Le 16e siècle
Sommaire de ce chapitre
La théorie
Evolution de la notation : La tablature
Avec le développement de la musique instrumentale est
apparue, à la fin du 15e siècle,
la nécessité d’une nouvelle forme de notation adaptée à certains
instruments : il s’agit de la tablature créée principalement pour le luth,
bien que l’orgue et la viole furent aussi, à l’origine, notés en tablature. Ce
type de notation ne désigne pas la note mais le moyen technique de l’obtenir en
indiquant la position des doigts sur l’instrument.
Trois systèmes de tablatures existent alors :
- Le système allemand dans lequel chaque lettre ou
chiffre indique une position corde-case différente , le rythme étant
indiqué au-dessus par des hampes de note. Cette notation, trop compliquée, n’a
pas été utilisée très longtemps.
Exemple de tablature de luth allemande :
- Les systèmes français et italiens, plus simples, dans
lesquels les six lignes de la tablature figurent les cordes, les lettres ou les
chiffres désignent les cases, le rythme étant indiqué au-dessus de l’ensemble
par des hampes de note. Seules différences entre les systèmes français et
italien : l’emploi de lettres pour les Français qui placent la corde aiguë en
haut, tandis que les Italiens placent la corde aiguë en bas et notent en
chiffres.
Exemple de tablature de luth italienne
Dans le système italien, par exemple, le chiffre 0
désigne la corde à vide, le chiffre 2 indique qu’il faut poser le doigt sur
la deuxième case de la corde correspondante. Le signe de durée situé au-dessus
(noire, croche …) reste valable
jusqu’à ce qu’un autre signe vienne l’annuler.
La notation en tablature est toujours très utilisée de nos
jours pour les instruments à cordes à barrettes ou frettes tels que la guitare.
Tonalité et harmonie
Les modes anciens
disparaissent au profit d’un nombre réduit de modes : majeur et
mineur, et de la gamme correspondante.
On voit apparaître les bases de la musique moderne qui sont :
- La découverte de l’attirance des notes proches telles que la sensible vers la tonique, (si vers do).
- La découverte de la cadence parfaite : Accord de sol majeur suivi de do majeur.
- La gamme de DO majeur qui en résulte, définie par la suite des intervalles : 2 tons, ½ ton, 3 tons, ½ ton.
- L’utilisation des altérations, dièses et bémols, pour retrouver cette même disposition dans toutes les tonalités.
Evolution des formes musicales
La musique sacrée
Au 16e siècle l’héritage de Ockeghem et de Josquin Des Prés
est repris par Palestrina en
Italie et Roland de Lassus,
qui sont les plus grandes personnalités musicales du siècle. Les formes principales de musique sacrée
restent la messe et le motet.
De son côté, l’église réformée de Calvin en France mais
surtout de Luther en Allemagne introduit les cantiques à une ou plusieurs voix
chantés par les fidèles, qui deviennent le centre de la liturgie protestante sous le nom de chorals, et
qui influenceront pendant longtemps la musique allemande, tel J.S. Bach qui en écrivit de nombreux, 150
ans plus tard.
La chanson polyphonique
Le 16e siècle va simplifier la polyphonie
complexe et surchargée que l’on trouvait alors aussi bien dans la musique
religieuse que dans la musique profane.
C’est la naissance de la nouvelle chanson française, toute
en finesse, légèreté et spiritualité.
Elle est généralement à quatre voix dont trois voix d’homme, une voix de femme.
Les principaux compositeurs de chansons de cette époque
sont Clément Janequin, Nicolas Gombert,
Claude de Sermizy, Claude le jeune, Guillaume Costeley, Eustache Du Caurroy,
Jacques Mauduit, ainsi que Roland de Lassus.
Le motet
Le motet isorythmique issu de l’Ars Nova est encore pratiqué à la Renaissance, mais au 16e siècle apparait une nouvelle forme de motet, le motet-cantilène.
Le motet-cantilène est ainsi nommé parce que la mélodie du supérius est mise en avant par une plus grande richesse mélodique, s’apparentant ainsi à la chanson profane. Il privilégie un texte unique pour obtenir une composition plus homogène, plus compréhensible. Presque tous les motets de ce type sont à trois voix ; la plupart sont dédiés à la Vierge Marie.
Le madrigal et la naissance de l’opéra
La musique italienne évolue avec le madrigal, qui
succède à la frottola, et qui prépare la naissance de l’opéra.
La frottola, qui s’est répandue en Italie au 15e
siècle, est une composition musicale à quatre voix formée de strophes et de
refrains, avec une prédominance de la voix supérieure.
