Compositeurs et mouvements musicaux
La musique en Allemagne au 20e siècle
Sommaire de ce chapitre
Introduction
Paul Hindemith
Kurt Weill
Carl Orff
Autres compositeurs allemands et autrichiens
Introduction
En Allemagne et en Autriche, le 20e siècle est
principalement marqué par l’Ecole
de Vienne, avec Schönberg, Berg et Webern, que nous avons traitée
dans le chapitre consacré au dodécaphonisme, ainsi que par Stockhausen
(1928-2007), compositeur dodécaphoniste et de musique électronique, traité lui
aussi dans le chapitre consacré au dodécaphonisme.
Nous avons également évoqué Hans
Werner Henze (1926-2012) dans ce même chapitre.
D’autres compositeurs allemands du 20e siècle ne se
sont pas ralliés au dodécaphonisme de l’Ecole de Vienne. C’est le cas de Paul
Hindemith, Kurt Weill et Karl Orff.
Paul
Hindemith (1895-1963)
Paul Hindemith est né à Hanau le 16
novembre 1895.
Il étudie le violon dès l’âge de 9
ans. Il devient violon solo de l’Orchestre de l’Opéra de Francfort de 1915 à
1923, puis altiste du quatuor à cordes de son professeur Rebner.
En 1927, il est nommé professeur de
composition au conservatoire de Berlin.
Dans les années 1920, Paul Hindemith
cultive la « Gebrauchsmusik » (musique utilitaire,
fonctionnelle) : il s’agit d’une musique destinée à être utilisée en
dehors des salles de concerts, par exemple pour la pédagogie, pour des
cérémonies, des films etc., visant également la pratique amateur en réaction à la
complexité des musiques savantes contemporaines.
A l'avènement du nazisme, sa musique
ayant été qualifiée de « dégénérée », il émigre en Suisse, où a lieu
la première de son opéra « Mathis der Maler », puis aux Etats-Unis en
1940, où il obtient la nationalité américaine en 1946.
Il est professeur à l’université de
Yale de 1940 à 1953.
A partir de 1947, il effectue de
nombreuses tournées de concert en Europe et partage son temps entre les
Etats-Unis et la Suisse, où il s’établit définitivement en 1953.
Au cours d’un voyage en Allemagne, Paul
Hindemith meurt à Francfort-sur-le-Main le 28 décembre 1963.
Les principales œuvres d’Hindemith
« Kammermusik »
(« Musique de chambre », 1921-1927) est une série de sept partitions
écrites pendant sa période « Gebrauchsmusik » pour différents
ensembles à effectif réduit.
La symphonie « Mathis der Maler »
(Mathis le peintre, 1935) est l’œuvre la plus connue de Paul Hindemith. Elle sera
utilisée pour la composition en 1938 de son opéra du même nom basé sur la vie
du peintre allemand Matthias Grünewald (1475-1528), auteur du retable d’Issenheim.
Les « Symphonic Metamorphosis »
(Métamorphoses symphoniques, 1943) sont écrites sur des thèmes de Carl Maria
von Weber. C’est la première œuvre composée par Hindemith aux Etats-Unis.
« Sonate pour saxophone et piano » (1943).
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« Ludus Tonalis » (jeu de
sons, 1943) est un recueil de vingt-cinq morceaux pour piano, constitué de
douze fugues séparées par onze interludes composés dans l’esprit du « Clavier
bien tempéré » de Jean-Sébastien Bach.
La symphonie, « Die Harmonie der Welt »
(l’harmonie du monde) composée en 1951, a été portée en 1957 aux dimensions
d’un opéra en 5 actes du même nom, basé sur la vie du savant Johannes Kepler.
La « Messe pour chœur mixte a cappella »
(1963) est la dernière œuvre d’Hindemith.
On trouvera une biographie plus
complète dans http://www.ars-classical.com/hindemith-biographie.html,
et la liste de ses œuvres sur Wikipedia.
Kurt Weill (1900-1950)
Kurt Weill et Lotte Lenya en 1942
|
Kurt Weill est né dans une famille
juive de Dessau le 2 mars 1900.
En 1918, il étudie la musique à la Hochschule
de Berlin.
