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I  Introduction - Les formes musicales

II  Les compositeurs romantiques

III L'Opéra romantique

IV Evolution des instruments au 19e siècle

 

L’évolution des instruments au 19e siècle

 

 

Sommaire de ce chapitre

 

 

 

Les instruments « star » de l’époque romantique restent le piano et le violon, mais de nombreux nouveaux instruments apparaissent dans l’orchestre.

L'orgue devient orgue romantique sous l'impulsion du célèbre facteur Cavaillé-Coll.

 

 

L’orchestre symphonique 

 

Les instruments nouvellement introduits dans l’orchestre romantique sont le piccolo, le cor anglais, la clarinette basse, le saxhorn, le cornet à piston, l’ophicléide, la harpe, l’orgue, les cymbales, la grosse caisse et les cloches.

Par ailleurs, les instruments à vent évoluent significativement avec l’introduction du système Böhm pour la flûte et la clarinette, et l’invention du piston pour les cuivres tels que la trompette, le cor et le tuba.

 

 

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Evolution de l’orchestre symphonique du 18e au 20e siècle

 

 

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Disposition de l’orchestre symphonique au 19e siècle.

 

 

Ambitus des instruments

On appelle ambitus d'un instrument l'étendue de son échelle sonore, de sa note la plus grave à sa note la plus aigüe. L'ambitus est différent de la tessiture qui désigne l'étendue dans lequel une voix chante au mieux ou un instrument "sonne bien".

 

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(Source : musicaltoronto.org)

 

Voir aussi tessiture des voix

 

 

 

Instruments à vent

 

Instruments à vent : Les bois

Evolution de la flûte au 19e siècle

 

En 1832, un flûtiste virtuose allemand, Théobald Böhm (1794-1881) de Munich, met au point  un nouveau système de clés qui va entraîner une véritable révolution technologique dans la facture de l'instrument.

Par rapport aux systèmes précédents (appelés systèmes simples), le  système Böhm présente un mécanisme beaucoup plus complexe, comprenant des clés montées sur des tiges et des ressorts.

 

Le système Boehm

Boehm fit sa première flûte en 1810. C’était une flûte à 4 clés.

Il fonda son atelier en 1828 à Munich, où il produisit des flûtes à système simple, légères, à petits trous, pour lesquelles il composa de la musique pleine de virtuosité.

Mais ces flûtes présentaient des problèmes de justesse et étaient peu puissantes.

D’après Boehm lui-même, c’est la sonorité puissante du flûtiste anglais Nicholson qui lui donna l’idée de renouveler la facture de la flûte.

Boehm mit alors en œuvre, en 1832,  un système de clés, tel que tous les trous sont ouverts au repos, chaque clé devant être actionnée pour fermer un trou. Les trous furent percés plus grands et  positionnés de manière idéale, résultant en un écartement plus grand à mesure qu’on s’éloigne de l’embouchure. Ceci a permis de gagner en justesse par le positionnement des trous, et en puissance par leur plus grande dimension.

Cette nouvelle flûte est connue sous le nom de flûte conique Boehm 1832.

 

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Flûte conique système Boehm 1832.

 

Pour permettre aux neuf doigts disponibles de commander les quatorze trous de tonalité, Boehm conçut un mécanisme complexe mettant en jeu des clés pleines et des clés en anneaux montées sur des tiges et des ressorts.

L’utilisation de touches pleines et de touches en anneau permet de fermer  deux trous à la fois par un seul doigt.

 

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Dans l’exemple ci-dessus, jouer G ferme un trou (G), jouer E, F ou F# entraine aussi la fermeture de G. En effet, F et E sont sur le même axe que G, et l’axe de F# comporte un levier venant presser la touche G.

 

En 1847, Boehm perfectionna son système afin d’obtenir plus de puissance dans les graves, et plus de justesse dans la troisième octave.

Après de nombreux essais, il choisit d’utiliser une forme cylindrique pour le corps. Ceci permit de réaliser des trous plus grands mais, de ce fait plus difficiles à fermer par des doigts fins, de sorte que les anneaux disparurent progressivement au profit de clés pleines avec tampons.

Pour améliorer la justesse sur les 3 octaves, Boehm donna une forme conique parabolique, à la partie interne de  l’embouchure.

 

Les premières flûtes cylindriques de Boehm étaient en métal. Boehm utilisa d’abord l’argent, puis le bois, enfin le bois associé à une tête métallique. Peu à peu, la flûte de Boehm évinça la flûte baroque et les autres types qui avaient succédé à cette dernière.