Le madrigal qui lui succède, a pour souci de créer
un lien étroit entre paroles et musique.
La voix supérieure exprime de mieux en mieux les intonations
du texte ou les sentiments qui y sont évoqués. De plus en plus souvent, les trois
autres voix sont remplacées par des instruments.
Avec le madrigal,
la musique retrouve la vocation théâtrale qu’elle avait dans l’ancienne
tragédie grecque.
C’est à cette époque que l’on peut situer la naissance de l’opéra,
que Monteverdi rendra populaire au début du 17e
siècle.
Evolution de la gamme musicale
L'échelle de Zarlino (1517, 1590) ou échelle des physiciens
On se souvient que Pythagore avait défini sa gamme en se basant sur la
division d’une corde vibrante et en utilisant les rapports 2 pour l’octave et
3/2 pour la quinte, ce qui donnait la séquence suivante :
D’autres grecs, tel
Aristoxène, avaient préféré une division harmonique de la corde
vibrante, dans les rapports 1, 1/2, 1/3, 1/4, 1/5, 1/6 etc … qui correspond en
fait aux fréquences (f, 2f, 3f, 4f ..) des harmoniques naturelles que l’on
connaît aujourd’hui, et dont les 5 premières définissent l’accord majeur
do-mi-sol, avec un rapport 5/4 pour la tierce majeure do-mi (=1/4 :
1/5) et un rapport 6/5 pour la tierce mineure mi-sol (=1/5 : 1/6).
On y retrouve également le rapport 3/2 (=1/4 : 1/6) pour
la quinte do-sol.
Zarlino a utilisé les rapports
5/4 et 3/2 de la division harmonique pour reconstruire la gamme diatonique en
utilisant les accords majeurs do-mi-sol, sol-si-ré et fa-la-do.
En utilisant ensuite le rapport 2 de l’octave,
on obtient la gamme suivante :
On obtient
ainsi une gamme plus proche des sons harmoniques naturels, mais cela amène
quelques inconvénients :
Dans la
gamme de Pythagore, nous avions 2 valeurs d’intervalle : 9/8 pour le ton
et 16/15 pour le demi-ton.
On a
maintenant une valeur de plus car 2 valeurs différentes pour le ton : 9/8
pour les intervalles de ton do-ré, fa-sol et la-si, et 10/9 pour les intervalles de ton ré-mi et
sol-la. La différence entre ces 2 valeurs est appelée comma, et vaut à
peu près 1/9 de ton. Elle entraîne en particulier des valeurs d’intervalles
différents selon la tonalité dans laquelle on se trouve. Par exemple
l’intervalle de quinte ré-la en tonalité de ré comporte une comma de moins que
l’intervalle de quinte do-sol en tonalité de do.
Pour assurer la plus grande justesse possible
lors de transpositions, on a défini des altérations différentes selon qu’elles
montent (#) ou qu’elles descendent (b).
On a été
ainsi amené au 16e siècle à réaliser des clavecins à 2 claviers
dans lesquels les notes baissées (exemple ré b) étaient différentes des notes
haussées (exemple do #) de la valeur d’une comma.
Ce problème
sera éludé au 17e siècle
avec la gamme tempérée
Les compositeurs du 16e siècle
Introduction
Les principaux compositeurs de cette époque sont
En Italie :
Palestrina
(1526, 1594)
Giovanni
Gabrieli (1555,1612)
Autres compositeurs italiens
En Angleterre :
John
Taverner (1490, 1545)
Thomas
Tallis (1505, 1585)
William
Byrd (1540, 1623)
Autres compositeurs anglais
|
En France :
Roland de Lassus (1532,1594)
Clément Janequin (1485, 1558)
Autres compositeurs franco-flamands
En Espagne :
Cristobal de Morales (1500, 1553)
Francisco Guerrero (1527, 1599)
Tomas Luis de Victoria (1548,1611)
Autres compositeurs espagnols
|
L’Italie
Palestrina (1525-1594)
« Le père de l’harmonie »,
c’est ainsi que Victor Hugo définissait Palestrina.
Giovanni Pierluigi Palestrina (du nom
de sa ville natale) est le plus grand compositeur italien de la Renaissance. Il
a amené la musique polyphonique religieuse à un haut degré de perfection.
Voir aussi la Fiche compositeur
Biographie :
G.P. da Palestrina est né à
Palestrina, près de Rome, vers 1525.
En 1537 il est enfant de chœur à la
basilique de Santa Maria Maggiore à Rome.
En 1544 il est nommé organiste et
maitre de chant de la cathédrale de Palestrina.
En 1547 il épouse Lucrezia Gori qui
lui donne 3 fils.
