Au 19e siècle, l’opéra se
développe considérablement. Paris devient la capitale de l’opéra où se
produisent en particulier les compositeurs italiens, spécialistes du genre. On
y crée le grand opéra, avec la contribution d’Auber, de Meyerbeer et
surtout de Rossini qui connaîtra alors une gloire internationale.
L’opéra italien trouvera son apogée
avec Bellini, Donizetti et surtout Verdi, puis Puccini,
l’opéra français avec Berlioz, Bizet, Gounod, Massenet,
ainsi qu’Offenbach dans l’opéra-comique.
Outre l’opéra romantique italien et français,
le 19e siècle voit se développer le drame lyrique allemand avec Weber,
dont « Le Freichütz » est considéré comme le premier opéra
romantique, suivi par Wagner qui crée le concept d’art total. Il voit également
s’affirmer les opéras de différentes écoles nationales, telles l’école russe avec
Glinka et le groupe des cinq, et les écoles nationales slaves.
Le 19e siècle est surtout
marqué par la confrontation de ses deux plus grands compositeurs d’opéra que
sont Verdi et Wagner, qui
auront chacun leurs admirateurs et leurs détracteurs fanatiques.
Le Grand-Opéra
Le grand-opéra est un opéra de
genre sérieux, généralement en 5 actes, entièrement chanté c'est-à-dire qu’il
ne contient plus de dialogues parlés. Ceux-ci sont remplacés par des récitatifs,
mélodies rappelant les inflexions de la parole, accompagnées par l’orchestre.
Le grand-opéra utilise en outre tous
les effets spectaculaires possibles tels que grands orchestres symphoniques, grands
airs virtuoses, chœurs à grands effectifs, ballets, décors somptueux.
Il concerne tout particulièrement les
opéras qui furent montés à Paris entre 1820 et 1870.
Les premiers opéras les plus
représentatifs du genre sont « Guillaume Tell » (1829) de Rossini, « Robert
le Diable » (1831) de Meyerbeer et « la Juive » (1835) d’Halévy.
Ils sont suivis par « Les Huguenots » (1836) et « Le
prophète » (1849) de Meyerbeer, « La favorite » (1840) de
Donizetti, « Les vêpres siciliennes » (1855) et « Don
Carlos » (1867) de Verdi, « Les
troyens » (1863) de Berlioz, « Hamlet » (1868) d’Ambroise Thomas.
L’opéra Le Peletier fut le haut
lieu parisien du grand-opéra français de 1821 à 1873, année où il fut détruit
par un incendie.
L’opéra Garnier (ou Palais
Garnier) lui succéda en 1875.
Maquette de l'Opéra Garnier en coupe (Musée d'Orsay)
Le Théâtre-italien
Le Théâtre-italien ou plus simplement
« les italiens » désigne une troupe qui se produisit entre 1801 et
1878, successivement dans différentes salles parisiennes. Leur répertoire
d’abord italien, devint rapidement celui du grand-opéra français. Rossini, qui en
assura la direction de 1824 à 1830, y créa son « Voyage à
Reims » en 1825. « Les italiens » créèrent également des grands
succès de Meyerbeer et de Verdi, dont « La Traviata » en 1856.
L’OPERA ITALIEN
Au XIXe siècle, l’opéra
italien continua de laisser une place de choix à la voix.
Il est représenté par Rossini,
spécialiste du bel canto, suivi de Bellini et Donizetti, puis Verdi, les
véristes Leoncavallo et Mascagni, et Puccini.
Rossini (1792-1868)
Gioachino Rossini marque le début de l’opéra
romantique italien. Il est à l’origine du bel canto du 19e
siècle, virtuosité vocale qui redonna une place privilégiée à la voix dans
l’opéra italien, style qui sera adopté par ses contemporains Vincenzo Bellini et
Gaetano Donizetti.
Après s’être imposé aussi bien dans
l’opéra bouffe comme « Le Barbier de Séville » que dans l’opéra
séria comme « Otello », il participe à la création du Grand opéra à la française avec son dernier
opéra, « Guillaume Tell », en 1829.
Le Bel Canto
Le Bel Canto (beau
chant) du 19e siècle a été développé par Rossini, Bellini et
Donizetti. Il est caractérisé par de longues phrases musicales, des notes
très hautes et des vocalises périlleuses, demandant aux interprètes des
qualités exceptionnelles.
Voici un exemple
de virtuosité du bel canto italien, extrait de « la Cenerentola »
(Cendrillon) de Rossini, interprété par Cécilia Bartoli :
(extrait)
Très jeune, Rossini apprend le piano,
le violoncelle, le chant et la composition. A vingt ans, il a déjà écrit sept
opéras mais c’est son opéra « Tancrède » en 1813, qui triomphe à
Venise et lui apporte la consécration.
De 1815 à 1823, il écrit un à deux
opéras par an dont « l’Italienne à Alger » (1813), « Élisabeth,
reine d’Angleterre » (1815), « Le Barbier de Séville » (1816),
« La Cenerentola » (1817), « Mose in Egitto » (1818) qui
deviendra « Moïse et Pharaon » en 1827, « Sémiramis »
(1823).
Deux airs célèbres du Barbier de Séville :
Après un passage à Vienne, où il
rencontre Beethoven, puis à Londres, il revient à Paris en 1824 où il devient
directeur du théâtre italien, puis Compositeur du roi et Inspecteur général du chant en France.
C’est là qu’il compose son dernier
opéra en langue italienne « Il viaggio à Reims » (le voyage à
Reims) pour ne plus composer ensuite que sur des livrets en français dont
« Le Comte Ory » en 1828, et sa dernière création lyrique « Guillaume
Tell » en 1829, prototype du Grand opéra à
la française.
Rossini en 1868
A partir de 1830
en effet, et jusqu’à sa mort en 1868, il ne composera plus que quelques
œuvres religieuses telles que le « Stabat Mater » en 1841
et la « Petite messe solennelle » en 1864, ainsi que diverses
pièces vocales, pour piano et de musique de chambre rassemblées sous le titre
de « péchés de vieillesse ».
Après avoir séjourné en Italie de
1836 à 1853, il se fixe définitivement à Paris où il se consacre à la
gastronomie. Il écrit un livre de recettes et se voit dédier une création par
un chef cuisinier, le tournedos Rossini.
Rossini, né un 29 février (1792 à
Pesaro), meurt un vendredi 13 (novembre 1868 à Paris).