 

Böhm  inventera également en 1855 la flûte alto ou flûte en sol, plus grave d’une quarte (le do grave écrit correspond au sol grave de la flûte).

 

 

 

 

Evolution de la clarinette au 19e siècle

 

Après la période classique, le nombre de clés évolue jusqu’à 10 clés avec les concertos de Weber, et 17 clés et 4 anneaux avec le Quintette de Brahms, intégrant le «système Böhm» développé pour la flûte en 1832 et 1847.

En 1810, Heinrich Bärmann (1784-1847) proposa de retourner le bec, positionnant ainsi l'anche sur la lèvre inférieure du musicien, afin d’adoucir et de mieux maîtriser la sonorité.

En 1812, Iwan Müller ajouta treize clés supplémentaires permettant d’obtenir la gamme chromatique complète.

Entre 1839 et 1843, la clarinette fut perfectionnée par le facteur d'instruments Auguste Buffet et le clarinettiste Hyacinthe Klosé qui appliquèrent le système Boehm, précédemment mis au point  pour la  flûte (Voir cet instrument), et qui est aujourd’hui le plus utilisé.

Il existe néanmoins 2 autres systèmes qui sont le système Oehler, utilisé en Allemagne et en Autriche, et le système Albert utilisé en Europe centrale et en Turquie

 
Le système Boehm

Ce système a d’abord été développé pour la flûte puis adapté à la clarinette, le hautbois et le saxophone.

Il repose sur les principes suivants :

La position des trous correspondant à chaque note est déterminée de manière optimale, sans tenir compte de la position des doigts. Elle  est mesurée par rapport à la longueur totale du tube qui donne la note fondamentale.

Un système complexe de clés à correspondances (une clé pouvant en actionner plusieurs) permet de boucher tous les trous avec simplement 9 doigts.

Avec ce nouveau système :

-  La  production des sons aigus est plus facile

-  La sonorité est meilleure et plus homogène

-  La justesse est nettement supérieure

-  Les doigtés dits fourchus sont supprimés.

 

Une clarinette utilisant le système Boehm, dispose d’un grand nombre d’éléments mobiles comprenant touches, paliers, axes, vis et ressorts, participant  à la manipulation de 17 tampons obturant autant d'orifices inaccessibles avec les doigts.

 

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Eléments servant à la fabrication d'une clarinette
(Musée des instruments à vent de la Couture-Boussey)


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La famille des clarinettes

 

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(Musée des instruments à vent de la Couture-Boussey)

1 : Clarinette sopranino en lab aigü.

2 : Clarinette sopranino en mi\flat aigü.

3 :Clarinette soprano en ut.

4 : Clarinette soprano en si\flat.

5 : Clarinette soprano en la.

6 : Clarinette alto en mi\flat.

7 : Cor de basset (aussi appelé clarinette alto en fa)

8 : Clarinette basse.

9 : Clarinette contrebasse.

 

 

Le cor anglais

 

Le 19e siècle voit l’introduction du cor anglais dans l’orchestre symphonique. On le trouve entre autres chez Berlioz dans la «symphonie fantastique» et «Harold en Italie», dans le concerto pour piano n°1  de Chopin, dans l’ouverture de «Guillaume Tell» de Rossini.

 

Rappelons que le cor anglais n’est pas un cor mais qu’il appartient à la famille des hautbois. C’est un hautbois grave, accordé en fa, au  pavillon en forme de poire.

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Le cor anglais a pris différentes formes : droit, courbé, en angle mais à la fin du 19e siècle, il devient définitivement droit, se confondant avec le hautbois moderne.

 

Le saxophone

 

Contrairement à ce que laisserait penser son aspect cuivré, le saxophone n’appartient pas à la famille des cuivres mais à celle des bois. Il est en effet équipé d’un bec à anche simple, comparable à celui de la clarinette. Il se distingue de ce dernier instrument en particulier par sa perce conique au lieu de cylindrique.  Il a été inventé en 1846  par Adolphe Sax.

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Le saxophone est un instrument transpositeur. Il est le plus souvent accordé, selon sa taille, en mi\flat ou si\flat.

 

Le saxophone comprend  5 parties : le bec auquel est fixée l’anche simple, le bocal, le corps (conique) muni de 19 à 22 clés selon le système Boehm,  la culasse et le pavillon.