En 1551 il est nommé par Jules III,
maitre de chant de la maîtrise de la chapelle Giulia, à la basilique
Saint-Pierre de Rome.
En 1555 Jules III le fait entrer à la
Chapelle sixtine, mais il est congédié la même année par le pape Paul IV car
non célibataire et auteur d'œuvres
profanes. Il succède alors à Roland de Lassus comme maitre de chapelle
de St Jean de Latrans.
En 1561 il devient maitre de chapelle à
Sainte-Marie-Majeure, puis, en 1566, directeur de l'enseignement musical du
nouveau séminaire romain.
En 1571 il retourne au service du pape
(Pie V) comme maitre de chapelle.
En 1580, suite au décès de sa femme,
il décide d'entrer dans les ordres puis se ravise et épouse une riche veuve.
Il consacre le reste de sa vie à la
composition et à la publication de ses œuvres.
Palestrina meurt à Rome en 1594.
Son style musical :
Influencé par l’école franco-flamande,
son écriture contrapuntique évite néanmoins l’utilisation de chansons profanes
et limite les ornementations exagérées de ses prédécesseurs, répondant en
particulier aux directives du pape Marcel II. Ce dernier ne régna que 21 jours,
qui lui furent néanmoins suffisants pour réformer la musique d’église. Ses
recommandations furent immédiatement mises en pratique dans la plus célèbre
messe de Palestrina : la messe du Pape Marcel.
Son œuvre :
Palestrina a composé principalement des
œuvres liturgiques comprenant :
-
Plus de 100 messes dont les plus remarquables sont « Assumpta est Maria », « Te deum Laudamus », « Laudate
Dominum » (à 8 voix) ainsi que la « Missa O Sacrum Convivium »,
et la célèbre « Messe du Pape Marcel » (à 6 voix). Beaucoup de ces
messes sont dites « parodie » car elles utilisent des thèmes repris
d’autres œuvres, en particulier de motets.
-
Près de 400 motets et pièces diverses en latin dont 35
Magnificat, 2 magnifiques antiennes mariales (Ave Maria, Salve Regina), 2
Stabat Mater, les Lamentations de Jérémie composées de 41 motets.
-
42 madrigaux spirituels
Il a également composé 91 madrigaux profanes dont certains sur des
textes de Pétrarque.
Le style musical de
Palestrina a été une référence pour de nombreux théoriciens qui développèrent
les règles du contrepoint. On aura un aperçu de ce style dans l’extrait musical
suivant :
(début) par l’Ensemble vocal
Européen, dir. Philippe Herreweghe
Quelques œuvres de Palestrina :
On trouvera des biographies plus complètes
sur : Encyclopédie
Larousse et sur Musicologie.org
Giovanni Gabrieli (1555-1612)
Giovanni Gabrieli, compositeur
vénitien, est une importante figure de transition entre la Renaissance et la
musique baroque.
Biographie :
Giovanni Gabrieli est né en 1557 à
Venise.
Il est l’élève de son oncle Andrea
Gabrieli (organiste et compositeur) avant de se rendre vers 1574 à la cour de
Bavière, où il termine ses études auprès de Roland de Lassus.
Vers 1580, il retourne à Venise où il
reste jusqu’à sa mort.
En 1585, il obtient par concours la
place de second organiste de la cathédrale Saint Marc.
Il fut aussi le professeur de
compositeurs tels que Michael Praetorius et Heinrich Schütz.
Il meurt le 12 août 1612 à Venise où sa tombe existe toujours.
Son
œuvre :
Giovanni Gabrieli a beaucoup innové, en
particulier :
-
Il fut l’un des premiers à introduire des parties instrumentales
dans des œuvres chorales.
-
Il a composé de nombreuses œuvres instrumentales qu’il nommait
Canzones ou sonates. Dans l’une d’elles, la « Sonata pian e forte », il a été le
premier à donner des indications de nuances.
-
Les « Sacrae Symphoniae » I et II,
composées en 1597 et 1615 et qui comportent 62 pièces pour chœur et ensembles
d’instruments, sont les premières œuvres pour lesquelles l’instrumentation est
précisée pour chaque partie.
-
Dans ses dernières œuvres, il a donné à l'orgue le rôle de basse
continue dont c’est la première utilisation connue.
Voici de courts extraits d’une canzon
et d’une œuvre pour chœur et ensemble d’instruments :
(extrait) (Instruments)
(extrait) (chœur et instruments)
par Les Sacqueboutiers
de Toulouse
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Autres compositeurs italiens
Philippe Verdelot (vers 1480- vers 1540) est un compositeur français ayant passé
l’essentiel de sa vie en Italie, considéré comme un des pères du madrigal
italien.