Continuateur de Rossini, Vincenzo
Bellini purifie l’art du Bel Canto, en en simplifiant les mélodies et
l’orchestration afin de mieux en exprimer l’émotion.
Vincenzo Bellini est né le 3 novembre
1801 à Catane, en Sicile.
Il commence à composer très jeune et
poursuit ses études au conservatoire Royal de Naples de 1819 à 1825.
A Milan, il rencontre le librettiste
Felice Romani avec qui il écrit plusieurs opéras dont « Il
Pirata » qui le fit connaître en 1827, « La
Straniera » (1829), « i
Capuletti e i Montecchi » (1830) et surtout ses 2 chefs d’œuvre créés à Milan en 1831 : « La Somnambula » et
« Norma » qui est un summum du Bel Canto.
Maria Callas dans
« Norma »
Le début de l’air le plus célèbre de Bellini :
, extrait de Norma, par Maria Callas
Après l’échec de « Béatrice de
Tende » en 1833, il rompt avec Romani, et, après un séjour à Londres,
se fixe à Paris, où, en janvier 1835, le Théâtre-Italien donne en
représentation son dernier opéra « i Puritani ».
Il meurt quelques mois plus tard, le
23 septembre 1835. Sa courte vie ne lui aura permis de composer qu’une
dizaine d’opéras
Comme Bellini, Donizetti hérite du Bel
Canto de Rossini, qu’il simplifie et dans lequel il introduit des mélodies plus
populaires.
Gaetano Donizetti est né à Bergame le
29 novembre 1797.
Après avoir été l’élève de Simon Mayr
(lui-même compositeur d’opéra), il entre à l’académie de musique de Bologne,
où il compose essentiellement de la musique religieuse, pour se consacrer
ensuite à l’opéra. Il compose alors 31 opéras en 14 ans, de 1816 à 1830.
Mais c’est le 32e, « Anna
Bolena », commandé en 1830 par la Scala de Milan, qui le rend célèbre.
Parmi ses nombreux autres opéras (il en composa plus de 70), ses plus grands
succès à la Scala de Milan furent « L’elisir d’amore » en 1832,
puis « Lucrece
Borgia» en 1833, et « Marie
Stuart » en 1835.
C’est à Naples, cette même année 1835
qu’il crée sa plus remarquable tragédie, « Lucia di Lamermoor ».
Deux airs
célèbres de Donizetti :
, extrait de l’Elixir d’amour.
, extrait de Lucia di Lamermoor.
En 1838 il s’installe à Paris où il
succède à Rossini, qui a pris sa retraite, et Bellini décédé 3 ans plus tôt.
C’est là qu’il compose « La
fille du régiment » (1840), « La favorite » (1840) et « Don
Pasquale » ( 1843), tous 3 représentés en français.
En 1843, il crée sa dernière œuvre « Dom
Sébastien », grand-opéra en 5 actes.
Atteint de la syphilis, il est interné
en 1846 dans un asile d’aliénés puis ramené par sa famille à Bergame où il meurt
le 8 avril 1848.
Giuseppe Verdi est le compositeur le plus
célèbre et le plus joué de l’histoire de l’opéra.
Ses opéras animés d’un souffle
patriotique font de lui le champion des idées libérales et du nationalisme
italien.
Giuseppe Verdi est né le 10 octobre
1813 près de Busseto en Italie.
Son premier opéra « Oberto »
lui apporte le succès en 1839, mais la mort de son épouse et de son deuxième
enfant le font sombrer dans la dépression et renoncer à écrire, jusqu’à ce
que la lecture du livret de « Nabucco » le convainque de se
remettre à la composition.
De 1842 à 1851 Verdi compose 14 opéras,
dont « Nabucco » en 1842, « Ernani »
en 1844, « Macbeth » en 1847, « Luisa
Miller » en 1849.
Le chœur des esclaves (« Va
pensiero ») de Nabucco sera qualifié plus tard, et reste encore de nos
jours, le 2ème hymne national italien. Il suffit pour s’en convaincre de
regarder cette vidéo, extraite d'une représentation de Nabucco à Rome en
2011 :
Ce "2ème
hymne national italien" interprété et commenté par Riccardo Muti, bissé
par un public enthousiaste, voit s'exprimer toute la ferveur des italiens pour
leur grand homme qu'est Verdi.
Cette séquence n'est pas une version de concert mais est effectivement extraite
d'une représentation de Nabucco à Rome en 2011.
En 1847 Verdi rencontre la
cantatrice Giuseppina Strepponi qu’il épousera en 1859 après 12 ans de
concubinage et avec laquelle il vivra jusqu’au décès de celle-ci en 1897.
L'année 1851 marque un tournant dans ses
compositions avec la trilogie « Rigoletto » (d’après « Le
roi s’amuse » de Victor Hugo) (1851), « Le Trouvère » et
« La Traviatta » (1853) qui comptent parmi ses œuvres majeures.
Quelques extraits d’airs célèbres :
Rigoletto :
La Traviata :
Le Trouvère :
La Traviata :
Le Trouvère :
La Traviata :
maquette de décor pour Aïda
Ces opéras seront suivis par « Les
vêpres siciliennes » créé à Paris en 1855, « Un ballo
in maschera » (Un bal masqué) créé à Rome en 1859, « La
forza del destino » (La Force du destin) créé à Saint-Pétersbourg en
1862.
Parallèlement, il entre en politique
en devenant en 1859 député du parlement de Parme et de Modène, puis en 1861
député du premier parlement italien.
Le nom de Verdi devient le symbole de
l’Italie libre et unifiée : La mention « Viva V.E.R.D.I. » que
l’on trouvait inscrite sur les murs signifiait en fait « viva Vittorio
Emanuele Re D’Italia ».
L’art de Verdi se rapproche du grand
opéra avec « Don Carlos » créé à Paris en 1867, puis
« Aïda »en 1871. Ce dernier opéra lui fut commandé par le Khédive (vice-roi d’Egypte)
pour célébrer l’ouverture du canal de Suez. Ecoutez :
Boito et Verdi, vers 1892
Après ces succès, Verdi se retire
dans sa ferme pour y mener une vie de Gentleman farmer, mais il revient à la
composition en s’associant au librettiste Arigo Boito avec la reprise de
« Simon Boccanegra » en 1881 (dont la première version avait
été composée en 1857), et ses deux derniers chefs-d’œuvre : « Otello »
en 1887 et « Falstaff » en 1893.