 

La famille des saxophones d’Adolphe Sax comprenait les membres suivants : le  sopranino, le soprano, l'alto, le ténor, le baryton, la basse et la contrebasse, dont les plus utilisés sont les suivants :

 

saxophone basse

en si\flat

saxophone baryton

 en mi\flat

saxophone ténor

en si\flat

saxophone alto

en mi\flat

Saxophone soprano

en si\flat

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Le saxophone reste assez peu utilisé dans la musique classique du 19e siècle. On le trouve néanmoins  chez Berlioz, Bizet, Delibes, Massenet, Saint-Saëns … mais surtout dans la musique militaire.

Il sera beaucoup plus utilisé au 20e siècle avec Milhaud, Ravel, Hindemith, Jacques Ibert, André Jolivet …  ainsi que dans la musique contemporaine, et surtout dans le jazz dont il devient un instrument privilégié.

 

 

 

 

Instruments à vent : Les Cuivres

 

L’invention du piston

 

Comme on l’a vu précédemment (période baroque), les cuivres sans piston n’émettent que les harmoniques naturelles d’un son fondamental. L’harmonique jouée dépend de la pression de l’air fournie par l’instrumentiste.

En modifiant la longueur du circuit d’air, on change de note fondamentale et on obtient un nouveau jeu d’harmoniques, permettant  ainsi de couvrir tous les demi-tons de l’ambitus de l’instrument. C’est ce que l’on a essayé de faire au 18e siècle par la technique du bouchage, par l’utilisation de clés ou encore d’une coulisse.

La grande invention du XIXe pour la famille des cuivres est le piston, qui permet de changer la note fondamentale avec précision, grâce au réglage de la longueur du tuyau additionnel qui lui est associé.

 

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Principe du piston.

 

Le  piston, apparu sur un cor vers 1815, est adapté au cornet à piston et  à la trompette vers 1820 par Stölzel, puis mis au point par Périnet en 1839.

 

 

Le cornet à piston

 

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Le cornet à pistons est le premier instrument, après le cor,  à bénéficier de l'invention des pistons en 1820.

Son tube conique lui donne un son plus doux que la trompette. C’est un instrument soprano, généralement en si\flat ou en la.

 

Les premiers cornets étaient munis de 2 pistons puis de 3.

Le cornet à pistons a été très vite employé dans la musique classique,  par Rossini, Berlioz dans sa symphonie fantastique, puis par Bizet dans Carmen et Tchaïkovski dans le lac des cygnes.

 

 

La trompette

 

La trompette bénéficia elle aussi de l’invention des pistons vers 1820, lui permettant ainsi de jouer toutes les notes de la gamme.

La trompette moderne comprend une embouchure, un tube cylindrique, 3 pistons et un pavillon.

Les 3 pistons peuvent être actionnés  séparément ou ensemble par 2 ou par 3.

 

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Les trompettes les plus utilisées sont la trompette soprano en si\flat, la trompette en ut surtout utilisée dans les orchestres symphoniques et pour certains concertos pour trompette, et la trompette piccolo en si\flat  surtout utilisée dans le registre aigu, dit  clarino, de la musique baroque.

D’autres trompettes (en mi\flat, en sol, en ré …) existent mais sont assez peu utilisées.

 

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La trompette est le plus souvent équipée de pistons de type « Périnet », mais on trouve aussi des trompettes équipées de pistons rotatifs.

 

 

La sourdine

 

 

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La note et le volume de la trompette peuvent aussi être modifiés à l'aide d'une sourdine. La plus courante est la sourdine sèche utilisée en musique classique, pour atténuer le son de la trompette. Elle en modifie aussi quelque peu le timbre

 

 

 

Le barillet

 

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Trompette à barillet

Le barillet permet, sur certains trompettes, d’en modifier l’accord, passant par exemple de la tonalité de si\flat à la tonalité de do. Il comporte un bouton circulaire qui commande une valve qui commute 2 coulisses de longueurs différentes.

 

 

 

Le cor d’harmonie

 

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Au 19e siècle, le cor, comme les autres cuivres, devient chromatique en se voyant équiper de pistons.

Contrairement à ce que laisse supposer son nom anglais de « French horn », le cor d’harmonie est de conception plus allemande que française.

 

Le cor simple à 2 pistons a été inventé par Stölzel en 1815, puis Pierre-Joseph Meifred met au point le système à trois pistons qui va révolutionner la pratique du cor.  Le cor simple à 3 pistons peut être en fa, en si\flat ou en mi\flat.

