Les instruments à percussion prennent
une importance toute particulière et trouvent une place importante dans
l’orchestre symphonique du 20e siècle.
Par ailleurs, le développement de
l’électricité et l’invention de l’électronique entrainent la création de
nouveaux instruments, électromécaniques comme l’orgue Hammond, ou électroniques
comme les ondes Martenot, les synthétiseurs et les studios de musique électroacoustique.
Percussions
Au cours du XXe siècle, la section des
percussions s’enrichit de nombreux instruments et la liste des œuvres qui lui
sont consacrées ne cesse de s'allonger, de sorte que la famille des percussions
fait maintenant partie intégrante de l'orchestre, au même titre que celles des
cordes et des vents, et devient même un instrument soliste, comme par exemple
dans cette œuvre de Xénakis : Rebonds B
On distingue deux catégories
d’instruments à percussion :
-Les idiophones, dont le corps sonore est l’instrument
lui-même. Ils peuvent être à son déterminé comme les lamellophones constitués
d'une série de lames accordées en bois ou en métal tels que le célesta, le
marimba, le vibraphone, ou à son indéterminé comme par exemple le triangle.
-Les membranophones, constitués d'une membrane tendue sur
un cadre ou un résonateur. Ils peuvent être à son déterminé comme par exemple
les timbales, ou à son indéterminé comme le tambour.
Le célesta
(Musée de la musique de Paris)
Inventé au 19e siècle, entre
1866 et 1868 par le constructeur d’harmonium parisien Auguste Mustel, le
célesta est déjà utilisé par Tchaïkovski dans son ballet
mais il trouve surtout sa place dans l’orchestre symphonique au 20e
siècle.
Sa mécanique est similaire à
celle du piano, mais les marteaux, recouverts de feutre ou de cuir, frappent
des lames métalliques à la place des cordes. Ces lames métalliques sont
associées à des tubes résonateurs qui amplifient le son.
Lames et marteaux
Résonateurs
Le célesta est utilisé dans de nombreuses œuvres modernes
et contemporaines, dont on peut citer :
Le marimba est un xylophone à
résonateurs d’origine africaine.
Comme le xylophone, le marimba moderne
a des lames en bois que l'on frappe avec des mailloches (généralement 4). Ces
lames sont disposées comme les touches noires et blanches d'un clavier de
piano, et sont associées à des résonateurs tubulaires métalliques qui
amplifient le son et en sélectionnent certaines harmoniques.
Très utilisé dans la musique de jazz,
il est aussi très prisé par les compositeurs modernes et trouve sa place à côté
du vibraphone dans la section des percussions de l’orchestre symphonique du 20e
siècle; il est même utilisé comme instrument soliste.
Le vibraphone a été inventé aux
Etats-Unis en 1916 par Hermannn Winterhoff, commercialisé en 1922, puis
perfectionné par Henry Schluter en 1927. (On trouvera un historique plus
complet chez Vienna Symphonic Library).
Sa conception est inspirée du
glockenspiel et du marimba. Il est constitué de lames métalliques accordées,
comme le glockenspiel, placées sur des résonateurs tubulaires comme le
marimba. Ceux-ci sont équipés de petites hélices actionnées par un moteur
électrique à vitesse réglable. Le mouvement des hélices crée un effet de
vibrato, d’où le nom de l’instrument.
Une pédale commandant une bande de
feutre placée sous les lames permet de maintenir ou d’étouffer le son.
Les lames sont frappées au moyen de
baguettes dont la tête, recouverte de tissu, est plus ou moins dure selon le
son désiré.
D’abord surtout présent dans le jazz
avec son maître incontesté Lionel
Hampton, le vibraphone a pris une place non négligeable chez les
compositeurs de musique classique parmi lesquels on peut citer :
Les cloches tubulaires,
aussi appelées cloches d'orchestre ou carillon tubulaire, sont constituées
de tubes métalliques habituellement faits de laiton dont le diamètre varie
entre trois et quatre centimètres, et qui s'accordent en modifiant leur
longueur.
Elles sont habituellement
regroupées en une série chromatique d'une octave et demie.
On les trouve déjà utilisées
chez Berlioz dans la symphonie fantastique et chez Tchaïkovski dans
l’ouverture 1812.
Autres accessoires de percussion
La sirène
Le 6 mars 1933 au Carnegie hall de New-York, Edgar
Varèse emprunte 2 sirènes aux pompiers de la ville.
La machine à écrire
Utilisée par Erik Satie dans Parade, elle a aussi
fait l’objet d’une œuvre concertante par Leroy-Anderson :
Parade
de Satie (1913) fait usage d'une variété d'effets sonores qui nécessite entre
autres des crécelles, des sirènes, des coups de pistolets et une machine à
écrire.
L’orgue
Console de l’orgue de la
Philharmonie de Paris, inauguré par Thierry Escaich le 6
février 2016.
Avec l’avènement de l’électricité,
l’orgue voit d’abord ses soufflets manuels remplacés par des ventilateurs à
la fin du 19e siècle, puis
l’introduction des commandes électriques assurant la transmission de la
console vers le système électropneumatique Barker, permettant ainsi d’éloigner
la console de l'instrument.
Le piano quart de ton
Piano quart de ton d’August Förster
En coopération avec le compositeur et
théoricien tchèque Alois Haba, August Förster construisit la première version
d’un piano à queue à quarts de ton en 1923. Ce piano à queue était composé
de deux mécanismes complets, de construction traditionnelle et à accord
chromatique, empilés l’un sur l’autre, qui étaient accordés à un quart de ton
d’écart.
Un clavier spécial à plusieurs
niveaux permettait de jouer les 170 degrés de l’échelle de cet instrument.
