1er avril 1873 à Semionovo, près de Novgorod.

Il entre à neuf ans au conservatoire de Saint-Pétersbourg puis à douze ans au conservatoire de Moscou où il compte parmi ses professeurs Anton Arenski et Serge Taneïev.

En 1892, il obtient un prix de composition pour son opéra « Aleko » (en 1 acte), créé au théâtre Bolchoï. Il entame alors une carrière de pianiste virtuose qui le fera reconnaître comme l'un des plus grands pianistes de son temps.

La même année, encouragé par Tchaïkovski, il commence sa carrière de compositeur.

En 1897, l’échec de sa première symphonie le plonge dans une dépression qui va durer 3 à 4 ans, jusqu’à ce que, après avoir suivi un traitement de psychothérapie, il compose en 1901 son , qui reste son œuvre la plus populaire.

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C’est de 1901 à 1917 qu’il écrit la plus grande partie de son œuvre.

De 1904 à 1906, il dirige les représentations du théâtre du Bolchoï.

En 1909, il fait une première tournée aux Etats-Unis, où il remporte un grand succès.

De 1911 à 1913, il dirige l’orchestre philharmonique de Moscou.

En 1917, la  Révolution russe décide Rachmaninov à quitter définitivement la Russie.

Il mène alors une carrière de pianiste virtuose, vivant alternativement en Suisse et aux États-Unis. Il continue néanmoins à composer, puisque 1934 verra la création de la et 1936 celle de sa 3e Symphonie.

Pendant la seconde guerre mondiale, il se réfugie en Suisse, puis en Californie où il meurt d’un cancer du poumon le 28 mars 1943.

L’œuvre de Rachmaninov, influencée par Tchaïkovski, reste attachée à la tradition romantique,  faisant de lui le dernier compositeur romantique du 20e siècle.

Elle n’est pas seulement consacrée au piano avec 4 concertos, 2 sonates, des  préludes et autres pièces, mais comprend également 3 symphonies, des poèmes symphoniques, des œuvres religieuses et de la musique de chambre.


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Les plus belles œuvres de Rachmaninov :

 

Musique symphonique :

        L’Ile des morts, poème symphonique, op. 29 (1909)

        Symphonie n° 3, op.44  (1936)

        Danses symphoniques, op.45 (1940)

 

Musique concertante :

        Concerto pour piano n° 2, op.18 (1900)

        Concerto pour piano n°3,  op.30 (1909)

        Rhapsodie sur un thème de Paganini, op.43  (1934)

 

Musique pour piano seul :

        24 préludes dont :

                Prélude en do dièse mineur, op.3 n°2 (1892)

                Dix préludes, op.23 (1903)

                Treize préludes, op.32 (1910)

        17 Etudes-Tableaux dont :

                Huit Etudes-Tableaux, op.33 (1911)

                Neuf  Études-Tableaux, op.39 (1917)

        Sonate pour piano no 1, op.28 (1908)

        Sonate pour piano no 2, op.36 (1913, 1931)

        Variations sur un thème de Corelli, op.42 (1931)

 

Musique religieuse :

        Liturgie de saint Jean Chrysostome op.31 (1910)

        Les vêpres op.37 (1915)

 

 

On trouvera le catalogue complet des œuvres de Rachmaninov sur Wikipedia.

 

 

 

Autres compositeurs russes post-romantiques

 

 

DARGOMYJSKI   (1813-1869)

Alexandre Dargomyjski est né le 2 février 1813 à Toula.

Autodidacte, il  profita des conseils de Glinka qui le décida à se consacrer à la musique.

Il entra en rapport étroit avec le groupe des cinq qui le considérèrent comme leur parrain, Glinka étant leur père spirituel. Comme eux, il s’employa à créer une école musicale russe en s’écartant des normes occidentales.

Son  œuvre principale est  l’opéra  « Rusalka ».

Son 2e opéra, « Le convive de marbre », a été achevé par Nicolaï Rimski-Korsakov.

Alexandre Dargomyjski est mort le 17 janvier 1869 à Saint-Pétersbourg

 

 

ARENSKI   (1861-1906)

Anton Arenski est né à Novgorod  en Russie le 12 juillet 1861.

Elève de Rimski-Korsakov au conservatoire de Saint-Pétersbourg, il est diplômé en 1882. Il  est alors nommé professeur au Conservatoire de Moscou où il a pour élèves  Alexandre Scriabine et  Serge Rachmaninov.

Il retourne à Saint-Pétersbourg en 1895 pour diriger la Chapelle impériale jusqu’en 1901.

Influencé par Tchaïkovski et Wagner, il a composé deux symphonies, un concerto pour piano et un concerto pour violon, ainsi que de la musique de chambre.

Il meurt  à Terioki en Finlande le 25 février 1906.

 

LIADOV   (1855-1914)

 Anatoli Liadov est né le 11 mai 1855 à  Saint-Pétersbourg.

Il est élève de Rimski-Korsakov au conservatoire de Saint-Pétersbourg, où il sera  lui-même professeur de 1878 à sa mort. Il y a pour élèves entre autres Prokofiev et Miaskovski.

Il se consacre, avec Mili Balakirev et Sergueï Liapounov, à la collection de chants populaires russes. Comme Rimski-Korsakov, sa musique s’inspire beaucoup des contes russes. Ses principales œuvres sont  « Huit chants populaires russes », des poèmes symphoniques tels que « Baba-Yaga » (1904), « Le lac enchanté » (1909), « Kikimora » (1910), « Fragment de l’Apocalypse » (1912), des œuvres pour piano inspirées de Chopin telles que des préludes, des mazurkas etc …

Liadov est quelquefois  considéré comme « un sixième membre du groupe des Cinq ».

Il meurt le 28 août 1914 à Novgorod.

 

LIAPOUNOV (1859-1924)

Sergueï Liapounov est né le 30 novembre 1859 à Iaroslavl.

En 1878, il s’inscrit au conservatoire de Moscou sur les recommandations de son directeur Nikolaï Rubinstein.

En 1883, il fait la connaissance de Balakirev qu’il suit à Saint-Pétersbourg, et dont il subira l’influence.

De 1910 à 1923, il est professeur de piano et de composition au conservatoire de Saint-Pétersbourg. Il émigre en 1923 et meurt à Paris l'année suivante, le 8 novembre 1924.

 

Pour découvrir la musique de Liapounov :

Rhapsodie sur des thèmes Ukrainiens, pour piano et orchestre.

Concerto pour piano n°1

Concerto pour violon

 

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Citons également :

 

Mikhaïl  Ippolitov-Ivanov  (1859-1935), élève de Rimski-Korsakov.

 

Sergueï Taneïev  (1856-1915), élève de Tchaïkovski,

        eut pour élèves :

Sergueï Liapounov  (1859-1924).

Nicolaï Medtner  (1880-1951).

Alexandre Gretchaninov  (1864-1956).

 

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L'histoire de la musique russe se poursuit dans "La musique russe au 20e siècle".

 

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