 

Le cor double, développé ensuite par Fritz Kruspe, combine le cor en si\flat et le cor en fa par l’utilisation d’un 4e piston qui permet de déplacer l’accord général d’une quarte (de fa à si\flat).

 

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Cor simple à 3 pistons

 

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Cor double complet

 

 

 

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Principe du piston rotatif

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Pistons rotatifs
actionnés par les palettes

 

C’est en Allemagne  vers 1830 que fut inventé le piston rotatif. qui équipe maintenant les cors utilisés  dans la plupart des orchestres.

 

 

Le cor viennois est un cor simple en fa exclusivement utilisé par l’orchestre philarmonique de Vienne, qui se distingue par ses pistons (les pistons viennois) et son tube conique et plus étroit, ce qui en rend le son plus proche du cor naturel.

 

 

 

L’ophicléide

 

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Caricature de J.J. Grandville montrant  Berlioz dirigeant un monstrueux orchestre incluant un ophicléide géant.

L’ophicléide (serpent à clé) comme son étymologie l’indique, dérive de l’ancien serpent que l’on a muni de clés. Il a été inventé en 1817 et a été utilisé à l’église, ainsi que dans les fanfares et dans l’orchestre symphonique, en particulier par Berlioz dans sa symphonie fantastique.

 

L’ophicléide, dont le timbre était très inégal  dans sa gamme de fréquences, a rapidement été remplacé par les tubas, beaucoup plus performants.

 
Les saxhorns et les tubas

 

Les premiers tubas ont été construits  par JG Moritz en 1835, et par W. Schuster dans les années 1830 également.

 

C’est en partant de ces premiers tubas qu’Adolphe Sax développe en 1845 une nouvelle famille d’instruments appelés les saxhorns. Cette famille comprend 7 tailles d’instruments, du soprano à la contrebasse.  Ils étaient  surtout utilisés dans la musique militaire.

 

Les familles des tubas et des saxhorns sont intimement liées :

Les saxhorns contrebasse deviennent les tubas basse.

Le terme simple de saxhorn désigne alors le saxhorn basse en si\flat.  L’Euphonium, ou Tuba ténor, est une évolution de ce dernier.

Le terme simple de baryton désigne quant à lui le saxhorn  baryton.

 

La famille des saxhorns et des tubas


SAXHORNS

TUBAS

Bugle mi\flat (soprano)

 

Bugle si\flat (contralto)

 

Alto mi\flat

 

Saxhorn baryton (baryton)

 

Saxhorn basse en si\flat (saxhorn)  =>

Tuba ténor en si\flat, ou euphonium

 

Tuba en ut à 6 pistons  « français »

Saxhorn contrebasse en mi\flat =>

Tuba basse en mi\flat

Saxhorn contrebasse en si\flat=>

Tuba basse en si\flat

 

Tuba basse  en fa

Tuba contrebasse en ut ou en si\flat

Sousaphone

Hélicon.

 

Les tubas, comme les saxhorns, sont de perce conique. Leur timbre est plus doux que celui des trompettes et des trombones, comme le montre la vidéo suivante :

 

 

 

Sousaphone-3.jpg

Joueurs de sousaphone

Les principaux tubas utilisés aujourd’hui sont :

-  le tuba ténor en si\flat, ou euphonium très proche du saxhorn basse, qui est surtout utilisé dans les orchestres d’harmonie.

-  le tuba basse en si\flat, dérivé du saxhorn contrebasse,  surtout utilisé dans l’orchestre symphonique.

-  le tuba contrebasse en ut ou en si\flat.

 

La famille des tubas comprend également le sousaphone et l'hélicon principalement utilisés dans les fanfares d’harmonie.

 

 

 

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Tuba basse en fa de 1850

(musée tchèque de la musique)

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Tuba ténor, ou Euphonium, de 1890

 

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Tuba contrebasse

De la fin du 19e siècle.

(musée de la musique Paris)

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Hélicon, ou bugle contrebasse

De la fin du 19e siècle.

(musée tchèque de la musique)

 

Le Tuba wagnérien

 

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Le tuba wagnérien est un cor double à pistons en fa/si\flat, enroulé à la manière d’un tuba, ou encore : un tuba ténor avec une embouchure de cor.

  Il a été conçu par Adolphe Sax en 1876 à la demande de Richard Wagner pour être utilisé dans sa tétralogie.

Le tuba wagnérien a également été utilisé par la suite par d’autres compositeurs dont  Richard Strauss, Schönberg et Stravinsky.