En 1924, il collabore avec la soprano
Lotte Lenya qui devient son interprète privilégiée et qu’il épouse en 1926. Ils
divorceront, puis se remarieront en 1937.
En 1925, Kurt Weill est nommé «
espoir » de la musique allemande.
En 1927, il collabore pour la
première fois avec Bertolt Brecht pour la réalisation de ce qui sera son
œuvre la plus connue, « L’Opéra de quat’sous » (Die
Dreigroschenoper).
En 1930 est créé son opéra « Grandeur
et décadence de la ville de Mahagony » (Aufstieg und Fall der Stadt Mahagonny),
sur un texte de Brecht.
En 1933, il est considéré comme un
« musicien dégénéré » par les nazis qui détruisent intégralement son
œuvre. Il est contraint de quitter l’Allemagne et s’installe à Paris où il
compose le ballet chanté « Les Sept Péchés capitaux » (1933),
toujours sur un texte de Brecht.
Se sentant rejeté par la France, il
part pour les Etats-Unis en 1935 où il obtient la nationalité américaine en
1943. Là, il se spécialise dans la composition de musiques de films, de
chansons et de comédies musicales telles que « Lady
in the Dark » (1941) et « One
touch of Venus » (1943), qui donneront lieu à des versions
cinématographiques.
Kurt Weill meurt d’un infarctus le 03
avril 1950, à New York.
Les principales œuvres de Kurt Weill
Ses 3 œuvres les
plus connues ont été écrites sur des textes de Bertolt Brecht. Ce sont :
-
L'Opéra de
quat'sous (Die Dreigroschenoper, 1928) qui a été représenté à Broadway plus de 2600 fois de 1945 à 1956. On y trouve la célèbre
(Mack the knife) qui devient un standard du jazz, après les interprétations de Louis
Armstrong ou Ella
Fitzgerald.
-
Grandeur
et décadence de la ville de Mahagony (Aufstieg und Fall der Stadt
Mahagonny, 1930), opéra en 3 actes composé à partir des « Mahagonny
Songspiel » de 1927 dans lesquels on trouve la chanson « Alabama
Song ».
-
Les
Sept Péchés capitaux (1933), ballet chanté.
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Sa dernière œuvre la plus remarquable est « Street
Scene » (1946) qui est une synthèse entre l'opéra européen et
la comédie musicale américaine.
Notons également sa Symphonie
n°1 en un mouvement (1921) et sa Symphonie
n°2 en trois mouvements (1934).
On trouvera une biographie détaillée
ainsi que la liste des œuvres de Kurt Weill sur musicologie.org.
Carl Orff (1895-1982)
Carl Orff est né le 10 juillet 1895 à
Munich.
Il entre en 1912 à l'Académie de
musique de Munich.
Mobilisé puis démobilisé pour cause
de blessure en 1917, il est nommé directeur musical et chef d'orchestre des
opéras de Mannheim et Darmstadt, mais abandonne son poste à Darmstadt peu de
temps après pour se consacrer à ses cours de composition.
Etudiant les œuvres de Claudio
Monteverdi, il se passionne pour la renaissance italienne.
En 1924, avec la danseuse Dorothée
Günther, il fonde l’école de gymnastique, de musique et de danse de Munich :
la Güntherschule.
En 1930, il participe à la création du « Schulwerk » (Méthode
Orff), méthode pédagogique de la musique, entièrement nouvelle, qui fera le
tour du monde.
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C’est en 1937 qu’il crée son
œuvre la plus célèbre « Carmina
Burana », inspirée
d’un recueil de poèmes médiévaux provenant d’un manuscrit de 1280 conservé au
monastère de Beuron, dont il reprendra 24 chants.
« Carmina Burana » est une
cantate profane pour voix et chœurs comprenant des textes en latin, en moyen
haut allemand et en vieux français, traitant de sujets à caractère universel tels
que l’amour, le vin, le jeu, les infortunes de la vie... Le chœur initial
«
a été utilisé dans de nombreux films.
En 1939 il écrit « Der
Mond » (La lune) et en 1943 « Die
Kluge » (La finaude), deux spectacles musicaux d’après des
contes de Grimm.