Verdi a aussi composé de la musique
religieuse dont le Requiem (1874) à la mémoire de son ami le poète
Manzoni.
A la fin de sa vie, Verdi fonde une
maison de retraite pour musiciens à Milan.
Il meurt le 27 janvier 1901 à
Milan.
Lors de son enterrement qu’il avait
voulu sans musique, la foule se mit à chanter le chœur des esclaves de Nabucco
pour lui rendre hommage.
L'opéra vériste constitue le versant
musical du courant littéraire du 19e siècle qui rend compte de la
vie réelle des pauvres gens, comme dans Zola, Balzac avec la comédie humaine ou
Flaubert avec madame Bovary.
L’opéra vériste est essentiellement
italien, bien qu’on trouve en France, des œuvres comme «Louise» de Gustave
Charpentier qui peuvent s’y rattacher.
Les opéras véristes sont généralement
courts (1 ou 2 actes) et très mélodramatiques : On y trouve de grandes
phrases larmoyantes souvent doublées aux cordes, ainsi que des cris déchirants
qui ont pour but de tirer une larme à l’auditeur.
Les compositeurs véristes les plus
célèbres sont Pietro Mascagni et Ruggero Leoncavallo, mais on y associe
aussi la plupart des compositeurs d’opéra italiens de l’après Verdi de la
période 1890-1910, tels que Alfredo Catalani (1854-1893), Alberto Franchetti
(1860-1942), Francesco Cilea (1866-1950), Umberto Giordano (1867-1948),
Franco Alfano (1876-1954).
Pietro Mascagni (1863-1945)
Mascagni est essentiellement connu pour
son opéra « Cavalleria rusticana » qui connait un véritable
triomphe lors de sa création en 1890 (60 rappels pour le compositeur et
programmation dans 96 théâtres dans les mois suivants). Le livret traite
d’amour, de trahison et d’honneur dans un village sicilien.
Mascagni a composé une quinzaine
d’autres opéras dont « L’Amico
Fritz », « Guglielmo Ratcliff », « Iris »,
« Il
Piccolo Marat » et « Nerone »,
qui n’ont pas connu le même succès.
Ruggero Leoncavallo
(1858-1919)
Caruso dans le rôle de Paillasse.
En 1892, le public
milanais faisait un triomphe à son opéra « I Pagliacci »
(Paillasse) qui exploite le thème du clown obligé d’amuser les spectateurs
quand il a le cœur brisé.
En voici son air le plus
célèbre, qui illustre parfaitement le style vériste :
, (extrait)
Leoncavallo composa une
vingtaine d’autres opéras dont « La
Bohème » en 1897, peu après l’opéra de même nom de Puccini.
Giacomo Puccini est quelquefois associé
au vérisme, en particulier avec « Manon Lescaut » (1893),
« La Bohème » (1896), « Tosca » (1900) ou
« Madame Butterfly » (1904), mais son style s’en éloigne par le romantisme
et le modernisme qu’il y apporte. Au fil de ses œuvres, il se rapproche
quelque peu de Debussy et de Wagner en développant la mélodie continue au
détriment des airs séparés, et en donnant à l’orchestre un rôle essentiel.
Puccini est né à Lucques le 22 décembre
1858. Très jeune, il étudie la musique avec son père organiste et son oncle,
dans la tradition familiale. Vers quinze ans, il est inscrit à l’Institut
musical de Lucques et commence à composer. C’est une représentation de
« Aïda » de Verdi en 1876 qui lui révèle sa vocation de compositeur
d’opéra. Il entre au conservatoire de Milan en 1880 et a pour professeur un
compositeur d’opéra : Amilcare Ponchielli. A l’occasion d’un concours
d’écriture, en 1882, il compose son premier opéra « Le
Villi » qui ne remporte pas le prix mais qui obtiendra un réel succès
auprès du public lors de sa représentation en 1884 à Milan.
En 1884 il séduit et enlève la femme
d’un ami, Elvira Gemignani, dont il aura un fils et qu’il épousera en 1904.
Son deuxième opéra, « Edgar »,
créé en 1889, ne remportera lui aucun succès.
Rollando Villazon et Anna Nebretko dans la Bohème.
En 1893, il compose « Manon
Lescaut » qui est son premier succès international et qui le fera
considérer comme l’héritier de Verdi. Pour cet opéra, Puccini s’est adjoint
la collaboration du librettiste Luigi Illica, qui s’associera ensuite à Giuseppe
Giacosa pour écrire les livrets de ses 3 opéras suivants, dont « La
Bohème » en 1896. La Bohème est l’histoire d’un jeune homme
(Rodolfo) et d’une jeune fille (Mimi) qui se rencontrent, s’aiment, puis
sont séparés par la vie et se retrouvent enfin avant la séparation suprême.
, (on m’appelle Mimi)
Pour « Tosca »,
composé en 1900, Puccini et ses librettistes ont dû persuader, de manière peu
scrupuleuse, Alberto Franchetti de leur abandonner les droits qu’il avait
achetés auprès de l’auteur de la pièce originale, Victorien Sardou.
L’argument de Tosca est le
suivant :
À Rome, en 1800, Mario amant de
Tosca, accepte d’aider un prisonnier politique dans son évasion.
Le chef de la police Scarpia, est lancé
à sa poursuite et découvre très vite l’implication de Mario. Seul moyen de
parvenir à ses fins : utiliser la belle Tosca, cause de tous ses fantasmes. Mario
arrêté, Scarpia croira un instant posséder la belle, avant qu’elle ne le
poignarde. Les sombres calculs de Scarpia lui survivront : passé un bref
espoir, Mario mourra finalement exécuté, tandis que Tosca, rattrapée par son
crime, se jettera du haut du Château Saint-Ange.
Cio-Cio-San et Pinkerton dans le film de Frédéric
Mitterrand.
En 1907, Puccini compose « Madame
Butterfly », où se rencontrent l'Orient et l'Occident
à travers les amours trahies de la jeune geisha Cio-Cio-San, dite Madame
Butterfly, qui s'est éprise d'un officier de marine américain.
(sur la mer calmée)
On retrouve ce goût de l’exotisme
dans « La fanciulla del West » (La fiancée de l’Ouest) en
1910 et dans « Turandot », son dernier opéra.