 

 

 

Instruments à cordes

 

La famille des violons

 

Au 19e siècle, violons, altos, violoncelles et contrebasses  restent les instruments vedettes de la musique symphonique et de la musique de chambre.

 

De nouveaux  instruments à cordes apparaissent à cette époque mais resteront très confidentiels.

 

L’Arpeggione

 

L’arpeggione, inventé en 1823 par J.G. Staufer à Vienne, est un instrument  combinant :

-        du violoncelle : la dimension et l’usage de l’archet

-        de la guitare : l’aspect, les 6 cordes accordées mi, la, ré, sol, si, mi, et les frettes du manche.

 

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Nicolas Deletaille et son arpeggione.

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L’arpeggione ne comporte pas de pointe de sorte qu’il doit être maintenu entre les jambes pour être joué. Les cordes sont disposées en cercle comme sur le violoncelle, pour pouvoir jouer une seule ou deux notes à la fois avec l’archet.

L'ambitus de l'arpeggione est proche de celui du violoncelle (de mi 1 à mi 5 sur 4 octaves) de sorte que les rares œuvres écrites pour arpeggione sont le plus souvent jouées au violoncelle.


La plus connue (pour ne pas dire la seule connue) de ces œuvres est la très belle sonate écrite par Schubert pour cet instrument, la sonate D. 821 pour arpeggione et piano. La voici interprétée sur arpeggione par Nicolas Deletaille, accompagné au pianoforte par Alain Roudier :

1er mouvement :

2e et 3e mouvements

 

 

 

L'octobasse

 

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Thierry Barbé à l’octobasse.

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L’octobasse a été créée en 1849 par J.B. Vuillaume. C’est une contrebasse à 3 cordes accordée une octave au-dessous de la contrebasse normale, et qui mesure entre 3 et 4 m de haut.

 

 Elle est équipée d’un système de leviers  qui actionnent des «doigts» métalliques placés sur les cordes au niveau du manche.

 

L’octobassiste Nicola moneta a consacré un site à cet instrument : Sito ufficiale dell'Octobasse

 

 

 

La harpe  chromatique

 

Jusqu’au 17e siècle, la harpe est un instrument diatonique. Son évolution en un instrument chromatique se fait en 2 temps :

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Mécanisme à crochets

1)  18e siècle : Système à simple mouvement.

En 1720,  J.Hochbrucker met au point un système de crochets actionnés mécaniquement par des pédales, permettant  de raccourcir les cordes pour obtenir le demi-ton supérieur.

Vers 1780 : G.Cousineau remplace les crochets par des béquilles remplissant le même rôle en pinçant la corde sans décaler les cordes du plan principal. (ce qui était le cas avec les crochets), mais les béquilles cassent facilement les boyaux, et en 1799, il remplace les béquilles  par des chevilles tournantes.

 

2)  19e siècle : Système à double mouvement.

En 1794, Sébastien Erard met au point une mécanique fondée sur des fourchettes, puis en  1811, il met au point le double mouvement, qui permet à chaque corde de subir deux altérations, et donc de jouer trois hauteurs : bémol si la pédale est relâchée, bécarre si elle est bloquée sur le cran du milieu, et dièse si elle est enfoncée.

 

Mécanisme à fourchettes à double mouvement

 

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Détail des fourchettes

 

Lorsqu’on enfonce la pédale à mi-course,, tous les disques supérieurs associés à cette pédale tournent et raccourcissent la partie vibrante, augmentant la note d’un demi-ton (bémol à bécarre). Lorsque la pédale est enfoncée à fond, les disques inférieurs viennent raccourcir encore la corde, augmentant la note d’un demi-ton supplémentaire (bécarre à dièse).



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Harpe de Sébastien Erard, vers 1815-1826
(Musée tchèque de la musique-Prague)

A la fin du 19e siècle, la société Pleyel créa une harpe chromatique sans pédale comportant 78 cordes en deux plans croisés : un plan de cordes pour les bécarres, un plan pour les bémols et dièses. Mais elle n’arriva pas à s’imposer et c’est la harpe à pédales basée sur le système Erard  qui est utilisée aujourd’hui.

 

Celle-ci  comporte 47 cordes accordées sur l’échelle de do bémol majeur (soit un ambitus de plus de 6 octaves) et 7 pédales correspondant aux 7 degrés altérables de la gamme.

 

Ces perfectionnements ont permis à la harpe de s’intégrer plus facilement à l’orchestre symphonique, en particulier avec Berlioz, puis Wagner, Tchaïkovski et Mahler, ainsi que dans l’opéra romantique.