Costanzo Festa
(vers 1485-1545) est un des premiers madrigalistes italiens. Il influença le
jeune Palestrina. (Ses madrigaux)
Luca Marenzio
(1553-1599), est considéré comme l'un des compositeurs de madrigaux
les plus renommés du 16ème siècle, surnommé par ses contemporains comme il più
dolce cigno (« le cygne le plus doux »).
Luzzasco Luzzaschi
(1545-1607), à la différence de plusieurs madrigalistes de son époque, utilise
une ligne de soprano riche en ornements, qui anticipe le style du premier
baroque. (Ses madrigaux)
Carlo Gesualdo
(1566-1613), représente, aux côtés de Luzzasco Luzzaschi, Luca Marenzio et
Claudio Monteverdi, le madrigal italien à son apogée.
Il défraya la chronique en 1590, en assassinant sa première épouse et en faisant assassiner l'amant de celle-ci. Il laisse un catalogue de près de 150 œuvres, tant vocales qu'instrumentales.
Ecole franco-flamande
Rolland de Lassus (1532-1594)
Roland de Lassus (aussi appelé Orlando
di Lasso) est considéré comme l’un des plus grands musiciens de tous les temps,
devant son contemporain Palestrina.
Sa réputation était européenne. Il a
été surnommé par ses compatriotes belges « l’Orphée belge », par les
français (Ronsard) « le plus que divin Orlande » et par les italiens
« Mirabile Orlando ».
Roland de Lassus était un personnage
très extravagant. Certains pensent, à la lecture de sa nombreuse correspondance,
que son génie était à la limite de la folie
Voir aussi la Fiche compositeur
Biographie :
Roland de Lassus est né en 1532 à
Mons en Belgique.
En 1553, il est nommé maitre de
chœur à Rome.
En 1556, il entre à la cour de
Bavière en qualité de ténor.
En 1558, il épouse Regina Wäckinger,
qui lui donnera 6 enfants, dont trois garçons seront également musiciens.
En 1563, il devient maitre de
chapelle de la cour de Bavière.
En 1570, Roland de Lassus est anobli
par l’empereur Maximilien II.
En 1574, le pape Grégoire XIII le
fait chevalier de l’éperon d'or.
À partir de 1580, il se retire peu à
peu de la vie de la cour et se consacre principalement à la composition
d’œuvres religieuses.
Il meurt à Munich en 1594.
Son style musical :
Le style en « imitation continue », lancé par Josquin
des Prés au siècle précédent, devient plus aéré et plus léger. Influencé par le
madrigal italien, sa musique va de plus en plus tenir compte du contenu
expressif des textes. Elle est plus complexe, plus variée et d’une expression
plus profonde que celle de Palestrina dont la beauté est plus formelle et moins
expressive.
Son œuvre :
Son œuvre religieuse se compose de :
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-
Plus de 520 motets et des cycles de motets tels que les
« plaintes de Job », les « Lamentations du prophète Jérémie »
(9), les « Psalmi poenitentiales » et les
« Prophéties des Sybilles » : Les
motets sont la partie la plus importante et la plus originale de son œuvre.
-
Plus de 50 messes et 101 magnificat. Tout comme Palestrina,
Roland de Lassus a écrit des messes dite « messe-parodie », c’est à
dire basées sur des thèmes empruntés soit à d’autres œuvres de sa composition
soit à d’autres compositeurs.
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Le reste de son œuvre,
profane et religieuse, comprend :
-
Plus de 180 madrigaux italiens dont certains spirituels tels
que la série de 20 madrigaux à 7 voix intitulée « Les larmes de St Pierre ».
-
Plus de 30 villanelles (madrigaux comiques ou parodiques)
-
Plus de 140 chansons françaises (de 3 à 8 voix).
Ces chansons étaient composées sur des textes de grands poètes des 15e
et 16e siècles tels que Villon, Ronsard, Du Bellay etc.
-
90 lieder allemands dont 50 lieder spirituels.
-
Diverses autres œuvres dont 12 « nunc dimitis », 32
hymnes, 14 litanies, 4 passions etc.
Voici une chanson de Roland de Lassus composée sur un poème de Ronsard :
par
Egidius
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Clément Janequin (1485-1558)
D’après Ronsard, Clément Janequin fut
élève de Josquin des Prés.
Biographie :
Malgré la grande renommée qu’il eut en
son temps, on ne possède sur sa vie que des données rares et incertaines :
Il est né à Châtellerault vers 1485.
En 1523, il est ordonné prêtre.