Ce dernier opéra, inachevé, a été complété
par Franco Alfano et créé en 1926, 2 ans après la mort de Puccini. (Luciano
Berio a écrit un autre final pour cet opéra en 2001).
Voici un extrait de la dernière scène
de Turandot écrite par Puccini, la mort de Liù :
Comme on peut en juger par cette vidéo,
Puccini est le digne successeur de Verdi pour enthousiasmer le public
italien :
Le ténor Salvatore Licitra bissé aux arênes de Vérone
en 2010 dans le fameux air du "Turandot" de Puccini
: "Nessun dorma".
Après « la fiancée de l’Ouest » et avant
« Turandot », Puccini écrit en 1917 une opérette qu’il transforme ensuite en opéra,
« la Rondine », puis en 1918 un triptyque (Il trittico)
composé de 3 courts opéras en un acte : « Il Tabarro » (la
Houppelande), « Suor Angelica » et « Gianni Schicchi ».
Puccini meurt à Bruxelles en 1924, des suites d’un cancer de la
gorge.
Arrigo Boito, auteur de nombreux
livrets dont « Simon Bocanegra », « Otello » et « Falstaf »
pour Verdi, a aussi composé un opéra à succès : « Mefistofele»
dont il a lui-même écrit le livret.
Amilcare Ponchielli est l’auteur
de plusieurs opéras dans la tradition verdienne dont le plus connu est « La
Gioconda » sur un livret de Boito
L’OPERA FRANÇAIS
Le début du 19e siècle et le grand
opéra
Au début du 19ème siècle,
l'opéra-comique connaît un renouveau avec Boieldieu et Adam.
Boieldieu (1775, 1834) demeure
le principal compositeur français d'opéras du premier quart du XIXe siècle. Il a composé près de 40
opéras, dont « la
dame blanche » (1825).
Adolphe Adam, auteur de musiques de Ballet dont « Giselle », a aussi composé
une quarantaine d’opéras dont « le
postillon de Longjumeau » en 1836.
Mais la première moitié du 19e
siècle voit surtout la création du grand opéra français par Esprit Auber
(1782-1871) avec « La
muette de Portici » en 1828, et surtout Giacomo Meyerbeer (1791-1864),
allemand établi à Paris, avec « Robert le Diable» (1831), « les
Huguenots» (1836), « le
Prophète »(1849). C’est Meyerbeer qui fixa les canons du grand
opéra, à savoir : Cinq actes avec ballets et récitatifs, chœurs imposants,
nombreux rôles solistes, riches décors et costumes.
Nous avons vu précédemment que le grand
opéra français était largement représenté à Paris par des compositeurs italiens
tels que Rossini, Donizetti, Verdi. Il l’a été aussi par quelques compositeurs
français tels que Fromental Halévy (1799-1862), vite oublié après le
succès de « la Juive » en 1835, et par Hector
Berlioz (1803-1869) avec « Benvenuto Cellini » qui rencontra
peu de succès en 1838. Il va se poursuivre jusqu’en 1870 avec Ambroise Thomas
(1811-1896) et son opéra « Hamlet » en 1868, et de nouveau Berlioz
avec « Les Troyens » en 1869.
Quelques airs de l’opéra-comique
du début du 19e siècle
Giacomo Meyerbeer est né Jakob
Liebmann Meyer Beer le 5 septembre 1791 à Berlin. Il changea son nom quand
il se rendit en Italie où il séjourna de 1815 à 1824 pour étudier l’opéra.
Après être retourné à Berlin, il
s’installe à Paris en 1827 où il obtient en 1831 un immense succès avec
« Robert le diable », œuvre des plus significatives du
grand opéra. Avec le même librettiste, Eugène Scribe, il
compose ensuite « Les Huguenots » en 1836, puis, parmi ses
18 opéras, « Le
prophète » en 1849, « l’Etoile
du nord » en 1854, « Dinorah »
en 1859 et « l’Africaine »
créé en 1865 après sa mort.
Meyerbeer, maintenant quelque peu tombé
dans l’oubli, influença beaucoup de compositeurs d’opéra de son époque, y
compris Verdi et Wagner eux-mêmes, par le caractère grandiose de ses œuvres.
Véritable créateur de l’orchestre
moderne, Berlioz fut plus apprécié en Allemagne et en Russie qu’en France.
Sa carrière de compositeur d’opéra fut particulièrement frustrante après
l’échec de son opéra « Benvenuto Cellini » en 1838. Ses autres
opéras eurent ainsi bien du mal à s’imposer en France. La « Damnation
de Faust » ne fut jouée de son vivant qu’en version de concert, quant
à son plus grandiose opéra, « Les troyens », seuls les actes
3 à 5 furent représentés de son vivant. Son dernier opéra « Béatrice
et Bénédict » fut créé avec succès en Allemagne en 1862 mais
seulement en 1890 à Paris.
Après 1850, Gounod, Bizet et Massenet délaissent le grand opéra au
profit de tableaux plus intimistes, préférant la mélodie aux grandes envolées
lyriques.
Gounod (1818-1893)
Charles Gounod est né le 17 juin 1818
à Paris et mort le 18 octobre 1893 à St-Cloud.
Gounod fit ses études au
conservatoire de Paris et remporta en 1837 le prix de Rome. A son retour de
la villa Médicis en 1843, il exerça comme organiste avant de connaître ses
plus grands succès à l’opéra.
Gounod écrivit une douzaine d’opéras
mais il est célèbre surtout par « Faust » (1859) d’après
Goethe et « Roméo et Juliette » (1867) d’après Shakespeare.
« Faust » en particulier, et son fameux « air des
bijoux » ressassé par La Castafiore tout au long des albums de Tintin,
est encore aujourd’hui l’un des opéras les plus représentés dans le monde.
(court extrait).
On peut citer aussi « Le médecin
malgré lui » (1858) d’après Molière et « Mireille »
(1864) d’après Frédéric Mistral.
Gounod composa aussi de la musique
religieuse dont des messes, des requiem et le célèbre Ave Maria sur le premier
prélude de Bach :
Georges Bizet est né le 25 octobre
1838 à Paris et mort le 3 juin 1875 à Bougival.