Elle aura beaucoup de succès au 20e siècle avec Debussy, Ravel et Roussel.

 

 

 

 

 

Instruments à clavier

 

Le piano

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Piano Erard de 1833

 

Au 19e siècle, le piano connait des évolutions importantes qui vont permettre aux compositeurs romantiques de donner le meilleur d’eux-mêmes pour cet instrument.

 

Deux noms ressortent principalement dans cette évolution : Sébastien Erard (que nous avons déjà rencontré à propos de la harpe) et Henri Pape.



L’évolution la plus importante est sans doute la mécanique à  double échappement (ou à répétition) qui permet la répétition rapide d’une même note.  Ce système, mis au point  en 1822 par Sébastien Erard,  améliore également le toucher,  permettant ainsi de mieux contrôler le jeu pianistique et d’augmenter la virtuosité. Cette mécanique sera améliorée et breveté par son neveu Pierre Erard en 1833, et équipera progressivement tous les pianos à queue jusqu’à nos jours.

 

Principe du double échappement

 

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La mécanique à double échappement fait intervenir un levier de répétition (5)  associé à un ressort (6). Celui-ci pousse le marteau (3) vers le haut par le levier de répétition et le levier d’échappement (4) vers le bas.

Après avoir joué une note en enfonçant la touche(1), le marteau (3) est tenu par l’attrape (2).

Dès que l’on relâche la touche (1), le marteau (3) se libérant de l'attrape (2) est aussitôt replacé par l’action du ressort (6) et du levier de répétition (5) au-dessus du levier  d'échappement (4), permettant de rejouer la note  avant que l’on ait relâché entièrement la touche (1). Ainsi, il suffit de relever la touche de deux millimètres pour permettre à une nouvelle note d’être jouée.

 

Par ailleurs, Sébastien Erard a créé en 1810 le pédalier du piano à queue toujours présent sur les pianos modernes.  Ce pédalier comprend 2 pédales :

-        La pédale de gauche dite douce ou « una corda»,  qui déplace l’ensemble des marteaux de manière que 2 cordes par note au lieu de 3 soient jouées.

-        La pédale de droite dite forte  qui maintient tous les étouffoirs soulevés, laissant les cordes vibrer librement.

 

Sur certains pianos modernes, on trouve une  3e pédale au milieu, dite tonale ou sostenuto, qui permet de maintenir relevés les étouffoirs des notes jouées, et seulement celles là.

 

Sur les pianos droits, la pédale douce ne déplace pas les marteaux mais les rapproche des cordes de manière à diminuer la vitesse de frappe.

 

 

Henri Pape, facteur allemand installé à Paris, apporte de son côté de nombreuses améliorations :

 


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Les cordes filées équipant les notes les plus graves du piano.


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Feutre « Henri Pape » en poil de lapin d’un piano Pleyel de 1845.

-  En 1813, il utilise des cordes filées de cuivre.

-  En 1826, il introduit l’emploi de feutre pour recouvrir les têtes des marteaux.

-  En 1827, il utilise des cordes en acier trempé permettant une plus grande force de traction.

-  En 1828, il invente le système des cordes croisées qui améliore la stabilité mais surtout le son car cela permet un meilleur positionnement des chevalets sur la table d'harmonie.

-        En 1844, il construit le premier piano à queue à huit octaves.

 

Par ailleurs, le cadre en fonte est breveté aux États-Unis par Alpheus Babcock en 1825 et   sera adopté en France par PLEYEL. En 1866, Carl RÖNISCH développe le premier cadre en fonte blindé complet à cinq brides qui est le cadre de référence utilisé aujourd’hui dans la fabrication des pianos à queue.

 

Toutes ces améliorations résultent souvent d’une étroite collaboration entre les facteurs de piano et les compositeurs. Ainsi, en 1803 Beethoven se voit offrir un piano par Sébastien Erard, à qui il suggèrera des modifications. Liszt quant à lui commande ses instruments à Erard et Chopin  travaille avec Pleyel.

 

 

 

L’harmonium

 

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Harmonium Alexandre & fils -1844-1855

L’harmonium a été inventé en 1842 par Alexandre-François Debain, en s’appuyant sur l'orgue-expressif à anche libre inventé par  Gabriel Joseph Grenié en début de siècle.