En 1531, il dirige les jeunes
choristes de la cathédrale d’Auch.
En 1534, il est maitre de chapelle de
la Cathédrale d’Angers.
En 1549, il est chapelain honoraire
de son protecteur le duc de Guise.
En 1555, il est chantre de la
chapelle du roi.
Il meurt à Paris en 1558.
Son œuvre :
Clément Janequin a composé essentiellement des chansons. Il en a écrit près de 300.
Il a eu une grande influence sur ses
contemporains ainsi que sur le madrigal italien.
Il est considéré comme le créateur de
la musique descriptive. Ses chansons illustrent effectivement des situations de
manière très imagée, en particulier :
-
La chanson de guerre, avec la chanson « La guerre » à 4 voix (appelée
aussi « la bataille de Marignan ») qu’il a écrite pour commémorer la
victoire de François 1er à la bataille de Marignan en 1515. De même
les chansons « Le siège de Metz », « La prise de Boulogne »,
« Chantons sonnons trompettes » …
-
La chanson humoristique : « Les cris de Paris », «
Le caquet des femmes » …
-
La chanson galante ou libertine : « Ce moy de mai », « Petite nymphe folastre », « Ce petit dieu qui vole » …
-
La chanson « nature » : « La chasse », « Le chant des oiseaux » …
Voici de courts extraits de 2 œuvres
majeures de Clément Janequin :
(extrait)
(2 extraits)
par
l’ensemble Clément Jannequin, Dominique Visse
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On trouvera une biographie plus complète sur : Wikipédia
Musique et poésie, avec Ronsard…
Comme pour les arts plastiques, la
musique, à la renaissance, se tourne vers l’antiquité.
En 1571, le poète Jean-Antoine de Baïf
crée une « Académie de Musique et de Poésie » rassemblant des poètes
tels que Ronsard et des musiciens tels que Claude le jeune, Eustache du
Caurroy, Jacques Mauduit, Guillaume Costeley, ainsi que des intellectuels de
différentes disciplines. L’esprit de cette académie était celui de l’antiquité
grecque et latine qui unissait musique et poésie.
(1570)
de Guillaume Costeley (1531 env.-1606) sur un poème de
Ronsard
par l’ensemble Musica Fresca
Mignonne, allons voir si la rose,
Qui ce matin avait desclose
Sa robe de pourpre au Soleil,
A point perdu cette vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vostre pareil.
|
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Autres compositeurs franco flamands
Adrien Willaert (1490-1562) accorde une place importante au motet
mais est également l'un des inventeurs du madrigal,
auquel il a donné ses plus belles œuvres.
Cyprien de Rore (1515-1565), malgré sa production de musique
sacrée, est surtout lié à l'histoire du madrigal,
dont il considéré comme l'un des plus importants représentants de son époque.
Jacques Arcadelt (1507-1568), a produit 250 œuvres dont des messes
et des motets,
des madrigaux
et des chansons.
Jacques de Wert (1535-1596) a fait carrière en Italie où il est reconnu comme l'un
des plus grands madrigalistes de la fin de la Renaissance (ses madrigaux).
Philippe de Monte
(1521-1603) est l’auteur de 38 messes et 250 motets ainsi
que de plus de 1200 madrigaux.
L’Angleterre
John Taverner (1490-1545)
John Taverner a eu une
activité politique autant que musicale. Sa production musicale précède sa
conversion au protestantisme après laquelle il n’écrivit plus de musique.
Biographie :
Bien que l’un des
plus grands compositeurs de l'époque d'Henry VIII, on connaît peu de choses
de la vie de John Taverner.
John Taverner est né
vers 1490 dans le comté de Lincolnshire.
En 1524 il est
membre, puis maître du chœur de la collégiale de Tattershall dans le
Lincolnshire.
En 1526 il est nommé
maître du chœur au Cardinal College qui vient d’être fondé par le Cardinal
Wolsey à Oxford. En 1528, il est emprisonné avec d’autres membres de
l’université pour hérésie ou sympathie luthérienne. Après la chute du
Cardinal Wolsey, il démissionne de sa charge en avril 1530.
A partir de 1537, il
occupe un poste à l'église Saint Botolph de Boston.
Il meurt le 18 octobre
1545 à Boston.
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Son
œuvre :
John Taverner a créé un genre appelé « In
Nomine » du nom du célèbre cantus firmus de sa messe « Gloria Tibi
Trinitas ».
Environ 70 de ses œuvres nous sont
parvenues.
On y trouve 8 messes dont la messe « Gloria
Tibi Trinitas », la « Missa
Corona spinea » et la « Western
wynde mass », et 3 magnificat dont le « Magnificat
à 4 voix ».