Souvent dépressif et doutant de sa
propre valeur artistique, il abandonna ou retira de nombreux projets, parfois
alors même que les répétitions étaient déjà commencées. Ses œuvres les plus appréciées
aujourd’hui sont principalement sa symphonie en ut majeur (1855), ses
opéras « les pêcheurs de perles » (1863), « La
jolie fille de Perth » (1867) et « Djamileh »
(1872), les « jeux d’enfants » pour piano à 4 mains (1870), la
suite de « l’Arlésienne » (1872) d’après Daudet, et bien sur
« Carmen » (1874) qui reste l’opéra le plus joué dans le
monde.
Les opéras de Bizet furent en leur
temps assez mal accueillis par la critique qui leur reprochait leur wagnérisme.
Même « Carmen » fut accueillie froidement lors des premières
représentations : on lui reprochait l’immoralisme de Carmen et le réalisme
cru de son meurtre final. « Carmen » ne connut le succès que 6 mois
après la mort du compositeur.
Après l’échec de « Carmen »,
Bizet se retira à Bougival en état de dépression profonde, où il mourut
quelques jours plus tard.
Jules Massenet est
né le 12 mai 1842 à Montaud (Saint-Etienne) et mort le 13 août 1912 à Paris.
Auteur de 27
opéras, il est essentiellement connu pour 2 d’entre eux : « Manon »
(1884) et « Werther » (1892). Son opéra « Thaïs »
(1894) est surtout connu par la célèbre « Méditation de Thaïs »
pour violon et orchestre, qui en est extraite.
, (extrait) par Anne-Sophie Mutter.
Massenet est aussi
l’auteur de ballets, d’oratorios, de mélodies, et enseigna la composition au
conservatoire de Paris où il eut pour élèves entre autres Gustave
Charpentier, Ernest Chausson, George Enesco, Gabriel Pierné et Florent
Schmitt.
Le dernier tiers du siècle est marqué
par des compositeurs dont on a retenu surtout l’un de leurs opéras :
-Camille Saint-Saëns avec « Samson et Dalila »
(1877)
-Gustave Charpentier avec « Louise » (1900),
opéra naturaliste (proche du vérisme italien), mettant en scène des ouvriers de
Paris.
-Leo Delibes (1836-1891) avec « Le roi l’a dit »
(1873) et Lakmé (1883). Léo Delibes est aussi l’auteur de célèbres ballets tels
que « La source », « Coppélia »,
« Sylvia ».
Quelques airs de l’opéra
romantique de la fin du 19e siècle
Emmanuel Chabrier (1841-1894) surtout
connu par ses œuvres orchestrales telles « España » est aussi
compositeur d’opéras tels « L'Étoile »
(1877), « Gwendoline »
(1886), « Le
Roi malgré lui » (1887).
Autres compositeurs d’opéra français
Citons encore, parmi les compositeurs
d’opéras français du 19e siècle :
-Alfred Bruneau (1857-1934) qui fut, avec
G. Charpentier, le principal représentant du naturalisme. Il écrivit en
particulier des opéras sur des livrets d’Emile Zola (« Messidor »,
« L’ouragan », « L’enfant roi ») ou inspiré de ses romans
(« Le rêve » en 1891).
-Ernest Chausson avec « le Roi Arthus » (1895)
-Vincent d'Indy avec « Fervaal » (1897)
-Ernest Reyer (1823-1909) avec « Sigurd »,
« Salammbô »
-Henri Rabaud (1879-1949) avec « Mârouf, savetier du
Caire ».
L’OPERA ALLEMAND
Si Beethoven ouvre le 19e siècle de l’opéra allemand avec
« Fidelio », c’est Carl
Maria von Weber (que nous avons vu dans le
chapitre consacré aux compositeurs romantiques), qui crée le véritable premier
grand opéra allemand à la fois romantique et national, avec Le « Freischütz »
en 1821.
Mais c’est avec Wagner que l’opéra allemand atteint un
sommet inégalé.
Wagner (1813-1883)
Richard Wagner est né le 22 mai 1813
à Leipzig.
Il compose son premier opéra « Les
fées », à l’âge de 20 ans, influencé par « der Freitschütz »
de Weber.
En 1837, il est nommé chef
d’orchestre à Riga où il compose son premier grand opéra « Rienzi »
de 1838 à 1840.
En 1839, il se rend à Londres où il
commence la composition du « Vaisseau fantôme », qu’il termine à
Paris en 1841.
En 1842, il regagne Dresde pour la
première de son opéra « Rienzi », et s’y installe avec son épouse
Minna Planer.
De 1843 à 1849, il est maître de
Chapelle à Dresde où il compose « Tannhäuser » (1843-1845) et
« Lohengrin » (1845-1848).
En 1849 Wagner doit s’exiler en Suisse
à la suite de sa participation aux soulèvements de mai à Dresde. C’est là qu’il
rédige ses ouvrages « L’œuvre d’art de l’avenir » (1849) et
« Œuvre et drame » (1850-1851) dans lesquels il expose ses idées
esthétiques et sa notion d’« œuvre d’art total », réunissant musique,
poésie et art dramatique.
De 1852 à 1857, il compose les premiers
opéras de sa Tétralogie, « L’or du Rhin » en 1853-1854, puis
« La Walkyrie » de 1854 à 1856 et le début de « Siegfried »
en 1857. Il ne reprendra la composition de la Tétralogie que 12 ans plus tard.
Cette période voit sa liaison
passionnée avec Mathilde Wesendonk, muse qui l’inspire dans la composition de
« Tristan et Isolde » de 1857 à 1859.
La découverte de cette liaison par
son épouse l’amène à s’expatrier à Paris où il met en scène une nouvelle
version de « Tannhäuser » qui fait scandale. Mal reçu par le public
parisien, il décide de rentrer dans son pays où il commence en 1861 la
composition de son unique opéra-comique « Les maîtres chanteurs de
Nuremberg » qu’il terminera en 1867. En 1864, Wagner est reçu à Munich
par le roi Louis II de Bavière, qui devient son mécène.
En 1865, il crée « Tristan et
Isolde » à Munich, sous la direction de Hans von Bülow, en présence de
Louis II de Bavière.
Dès 1864, Wagner a une liaison avec
Cosima, épouse de Hans von Bülow et fille de Franz Liszt et de Marie d’Agoult.
En 1866, après le scandale de la
naissance d’Isolde, fille de Wagner et Cosima, il doit se réfugier avec elle à
Lucerne, où il l’épouse en 1870. C’est à Lucerne qu’il termine
« Siegfried » en 1871. En 1872, il s’installe à Bayreuth où il termine
sa tétralogie avec « Le crépuscule des Dieux » en 1874.