 

L’harmonium s’apparente à l’orgue du fait que c’est un instrument à clavier avec soufflerie, muni de différents registres. Sa principale spécificité  est l’utilisation d’anches libres.

 

 

Anche libre 

Les tuyaux de l’orgue sont remplacés par des anches libres : L’anche libre, contrairement à l’anche de l’orgue à tuyaux, peut vibrer de part et d’autre de son axe avec une amplitude variable, permettant ainsi une expressivité, du piano au forte. C’est le type d’anche que l’on trouve également dans l’harmonica et l’accordéon.

 

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Anche libre

 

La hauteur du son dépend essentiellement de la longueur de la lame, la rondeur du son dépendant de sa largeur.

 

Soufflerie

La réserve d’air de la soufflerie est alimentée par une pompe à pied. Un mode « expression » permet d’alimenter directement les tuyaux par la pompe à pied sans passer par la réserve d’air, permettant ainsi d’utiliser l’expressivité des anches libres (c'est-à-dire de jouer plus ou moins fort en fonction de la production d’air au pied).

 

Jeux et Registres

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Un sommier équipé de ses jeux d’anches.

En jouant sur les 2 paramètres longueur et largeur de la lame des anches, on peut définir différentes sonorités et donc différents jeux.

Un jeu est un ensemble d’anches associées à toutes les notes du clavier.

En fait le clavier est généralement séparé en 2 parties, « basses » et « dessus ».  Dans l’harmonium traditionnel, à chacune de ces parties sont associés 4 demi-jeux, plus  un demi-jeu dans le dessus appelé « Voix céleste ».

 

Les jeux d’anches sont alimentés séparément en air par l’intermédiaire de soupapes commandées par des tirettes appelées registres. Un registre peut ainsi alimenter un jeu d'anches ou une combinaison de jeux d’anches, multipliant les possibilités de sonorités de l’instrument.

 

L’harmonium a été produit en grande quantité au 19e siècle, particulièrement pour équiper les églises qui n’avaient pas les moyens de s’offrir un orgue.

Mais des compositeurs du 19e siècle tels que Berlioz, Bizet, Dvorak ou César Franck ont aussi écrit des œuvres pour harmonium. On le trouvera également intégré dans l’orchestre au 20e siècle chez Honegger dans « Le roi David », chez Richard Strauss dans « Ariane à Naxos », chez Tchaïkovski dans la symphonie « Manfred » ou chez Gustav Mahler dans la 8e symphonie.

Au milieu du 20e siècle, l’harmonium tend à tomber en désuétude, pour être remplacé par les orgues électroniques.

 

En savoir plus ici : Qu’est ce qu’un harmonium ?

 

 

 

L’orgue symphonique

 

Pendant la période classique, l'orgue va quasiment disparaître du registre musical  au profit de l'orchestre symphonique. Il renait avec le romantisme, et des compositeurs tels que César Franck et Félix Mendelssohn Bartholdy.

 

Au 19e siècle, l’orgue romantique, puis symphonique,  est principalement l’œuvre des Walker en Allemagne, de Joseph Merklin en France, qui intégra l'électricité à ses orgues  avec son système électropneumatique,  et surtout du plus célèbre facteur d’orgue de tous les temps, considéré comme le Stradivarius de l’orgue, Aristide Cavaillé-Coll (1811-1899).

Ces facteurs repensèrent l’orgue en fonction de la nouvelle esthétique orchestrale.

 

Joseph Merklin a été le principal et plus direct concurrent d'Aristide Cavaillé-Coll. Vers la fin de sa carrière, Joseph Merklin s'est définitivement démarqué de son concurrent en intégrant l'électricité à ses orgues, avec le système électropneumatique "Schmoele & Mols" dont il était le concessionnaire exclusif en France.

 

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Aristide Cavaillé-Coll est issu d’une famille de facteurs d’orgue, par son grand-père Jean-Pierre Cavaillé  et son père Dominique Cavaillé-Coll, qui travaillèrent  dans le sud de la France et en Espagne.

En 1833, il s'installa à Paris pour réaliser un petit orgue pour la représentation d’un opéra de Rossini.

C’est cette même année qu’il  remporta un appel d’offre pour doter la Basilique Saint-Denis de grandes orgues. Il commença alors à construire un orgue totalement révolutionnaire pour l’époque et qui reprenait toutes les dernières innovations de son temps.