Thomas Tallis (1505-1585)
Voir aussi la Fiche compositeur
Biographie :
Thomas Tallis est né
à Leicestershire vers 1505.
En 1532 il est
organiste dans un petit monastère, le prieuré bénédictin de Douvres.
En 1536 il est
organiste à Waltham Abbey dans l'Essex.
En 1542 il est
nommé Gentilhomme et organiste de la chapelle royale et de la cour.
A partir de 1572
William Byrd (qui était peut-être son élève) le seconde à la chapelle royale. Les deux compositeurs, tous deux
catholiques, se voient accorder le privilège d’imprimer et de publier de la musique.
Thomas Tallis meurt à
Greenwich en 1585.
Son œuvre :
Thomas Tallis a travaillé sous le règne de souverains catholiques,
puis protestants. Il a donc été amené à écrire des œuvres religieuses latines
et anglicanes, les premières étant les plus connues et les plus élaborées, les
secondes plus simples.
Il a également écrit quelques œuvres profanes.
Ses principales œuvres sont :
-
3 messes de 4 à 7 voix.
-
4 magnificat
-
Les Lamentations de
Jérémie, œuvre majeure du répertoire de la renaissance anglaise.
-
13 motets de 4 à 40 voix (dont le plus célèbre
est « Spem in alium », pour 8 chœurs à 5 voix)
-
16 autres motets de 5 à 6 voix publiés dans un
recueil commun avec William Byrd.
-
De la musique liturgique anglicane :
services, anthems (courtes compositions musicales utilisées dans le service
anglican).
-
Des pièces pour instrument à clavier.
Quelques œuvres de Thomas Tallis :
On trouvera une biographie plus complète sur Wikipédia et, ici,
une liste complète de ses œuvres.
William Byrd (1540-1623)
William Byrd est aujourd’hui considéré comme l’un des fondateurs
de l’école anglaise du madrigal. Il a formé les plus illustres musiciens de la
génération suivante (Thomas Morley, John Bull et Orlando
Gibbons)
Voir aussi la Fiche compositeur
Biographie :
William Byrd est né
selon les sources en 1539, 1540 ou 1543.
En 1563, il est
nommé organiste de la cathédrale de Lincoln.
En 1570, il devient
gentilhomme de la Chapelle Royale, où, à partir de 1572, il partage l'orgue
avec Tallis dont il est probablement l’élève. Il conservera ce poste pendant
20 ans.
En 1575, en
collaboration avec Tallis, il obtient de la reine Elisabeth I le privilège
exclusif de l'édition et de la vente de la musique imprimée. Il publie alors,
en commun avec Tallis, un premier recueil de motets intitulé « Cantiones
Sacrae ».
Il
en publiera 2 autres en 1589 et1591.
Pendant cette période,
il publie également deux anthologies musicales : « Psalmes, Sonnets and
Songs » en 1588 et « Songs of Sundrie Natures » en 1589.
En 1593, Byrd s'installe
dans l'Essex où il se consacrera de plus en plus à la musique liturgique catholique
(messes et motets), malgré la prédominance de l'église anglicane.
Il meurt à Stondon le
4 juillet 1623.
Son œuvre :
William Byrd est
surtout connu pour sa musique de chambre.
Excellent mélodiste,
il a écrit de nombreuses œuvres profanes ou religieuses pour voix accompagnée
de violes dont l’une des plus connues est une chanson intitulée « Susanna
fair », pour voix et 4 violes.
Il a été l’un des
principaux compositeurs virginalistes de l’époque avec une œuvre de près de 150
pièces. L’une de ces pièces les plus connues est une œuvre de musique
descriptive intitulée « Les cloches ».
Sa musique de chambre
comprend également des pièces pour 3 à 6 violes.
Ses œuvres religieuses
anglicanes et catholiques (ces dernières ne pouvant être interprétées qu’en
privé), utilisent une technique contrapuntique utilisant parfaitement
l’imitation. Ses plus connues sont sa « Messe pour 4 voix », et son « Ave
verum corpus » (pour 4 voix également).
Voici de courts
extraits d’une œuvre pour virginal, interprétée ici au clavecin :
par Gustav Leonhardt
Quelques œuvres de William Byrd :
On trouvera une biographie et la liste de ses œuvres sur Wikipédia.
Autres compositeurs anglais
Thomas Morley (1558, 1603), élève de Byrd, connu pour ses nombreux madrigaux polyphoniques et ses
compositions pour luth et ensemble instrumental, tels les « concerts brisés », musique de chambre
pour dessus de viole, basse de viole, flûte à bec, luth, pandore et cistre.