L'année 1876 voit la création de « La Tétralogie »
lors de l’inauguration du Festspielhaus (Palais des festivals), théâtre
entièrement consacré à ses opéras, réalisé avec l’appui financier de Louis II
de Bavière. Ce théâtre avait été conçu par Wagner dès 1850, pour pouvoir
réaliser sa conception particulière de l’opéra comme « œuvre d'art totale ».
Le Festspielhaus de Bayreuth
Depuis, le festival de Bayreuth
y a lieu chaque année en été. C’est l’un des plus prestigieux festivals du
monde, où l’on doit réserver ses places plusieurs années à l’avance. On y
représente exclusivement les 10 principaux opéras de Wagner, chaque fois dans
des mises en scènes nouvelles et quelquefois sujettes à scandale.
Entre 1872 et 1882, Wagner achève
« Parsifal » qu’il avait ébauché dès 1857, et qui sera créé lui
aussi à Bayreuth en 1882.
Richard Wagner meurt à Venise, le
13 février 1883.
L’œuvre d’art totale
Dès « Le vaisseau fantôme » (1843) et
« Tannhaüser » (1845) Wagner remplace l’enchainement d’airs, d’ensembles et de
chœurs de l’opéra traditionnel par une musique continue.
La Walkyrie : « les
adieux de Wotan »
Il donne autant d’importance à
l’orchestre qu’aux chanteurs pour lesquels aria et récitatif sont confondus en
un seul chant.
Il introduit le leitmotiv
(motif conducteur) qui est un thème qui revient tout au long de l’œuvre,
représentant une idée ou un personnage. (Nous avons déjà rencontré le
leitmotiv dans la symphonie fantastique de Berlioz sous la forme de
l’ « idée
fixe »).
Après « Lohengrin » (1848),
il élabore sa théorie de l’opéra dans différents ouvrages (« L’œuvre
d’art de l’avenir », « Opéra et drame ») où il défend l’idée d’œuvre
d’art totale dont le compositeur écrit le livret, la musique et la mise
en scène, ce qu’il réalise avec sa tétralogie, « Der Ring des
Nibelungen » (l’anneau du Nibelung).
Ses orchestrations colossales, ses
accords chromatiques, ses longues lignes mélodiques ont déchainé les passions
dans le monde musical du 19e siècle, et chacun se devait alors de
prendre position pour ou contre Wagner.
On a dit que le chromatisme extrême de
« Tristan et Isolde », et en particulier son premier accord, inaugurait
la musique du 20e siècle.
La Tétralogie « Der Ring des
Nibelung » (L’anneau du Nibelung) est considérée comme la plus grande
œuvre opératique de tous les temps. Sa composition dura 28 ans, de 1853 à
1874.
Elle comporte quatre opéras (un
prologue et 3 journées) étroitement liés par l’intrigue, et
par un ensemble de leitmotive qui réapparaissent tout au long des 4
ouvrages.
Ces quatre opéras
sont « Das Rheingold» (L’or du Rhin ), « Die
Walküre » (La Walkyrie ), « Siegfried » et
« Götterdämmerung » (Le crépuscule des dieux ). Ils sont conçus
pour être représentés lors de quatre soirées consécutives, et représentent en
tout plus de 15 heures de spectacle.
On y trouve de très nombreux
leitmotive représentant personnages, objets ou idées.
Le crépuscule des Dieux : Mort de Siegfried
Le répertoire
L’essentiel de Wagner tient en dix
opéras, pour lesquels Wagner a écrit lui-même les livrets : « Le Vaisseau
fantôme » (1843), « Tannhäuser » (1845), « Lohengrin »
(1850), « Tristan et Isolde » (1865), « Les Maîtres chanteurs de
Nuremberg » (1868), « L’Or du Rhin » (1869), « La Walkyrie »
(1870), « Siegfried » (1876), « Le Crépuscule des dieux »
(1876) – ces quatre derniers constituant le prologue et les trois journées de « L’Anneau
du Nibelung » – et enfin « Parsifal » (1882).
Hans von Bülow, également
pianiste et compositeur, est l'un des rares chefs d'orchestre du 19e
siècle dont le nom ait survécu à l'épreuve du temps.
Son nom est
indissociable de ceux de Liszt et Wagner dont il a contribué à faire
connaître la musique. Il était considéré comme l’un des plus grands
interprètes de Richard Wagner mais aussi de Ludwig van Beethoven.
Il fut l’élève de Friedrich
Wieck, le père de Clara Schumann, puis de Liszt dont il épousa la fille
Cosima en 1857. Disciple fidèle de Wagner, il dirige la création de Tristan et
Isolde en 1865 et des Maîtres chanteurs de Nuremberg en 1868. Mais Cosima le quitte pour épouser Wagner et il se sent alors trahi
par le musicien auquel il s'était jusqu'alors dévoué corps et âme.
En 1870, il
rencontre Brahms dont il devient l’ami et le plus ardent partisan, et dont
il crée la 1re symphonie en 1877 en la qualifiant de « 10e
symphonie de Beethoven ». C'est Bülow qui popularisa l’appellation
flatteuse des “trois B”, Brahms étant le troisième "B" après Bach
et Beethoven.
De 1880 à 1885, il
dirige l’orchestre de Meiningen. C’est là qu’en 1884, le jeune Gustav Mahler,
après un concert Beethoven donné par Bülow, supplie celui-ci de l’accepter
comme élève. L’année suivante, Mahler sollicite le poste de chef assistant à
Meiningen, mais c’est le jeune Richard Strauss qui décrochera finalement ce
poste.
Au cours des
années suivantes Hans von Bülow dirige les orchestres de Hambourg et de
Brême, ainsi que le prestigieux philarmonique de Berlin.
Hans von Bülow
meurt en Egypte le 12 février 1894. Ses funérailles, qui eurent lieu les 29
et 30 mars, inspirèrent Mahler pour le final de sa deuxième symphonie
“Résurrection”.
On trouvera une
biographie détaillée sur symphozik.
Autres compositeurs allemands
Dans la lignée de Weber, on peut citer Heinrich Marschner,(1795-1861)
dont l’œuvre la plus connue est « Hans
Heiling » (1833).
Albert Lortzing (1801-1851) est l'un des principaux représentants de
la variante germanique de l'opéra-comique, le Spieloper. Il est l’auteur de
« der
Wildschütz ».