 

 

Parmi les modifications d’ordre mécanique adoptées ou mises au point par Cavaillé-Coll,  citons :

  • La pédale de tirasse permettant de jouer avec la pédale les notes d’un ou de plusieurs claviers accouplés.
  • Les boîtes expressives : Ce sont des caissons munis d’un ensemble de volets mobiles qui peuvent être commandés de la console, permettant de modifier le volume du son.
  • L’amélioration de l’alimentation en air pour différencier les pressions selon les besoins.
  • Le pédalier à l’allemande, aux touches plus longues que le pédalier à la française, permettant ainsi de jouer avec les pointes et les talons.
  • La machine Barker permettant, par assistance pneumatique, d’alléger la dureté du clavier sur les orgues de grande taille et vaincre ainsi la résistance des claviers accouplés.

Le principe de la machine Barker est le suivant :
Chaque touche de chaque clavier est associée à un levier pneumatique commandant une soupape du sommier.
Une faible pression sur la touche du clavier suffit à commander les valves d’entrée 1 et de sortie 2. La valve 2 ferme la sortie du compartiment du levier pneumatique 3, qui se gonfle sous la  pression de l’air admis par la valve 1,  et transmet ainsi la commande au sommier.

Le principal inconvénient de la machine Barker est son temps de réponse lié au temps de gonflage et surtout de dégonflage du levier pneumatique après relâchement de la touche,  du fait que la valve de sortie 2 doit être assez petite pour être commandée sans effort par le clavier.

 

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Eléments constitutifs de l’orgue

 

Ces modifications permettent plus de virtuosité, et de passer insensiblement du pianissimo (bourdon de récit, boîte expressive fermée) au tutti, tous claviers accouplés, répondant ainsi à l’attente des compositeurs romantiques.

 

Cavaillé-Coll apporte  également un certains nombre de modifications au niveau de l’harmonie :

-        il introduit la famille des jeux dits « gambés » qui, plus étroits que les autres, donnent l'impression d'un jeu de cordes, et multiplient l'emploi des harmoniques.

-        Il introduit également des jeux « harmoniques » tels que les flûtes harmoniques, les trompettes harmoniques. 

Les tuyaux de flûte harmonique et de trompette harmonique ont des longueurs doubles de la normale. C’est un petit trou pratiqué à mi-hauteur dans le tuyau qui permet de remonter la note une octave plus haut.  Ainsi, une flûte harmonique (dite aussi octaviante) de 4' a des tuyaux de même hauteur que les 8' ouverts. Elle attaque comme un 8', puis tient sa note en 4', ce qui donne une clarté toute spéciale au son.

 

La technique de l’entaille qui se généralise,  permet d’accorder les tuyaux qui n’ont dès lors plus besoin d’être coupés à une longueur précise, mais aussi d’en modifier le timbre. Elle permet ainsi à l’harmoniste, en réglant les proportions de l’entaille, de créer de nouveaux timbres.

De même pour les bourdons, qui sont des tuyaux fermés, l’accord s’effectue en faisant coulisser la « calotte »,  c'est-à-dire la partie bouchon du tuyau.

 

La 2e moitié du 19e siècle vit aussi l’introduction de la transmission électrique du clavier au sommier, et de ventilateurs électriques pour l’alimentation en air.

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L’orgue Cavaillé-Coll de la basilique de St Denis

 
Quelques références

 

Un lexique de l'orgue sur Wikipédia

 

Les caractéristiques sonores des orgues Cavaillé-Coll sur le site de Laurent PLET, facteur d'orgue.

 

Le site de l'Association Cavaillé-Coll : Cavaille-coll.com

 

 

Le répertoire d’orgue du 19e siècle.

 

Les premiers grands compositeurs romantiques pour l’orgue sont Félix Mendelssohn (1809-1847) et Franz Liszt (1811-1886), mais le plus grand  représentant de l’orgue romantique orchestral est sans conteste César Franck (1822-1890).

Brahms a également écrit quelques œuvres pour orgue. Parmi les autres grands compositeurs d’orgue du 19e siècle, on trouve Léon Boëllmann (1862-1897), Marc Reger (1873-1916), Camille Saint-Saëns (1835-1921), Charles-Marie Widor (1844-1937), Louis Vierne (1870-1937), Charles Tournemire (1870-1939).

 

Les  20e et 21e siècles verront :

Marcel Dupré, Maurice Duruflé, Jean Langlais, Olivier Messiaen, Gaston Litaize, Jehan Alain, Pierre Cochereau, Jean Guillou, Jean-Pierre Leguay, Daniel Roth, Jean-Louis Florentz, Thierry Escaich.

 

 

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