Les « Catulli
Carmina » composées en 1943 et « Le
Triomphe d'Aphrodite » composé en 1953 viendront rejoindre les
« Carmina Burana » dans le triptyque « Trionfi » (les
triomphes).
« Antigone »
(1948), « Œdipe
le tyran » (1959) et « Prométhée »
(1967) constituent sa trilogie grecque antique.
Carl Orff meurt le 29 mars 1982 à Munich.
On trouvera une biographie plus
détaillée ainsi qu’une liste des œuvres de Carl Orff sur Wikipedia.
Autres
compositeurs allemands et autrichiens du 20e siècle.
Fritz Kreisler est né à Vienne le 2 février 1875 et mort à New
York le 29 janvier 1962.
D’origine autrichienne, Fritz Kreisler prend la nationalité
française en 1938 puis américaine en 1943. Il a été l'un des plus grands
violonistes du 20e siècle.
Il a composé un grand nombre de pièces de virtuosité assez courtes
pour le violon dont les plus connues sont « Liebesfreud »
(Plaisir d'amour), « Liebesleid »
(Chagrin d'amour), « Schön
Rosmarin » (Joli romarin).
Il a aussi écrit des cadences pour le
(cadence la plus souvent jouée) et celui de Brahms.
Karl Amadeus Hartmann est un compositeur allemand né le 2 août
1905 à Munich, mort le 5 décembre 1963 à Munich.
Ses principales œuvres sont ses huit
symphonies, son « Concerto
funèbre » pour violon et orchestre à cordes, l’opéra « Des
Simplicius Simplicissimus Jugend ».
Hanns Eisler est né le 6 juillet 1898 à Leipzig et mort le 6
septembre 1962 à Berlin.
Elève d’Arnold Schoenberg et collaborateur de prédilection de
Brecht, son œuvre comprend de nombreux lieder et des chansons sur des textes de
Brecht, de la musique de chambre, de scène et de cinéma, dont la musique du
film d’Alain Resnais, « Nuit
et brouillard ».
Ernst Krenek est un compositeur autrichien né le 23 août 1900 à
Vienne, mort le 22 décembre 1991 à Palm Springs, Californie.
Son œuvre inclut presque tous les styles du 20e siècle.
Après une période néoromantique commencée en 1928, il travaille à partir des
années 1940 sur la musique sérielle puis aborde dans les années 1950, la
musique électronique.
Voir aussi une histoire de la musique allemande sur physinfo.org
La musique en Italie au 20e siècle
En Italie, des compositeurs ont été, comme dans d’autres pays,
séduits par le dodécaphonisme sériel. C’est ainsi que nous avons rencontré Bruno
Maderna (1920-1973), Luigi
Nono (1924-1990) et Luciano
Berio (1925-2003) dans le chapitre consacré au dodécaphonisme, ainsi
que Luigi
Dallapiccola.
D’autres ont échappé à ce mouvement :
Gian Francesco Malipiero est né à Venise le 18 mars 1882 et mort à
Trévise le 1er août 1973.
Il fait ses études musicales à Venise puis à Vienne.
En 1913, il se rend à Paris où il découvre la musique de Debussy,
Ravel et Stravinsky.
Mais il s’intéresse plus à la musique baroque, transcrivant des
compositeurs italiens tels que Claudio Monteverdi et Girolamo Frescobaldi alors
tombés dans l'oubli.
De 1921 à 1924, il est professeur de composition au Conservatoire
de Parme, puis au « Liceo Musicale » de Venise.
Il a composé 9 symphonies, 4 concertos pour piano, de la musique
de chambre, des opéras, mais ses œuvres les plus connues sont les poèmes
symphoniques « Impressioni
dal vero » (Impressions d'après nature) et « Pause
del silenzio », œuvres de jeunesse où l'influence de Debussy est
notable.
Fils d’un pianiste, Ildebrando Pizzetti est né à Parme le 20
septembre 1880 et mort à Rome le 13 février 1968.
Il est l’auteur d'un concerto
pour violon (1944), des opéras « La
figlia di Jorio » (1954), inspiré d'un roman de Gabriele
d'Annunzio, et « L'assassinio
nella cattedrale » (Meurtre dans la cathédrale, 1958) inspiré
du livre de Thomas Eliot.