Orlando Gibbons
(1583, 1625) a écrit des œuvres pour ensembles de violes, pour orgue et pour virginal, ainsi que de nombreux motets et madrigaux.
John Dowland (1563,
1626) fut le plus grand compositeur anglais de luth et de chants.
John Bull (1563,
1628) a écrit de nombreuses œuvres pour orgue et pour virginal.
John Wilbye (1574, 1638) est connu pour ses madrigaux.
L’ Espagne
La musique espagnole de la renaissance
ne présente pas encore ses caractères typiques qu’on lui connaîtra plus tard,
et reste très proche des musiques flamandes et italiennes de l’époque.
Les principaux compositeurs espagnols
du 16e siècle sont Cristobal Morales (1500, 1553), Francisco
Guerrero (1527, 1599) et le plus important, Tomas Luis de Victoria.
(1540, 1611).
Le premier recueil de pièces de musique
pour guitare espagnole (autre nom de la guitare classique) est composé par Luis
de Milán en 1536.
Cristobal de Morales (1500-1553)
Cristobal de Morales est le premier
grand compositeur de musique sacrée à avoir atteint une renommée européenne.
Biographie :
Cristóbal de Morales est né à Séville
vers 1500.
En 1526, il est maître de chapelle à
la cathédrale d'Ávila, puis à celle de Plasencia de 1528 à 1531.
En 1534, le pape Clément VII lui
procure un bénéfice canonial à la cathédrale de Salamanque.
De 1535 à 1545, il est chanteur à la
chapelle Sixtine.
Il est maître de chapelle à Tolède de
1545 à 1547, puis au service du duc d'Arcos à Marchena, près de Séville.
En 1551, il est maître de chapelle à
Málaga.
Il meurt à Marchena ou Malaga entre le
4 septembre et le 7 octobre 1553.
Son œuvre :
Cristóbal de Morales a surtout écrit de
la musique religieuse : plus de 20 messes de quatre à dix voix, 16
Magnificat à quatre voix, environ 70 motets de trois à huit voix, des
lamentations de quatre à six voix, 11 hymnes, 1 madrigal et 1 villancico.
Le style de Morales est influencé par
celui de l'école franco-flamande. On peut le situer, ainsi, entre Josquin des
Prés et Palestrina. Dans ses messes, il utilise comme « cantus firmus » des
thèmes profanes, comme par exemple dans la Messe « L'Homme armé », à
5 voix ou la messe
« Mille Regretz » à 6 voix.
Quelques œuvres de Morales :
On trouvera une biographie et la liste des œuvres de Morales sur Wikipédia.
Francisco Guerrero (1527-1599)
Biographie :
Francisco Guerrero est né à Séville
le 4 octobre 1528.
Adolescent, il est membre du chœur de
la cathédrale de Séville, et étudie la musique auprès de de Cristóbal de
Morales.
En 1546, à 18 ans, il devient maître
de chapelle à la cathédrale de Jaén en Andalousie.
En 1548, il est nommé chantre à la
cathédrale de Séville.
En 1554, il remplace Morales comme maître
de chapelle à la cathédrale de Málaga.
Il séjourne en Italie au début des
années 1580 et effectue un voyage à Jérusalem en 1588.
Francisco Guerrero meurt à Séville au
cours de l'épidémie de peste. le 8 novembre 1599.
Son œuvre :
Francisco Guerrero était l'un des
musiciens protégés par Charles Quint, par Philippe II et par le pape Jules III.
Son rayonnement était tel que ses œuvres furent imprimées en France, en Italie
et en Flandre.
Il a composé de la musique essentiellement
vocale religieuse, mais aussi profane.
Ses compositions comprennent notamment
dix-huit messes, deux requiem, des psaumes, des magnificat, des passions, cent
quatre motets latins (de quatre à huit voix), des chants sacrés en espagnol.
Quelques œuvres de Guerrero :
On trouvera une biographie et la liste des œuvres de Guerrero sur Wikipédia.
Tomas Luis de
Victoria (1548-1611)
Tomas Luis de Victoria est le plus grand compositeur espagnol de la Renaissance. Il est
considéré comme l’égal de son maître Palestrina.
Biographie :
Tomas Luis de Victoria est né à Sanchidrián
(province d'Ávila) vers 1548.
En 1565, il part pour Rome où il suit des études
de théologie et complète sa formation musicale avec Palestrina.
En 1569, il devient chanteur et organiste à
l’église Santa Maria di Montserrato.
De 1573 à 1578, il occupe le poste de maître de
chapelle au Séminaire romain.