Friedrich Flotow (1812-1883) est surtout connu
pour « Martha »
(1847), opéra romantique en quatre actes.
Otto Nicolai (1810-1849) est l’auteur de « Die lustigen
Weiber von Windsor » (1849), d’après « les joyeuses commères
de Windsor » de Shakespeare.
On peut aussi citer Humperdinck (1854-1921) avec« Hänsel
und Gretel » (1893) et Richard Strauss (1864-1949)avec
son premier opéra « Guntram »
(1894), deux compositeurs influencés par Wagner, et que nous retrouverons dans
le cadre du post-romantisme allemand.
L’OPERA RUSSE
L’opéra russe a été encouragé par la Grande Catherine qui, en
1783, ordonna au nouveau théâtre du Bolchoï de Saint-Pétersbourg de représenter
autant d’opéras que de pièces de théâtre.
C’est Glinka qui inaugure l’opéra romantique russe en 1836 avec
« Une vie pour le tsar ».
Il est suivi par Moussorgski, Borodine, Rimski-Korsakov et Tchaïkovski.
L’opéra russe s’inspire essentiellement du folklore et de l’histoire
russe. Pouchkine, considéré comme le fondateur de la littérature russe, a
fournit l'intrigue d'une grande partie des opéras russes de cette époque.
Glinka (1804-1857)
Mikhaïl Ivanovitch Glinka est le
fondateur de l’école musicale russe moderne. Il est le contemporain et l'ami
d'Alexandre Pouchkine, qu’il rencontre en 1828, et de Nicolas Gogol.
Glinka est né le 1er juin 1804 à Novospasskoïe en Russie.
De 1830 à 1833 il voyage en Italie où il découvre
les opéras de Bellini, Donizetti et Rossini, qui lui inspirent diverses
compositions.
D'octobre 1833 à avril 1834 il est à
Berlin où il étudie le contrepoint.
De retour en Russie, il décide de
construire une harmonie nouvelle fondée sur les particularités des chants
populaires russes.
Il se met alors à
travailler à un opéra russe «
Une vie pour le tsar » (initialement nommé « Yvan Soussanine »)
dont le sujet historique est proposé par le poète Joukovsk : Au début du 12e siècle, un paysan, Yvan
Soussanine, sauve le futur tsar Michel Romanov en sacrifiant sa propre vie. Glinka
y introduit un langage musical typique en employant des gammes par ton, des
gammes orientales … et en privilégiant les chansons et danses issues du
folklore russe.
L’opéra est créé au Théâtre Marinski,
en présence du tsar le 9 décembre 1836, et obtient un immense succès.
De 1837 à 1839, Glinka est chef de
chœur à la chapelle impériale.
Dans la lignée de son premier succès,
il projette un second opéra pour lequel il choisit une œuvre de Pouchkine, « Rousslan et Lioudmila » où le fantastique et
l'exotisme ont une large place. Cet opéra est créé le 9 décembre 1842. Il ne
rencontre pas le même succès que le précédent mais il est apprécié par Franz
Liszt qui en écrira des transcriptions.
De 1844 à 1847, Glinka séjourne à Paris
où il se lie avec Berlioz, puis en Espagne où il étudie le folklore espagnol.
Parti pour Berlin en 1856 pour y
étudier la musique religieuse, il y meurt le 15 février 1857.
Outre ses opéras, Glinka est l’auteur
de nombreuses œuvres instrumentales dont :
Le groupe des cinq a été fondé
par Mili Balakirev qui a réuni autour de lui Nikolaï Rimski-Korsakov, Alexandre
Borodine, Modeste Moussorgski et César Cui.
Ils veulent créer une musique
nationale russe en optant pour les genres les plus expressifs : l'opéra, le
ballet, et la musique symphonique.
Nous retrouverons le groupe des cinq
dans le cadre des écoles nationales.
Pour ce qui nous concerne ici, nous retiendrons les principaux
opéras écrits par ces compositeurs.
Alexandre Borodine
(1833-1887)
Borodine est l’auteur d’un seul
opéra : « Le prince Igor » qu’il ne termina pas. En effet, en
1886, alors qu’il entreprend d’achever son opéra, il s’écroule, mort, lors
d’un bal costumé.
Glazounov compléta l’œuvre avec les
parties qu’il avait entendues jouer par Borodine au piano et Rimski-Korsakov se
chargea de l’orchestration.
« Le Prince Igor » est
surtout célèbre pour ses danses polovtsiennes, qui sont souvent jouées à part
dans des concerts.
Modest Moussorgski (1839 – 1881)
Moussorgski est l’auteur d’un seul opéra achevé « Boris
Godounov » (1869-1872) et de 2 opéras inachevés « La Khovantchina »
(1872-1880) et « La Foire de Sorotchinsky » (1876-1881). Il
cherche à créer une musique purement nationale, avec un style récitatif et
mélodique s’appuyant sur la langue russe.
« Boris Godounov » est un parfait représentant
de cette musique nationale. L’histoire, en partie vraie, tirée de la
tragédie de Pouchkine, met en présence le peuple russe, véritable héros de
l’opéra, et un tsar usurpateur dévoré par son désir de puissance. D’autre
part, il glorifie la patrie en décrivant la résistance russe à l’invasion
polonaise.
Le peuple, figuré par le chœur, tient une grande place dans cette
œuvre, où résonnent en outre nombre de thèmes populaires et où s'affirme
l'ampleur des célèbres basses russes.
« La Khovantchina », nom donné à la révolte des
Princes Khovanski, devait constituer après « Boris Godounov », le
deuxième volet d’une trilogie d’opéras historiques dont le dernier ne fut
jamais composé. Il a été terminé par Rimski-Korsakov en 1886,
puis par Chostakovitch qui en a fait une autre version au 20e siècle.
Nikolaï Rimski-Korsakov (1844-1908)
Rimski-Korsakov était le membre le plus influent et le plus
connu du groupe des cinq, et orchestra plusieurs œuvres d'autres membres
après leur mort. Compositeur et théoricien de musique russe, il fut également
professeur de musique, d'harmonie et d'orchestration au Conservatoire de
Saint-Pétersbourg.
César Cui est surtout connu pour ses nombreuses critiques
musicales. C’est lui qui rédigea le manifeste du groupe des cinq.
Il a composé une dizaine d’opéras dont « Le prisonnier
du Caucase » (1858, repris en 1883), « Le fils du mandarin » (1859)
et « Le Flibustier » (1894), opéra en français.