Alfredo Casella est né à Turin le 25 juillet 1883 et mort à Rome
le 5 mars 1947.
En 1896, il entre au Conservatoire de Paris où il étudie la
composition avec Gabriel Fauré et rencontre Debussy, Stravinsky, Mahler et
Richard Strauss.
Ses principales œuvres sont la « Notte
di Maggio » (Nuit de mai, 1913) pour voix et orchestre et la suite symphonique
« La
Giara » (1924) d'après Luigi Pirandello.
Il a aussi composé trois symphonies, diverses pièces orchestrales
et de la musique de chambre.
Goffredo Petrassi est né près de Rome le 16 juillet 1904 et mort à
Rome le 3 mars 2003.
Il a d’abord une période néoclassique, avec sa « Partita
pour orchestre » (1932), puis s'intéresse au baroque romain
avec « Salmo
IX » pour chœur et orchestre (1934) et « Magnificat »
(1939) pour soprano, chœur et orchestre. Il pratique ensuite l'atonalité avec « Coro
di morti » (1941) et ses « Concerti
pour orchestre » composés entre 1934 et 1972.
Gian Carlo Menotti est né à Cadegliano en Lombardie le 7 juillet
1911 et mort à Monte-Carlo le 1er février 2007.
En 1928, il émigre aux Etats-Unis où il prend la nationalité
américaine. Héritier des véristes, on l’a surnommé « American Puccini »
à New-York.
En 1958, il crée son propre festival, le « Festival des deux
mondes » à Spoleto en Italie, puis il fonde « Spoleto USA » à
Charleston en Caroline du Sud en 1977.
Il est l'auteur de plusieurs opéras dont « Le
Medium » (1946), « Le
Consul » (1950) et « Amahl
and the Night visitors » (1951).
Jusqu’au 20e siècle, la musique suisse n’a pas été
très présente dans l’histoire de la musique classique mais, en 1900, la création de l’Association des musiciens suisses marque le
début d’une tradition helvétique influencée par la musique française. Trois
compositeurs se distinguent particulièrement durant cette période : Arthur
Honegger (1892-1955), Ernest Bloch (1880-1959) et Frank Martin (1890-1974).
De nationalité suisse, Arthur
Honegger est né au Havre le 10 mars 1892, et mort à Paris le 27 novembre
1955.
L’essentiel de sa carrière se
déroula en France où, en 1917, il fit partie du groupe des « Nouveaux
Jeunes », animé par Erik Satie, puis du « Groupe des Six »,
qui lui succéda en 1920 autour de Jean Cocteau.
C’est dans ce cadre que nous l’avons traité dans le chapitre consacré à la musique
française du 20e siècle.
Ernest
Bloch est né à Genève le 24 juillet 1880 et mort le 15 juillet 1959 à
Portland (USA).
En 1903, il passe un an à Paris, où il rencontre Claude Debussy.
On trouvera une biographie plus complète et la liste des œuvres
d’Ernest Bloch sur Musicologie.org.
Frank Martin est né le 15
septembre 1890 à Genève.
En 1926 il fonde avec des amis la Société de Musique de chambre de Genève dont il est le pianiste et
claveciniste jusqu'en 1938.
Vers 1932 il se familiarise avec le dodécaphonisme de Schönberg, sans renoncer toutefois à la tonalité.
Les premières œuvres qui le font connaître sont le « Vin Herbé » (1941) puis la « Petite Symphonie Concertante » (1945).
De 1942 à 1946, il est président de l'Association des musiciens suisses.
En 1946, il s’installe aux Pays-Bas, d’abord à Amsterdam pendant 10 ans puis définitivement à Naarden.
De 1950 à 1957, il enseigne la composition à la Hochschule für Musik de Cologne.
Il meurt à Naarden le 21 novembre 1974.
Son nom reste surtout attaché à ses travaux sur la rythmique et
l'expression corporelle qui ont donné une base scientifique à la danse
moderne. Dès 1920, sa méthode est enseignée dans toute l'Europe et jusqu'aux
États-Unis. Elle fait toujours autorité.
Ses compositions empruntent à une grande variété de styles et de
techniques.