En 1575, il est ordonné prêtre.
En 1585, la publication à Rome de l' « Officium Hebdomadæ Sanctæ »,
un recueil de musique qui couvre toute la Semaine sainte, lui apporte la
notoriété en tant que compositeur.
De retour à Madrid en 1587, il est nommé
chapelain et maître de chœur du couvent royal des clarisses déchaussées à
Madrid, où s’est retirée l'impératrice Marie d'Autriche.
Il retourne à Rome en 1592, où il publie son
second livre de messes, le « Missae, liber secundus ». Il y assiste
en 1594 aux funérailles de Palestrina.
Il rentre définitivement en Espagne en 1595, où
il reprend ses fonctions de chapelain auprès de l'impératrice Marie.
C’est à l’occasion des funérailles de cette dernière, en 1603, qu’il compose l’ « Officium defunctorum » à six voix.
Tomas Luis de Victoria meurt le 27 août 1611 à
Madrid.
Son œuvre :
Tout l'œuvre de Victoria appartient au genre de
la musique vocale sacrée. Sa musique religieuse est contemplative, mystique,
d’un degré élevé de spiritualité.
Son œuvre comprend :20 messes, 18 Magnificat, 52
motets et autres œuvres liturgiques dont hymnes et psaumes.
Quelques œuvres de Victoria :
On trouvera une biographie et la liste des œuvres de Victoria sur Wikipédia.
Autres compositeurs espagnols
Luis Milan(1490,
1562) a écrit des œuvres pour vihuela
(instrument intermédiaire entre le luth et la guitare), pour laquelle il
établit la tablature.
Antonio de
Cabezon (1510, 1566) a écrit de la musique pour orgue.
Voir aussi :
Francisco Correa de Arauxo (v.1583-1654),
Sebastian Aguilera de Heredia
(1561-1627).
L’Allemagne
L’Allemagne est restée très absente de l’histoire de la musique
jusqu’au 16e siècle.
Cette époque voit l’apparition des Chorals dans la nouvelle église
luthérienne, ainsi que le développement de l’orgue, sur lequel on commence à
jouer, tel Praetorius,
des transcriptions de cantiques et de chorals, annonçant la grande période
classique allemande des 2 siècles à venir.
Autres compositeurs du 16e siècle
Andrea Gabrieli (~1533-1585), compositeur italien influencé par Roland de Lassus, laisse une œuvre variée et importante :
Musique sacrée, vocale, mélangeant groupes de voix et instruments ou uniquement instrumentale. Il a également écrit plus de cent motets et madrigaux.
Hans Leo Hassler (1564-1612), compositeur et organiste allemand entre Renaissance et Baroque, fut l’un des premiers compositeurs à développer le style vénitien de l’autre côté des Alpes. À Dresde, ses successeurs seront Michael Praetorius et Heinrich Schütz.
Giulio Caccini (1551-1618), compositeur, chanteur et harpiste italien,
nous a laissé environ 80 œuvres, dont ne fait pas partie le fameux Ave Maria de Caccini, objet d'une supercherie du même genre que l'Adagio d'Albinoni. Avec Jacopo Peri, il est considéré comme le créateur du genre opéra.
Thomas Campion (1567-1620), compositeur anglais, est l'auteur d'une centaine d'œuvres dont des "masques" (spectacles de cour) et surtout des recueils d'airs qui ont fait sa renommée.
Jan Pieterszoon Sweelinck (1562-1621), compositeur et organiste néerlandais, se situe entre Renaissance et Baroque. Précurseur de Buxtehude et de J.S.Bach, il est considéré comme le plus prestigieux représentant, à l'orgue comme au clavecin, de l'école hollandaise. Outre ses œuvres pour clavier, il a laissé un important catalogue de musique vocale comportant motets, psaumes, cantiques, madrigaux et chansons.
Jacopo Peri (1561-1633), compositeur et chanteur italien, est considéré comme l'inventeur de l'opéra avec la création d'Euridice en 1600, avant que Monteverdi consacre cette nouvelle forme d’art lyrique avec son « Orfeo » en 1607.
Compositeurs de chansons
Thomas Créquillon (~?-1557) : Toutes les nuits
Nicolas Gombert (1495-1560) : Mille regres
Claude de Sermizy (~1490-1562) : Tant que vivray
Adrien Willaert (~1490-1562) : Vecchie letrose
Claude Le Jeune (~1528-1600) : Le printemps
Guillaume Costeley (1531-1606) : Mignonne, allons voir si la rose
Eustache Du Caurroy (1549-1609) : Une jeune fillette
Jacques Mauduit (1557-1627) : Voici le vert et beau may