Tchaïkovski (1840-1893)
Piotr Ilitch Tchaïkovski est surtout connu pour ses musiques de
ballets, ses symphonies et ses concertos. Il écrivit aussi une dizaine
d’opéras dont deux sont restés des standards de l’opéra : « Eugène
Onéguine » (1879) et « La dame de pique » (1890),
inspirés par Pouchkine.
Dans ces deux opéras, la musique de Tchaïkovski, d’influence
européenne, associe la musique occidentale à des éléments russes.
Ses autres opéras sont : « Le Voïvode » (1869),
« Opritchnik »(1874),
« La
pucelle d’Orléans (1881), « Mazeppa »
(1884), « Tchérévitchki »(1887), « L’enchanteresse »
(1887), « Iolanta »
(1892)
Nous retrouverons Tchaïkovski dans le cadre des écoles nationales.
Les autres compositeurs slaves du 19e siècle
A côté de la Russie, à la fin du 19e siècle, les
nationalismes qui s’éveillent en Europe s’expriment également à travers l’opéra
en ayant recours à des intrigues d'origine locales ainsi qu'à des chants
populaires.
C’est ainsi qu’en Tchécoslovaquie, « La fiancée
vendue » (1866) de Smetana (1824-1884) est considérée encore aujourd’hui
comme un véritable monument national, de même que, plus tard, « Rusalka »
(1901) de Dvorak (1841-1904).
Fibich, compositeur de musique instrumentale,
écrivit aussi une vingtaine d’opéras et musiques de scène, dont « Sarka »
(1897) et « La Chute d'Akun » (1900).
Le milieu du 19e siècle
voit la naissance de l’opérette, phénomène typiquement français.
Une opérette se caractérise d’abord par
sa structure en un acte, son caractère léger, mêlant dialogues parlés, musiques
et danses à la mode, telles que cancan, valses …
Plusieurs théâtres spécialisés
s’ouvrent à cette occasion : Le théâtre des Folies-Concertantes en 1854 et
le théâtre des Bouffes-Parisiens, ouvert en 1855 par Offenbach lui-même.
Dans les années qui suivirent,
l’opérette devint un spectacle plus important avec plusieurs actes et un style
parodique plus accentué, principalement avec Jacques Offenbach, qui qualifiera
ses œuvres d’opéra-bouffes, pour les distinguer des autres opérettes, plus
superficielles.
En Autriche, après une rencontre avec Offenbach, Johann Strauss II
se lance également dans l’opérette, sur fond de valses de Vienne.
Jacques Offenbach (1819-1880)
Jacques Offenbach, 7e
enfant d’Isaac Offenbach, cantor d’une synagogue, montra des dons précoces
pour le violoncelle. En 1833 il rejoint Paris avec son père et son frère où
il gagne d’abord sa vie comme violoncelliste, puis directeur de la musique à
la Comédie Française. En 1855, il crée le Théâtre des Bouffes-Parisiens.
Après plusieurs opérettes en un acte,
Offenbach inaugure, avec « Orphée aux enfers » en 1858, une série
d’œuvres plus ambitieuses en 3 actes qu’il désigne comme opéras bouffes.
En 1860, il obtient la nationalité
française.
Il triomphe ensuite avec « La
Belle Hélène » en 1864, puis « La vie parisienne » (1866),
« La grande duchesse de Gerolstein » (1867).
Felicity Lott dans « La
grande duchesse de Gerolstein »
Ses opéras ont un tel succès que,
lors de l’exposition universelle de 1867, ils remplissaient en permanence 3
théâtres parisiens.
Après le succès de « La Périchole »
en 1868, victime de la xénophobie de l’après guerre de 1870 (il était juif
d’origine allemande), Offenbach se voit préférer Charles Lecocq qui triomphe
en 1872 avec « La fille de madame Angot ». Mais il retrouve ensuite
le succès avec « Le roi Carotte », un opéra bouffe féérique.
En 1873, il est directeur du théâtre de
la Gaîté, puis fait une tournée aux Etats-Unis en 1876.
Le succès lui sourit de nouveau avec
ses opéras « patriotiques », très à la mode alors, que sont « Madame
Favart » (1878) et « La Fille du tambour-major » (1879).
Offenbach meurt le 5 octobre 1880 à
Paris sans avoir pu terminer son opéra fantastique « Les contes
d’Hoffmann » qui connaîtra un triomphe salle Favart en 1881.
Johann Strauss II (ou fils) est né à
Vienne le 25 octobre 1825. C’est le plus connu de la famille Strauss, son père
et ses frères étant également compositeurs.
Son père, Johann Strauss I (ou père),
fut surnommé le « père de la valse ». C’est lui en effet qui donna
ses lettres de noblesse à la valse viennoise. Il est surtout connu pour sa « Marche
de Radetzky » qui clôture traditionnellement le concert
de nouvel an donné chaque année à Vienne.
Johann Strauss fils quant à lui fut
surnommé le « roi de la valse ».
Il compose sa première valse à 6 ans,
en 1831.
Plus tard, c’est contre l’avis de son
père qu’il se destine à la musique. Il sera d’ailleurs le rival de son père
jusqu'à la mort de celui-ci.
En 1844, il forme un orchestre de 24
musiciens.
En 1848, il est nommé chef de la
musique municipale de Vienne.
En 1849, à la mort de son père, il réunit
les deux orchestres, le sien et celui de son père.
En 1860, il rencontre Jacques
Offenbach, et se lance alors dans la composition d’opérettes.
En 1863, il accède au poste de directeur
des bals de la cour.
En 1874, il crée « La
chauve-souris », opérette la plus jouée dans le monde, qui sera
suivie par « Une nuit à Venise », « Le baron tzigane » et « Cagliostro ».
Fin 1898, il termine sa dernière œuvre « Cendrillon »,
ballet dont il ne verra pas la création : II meurt à Vienne le 3 juin
1899.
Cette même année, on créa après sa mort
l’opérette « Sang viennois », montée à partir de la valse du même
nom et de partitions tirées de son catalogue.
Outre ses opérettes, Johann Strauss II
est l’auteur de centaines de valses dont certaines ont été transcrites pour
quatuor à cordes par les trois compositeurs de l’Ecole de Vienne, Alban Berg,
Arnold Schoenberg et Anton Webern.
Pour en savoir plus : Une
biographie sur Wikipédia.