En 1928, August Förster a également
construit un piano droit à quarts de ton pour le compositeur Ivan Wyschnegradsky.
Voici quelques œuvres écrites
pour piano quart de ton :
En fait, Charles Ives n’avait
pas attendu l’existence de cet instrument pour composer de la musique pour
piano en quart de ton, qui était alors exécutée par 2 pianos accordés avec ¼
de ton d’écart.
Instruments
électromécaniques
Le telharmonium ou dynamophone
Le telharmonium a été inventé par
l’américain Thaddeus Cahill en 1896. C’était un instrument révolutionnaire,
produisant des sons nouveaux générés par un imposant système électromécanique,
utilisant des roues phoniques. Les amplificateurs électroniques et les
haut-parleurs n’existant pas encore à l’époque, la musique générée par
l’instrument était destinée à être diffusée par le réseau téléphonique.
Le telharmonium 2 réalisé en 1906 était
un énorme instrument de 20 mètres de long et pesant 200 tonnes.
Présentation du telharmonium dans
une revue scientifique de 1907 (cliquez sur l’image pour l’agrandir)
Son principe était le suivant :
Chaque roue phonique est constituée
d’une roue crantée qui tourne devant une bobine et un aimant faisant office
de micro, générant ainsi un signal dont la fréquence dépend de la vitesse de
rotation et du nombre de crans. L’amplification électronique n’existant pas,
il fallait utiliser des cylindres très massifs afin de générer un courant
suffisant pour alimenter les lignes téléphoniques, ce qui explique la taille
et le poids de l’instrument.
Le principe des roues phoniques sera
repris plus tard dans la conception de l’orgue Hammond qui lui, bénéficiera de
l’amplification électronique.
L’orgue Hammond
(Musée de la musique de Paris)
Le premier orgue Hammond a été conçu
et construit en 1935 par Laurens Hammond et John Hanert. Il utilise la
technologie directement issue du telharmonium de Cahill de 1900, mais à une
échelle beaucoup plus réduite. Comme pour le telharmonium, les sons sont
générés par des roues phoniques.
L'ensemble générateur de sons est
composé d'un moteur synchrone connecté à un train d'engrenages qui entraîne
une série de roues phoniques, tournant chacune devant une bobine et un aimant
faisant office de micro.
L’année 1955 voit la naissance du B3, doté
de deux claviers superposés de 61 touches chacun, d’un pédalier de 25 notes,
d’effets de vibrato et d’un système de percussions, qui sera commercialisé
jusqu'en 1975.
En 1960, il est équipé de haut-parleurs
rotatifs (cabine Leslie).
Laurens Hammond a également breveté un
dispositif de réverbération électromécanique utilisant la torsion d'un ressort
hélicoïdal. Cette « chambre à écho » à ressorts a été plus tard largement
utilisée dans d’autres instruments électroniques.
Après 1975, les générateurs à roues
phoniques sont remplacés par des systèmes électroniques à transistors, puis par
de l’électronique numérique.
L’orgue Hammond est surtout devenu très
populaire avec le jazz, et en particulier dans les années 1950 avec Jimmy
Smith, puis avec Rhoda Scott.
Pour en savoir plus, voyez l’article de
Pianoweb.fr.
Instruments
électroniques
Le thérémine ou terminvox
Sur cet instrument inventé en 1919
par le russe Lev Sergueïevitch Termen, connu sous le nom de « Léon Theremin »,
le musicien contrôle la hauteur et l’intensité de la note en modifiant la
position de ses mains par rapport aux antennes.
Léon Theremin jouant son propre instrument.
Le principe du thérémine est basé sur
un oscillateur dont la fréquence d’oscillation dépend des valeurs des
composants L et C, et dans lequel la valeur du condensateur C est modifiée par
le corps humain.
En fait, les fréquences audibles (de 20 à 20 000Hz) sur un
thérémine sont obtenues par le battement de 2 oscillateurs à haute fréquence, l'un fixe,
l'autre piloté à l’aide des antennes par l’instrumentiste.
Le thérémine est peu utilisé dans la
musique classique qui lui a préféré les ondes Martenot, mais il est resté très populaire en Asie. Il a par ailleurs été
utilisé au cinéma, en particulier dans les films de science-fiction, et dans de nombreuses musiques populaires, telles que « Good
vibration » des Beach Boys ou Cyber de Zazie.
Le rhythmicon, appelé aussi
polyrhythmophone, a été inventé par Léon Theremin, sur commande du compositeur
américain Henry Cowell. Ce dernier lui demande de réaliser un instrument à
clavier lui permettant de produire et de paramétrer simultanément seize rythmes
périodiques. C’est ainsi qu’est née la première boite à rythme de l’histoire de
la musique.
Démonstration du rhythmicon de Léon Theremin.
Pour créer des rythmes, le rhythmicon
utilise des capteurs photoélectriques placés derrière des disques troués
laissant passer des faisceaux de lumière.
A partir d’un clavier, on peut
produire 16 rythmes différents, chaque touche jouant un son en boucle, aussi
longtemps que la touche est activée.
Une première touche étant ajustée par
un levier à un rythme de base, les autres touches jouent des multiples de ce
rythme, permettant ainsi de créer une polyrythmie.
L’instrument est équipé de 2 disques :
l’un correspondant aux rythmes, l’autre à la hauteur du son associé à chaque
rythme.
Henry Cowell, le commanditaire du
rhythmicon, écrivit deux œuvres pour cet instrument : « Rhythmicana »
(1931) (renommé plus tard « Concerto
pour Rhythmicon et Orchestre ») et « Musique pour violon et
Rhythmicon » (1932).
Le rhythmicon, après un oubli de 25 ans,
a été redécouvert dans les années 1950 par le producteur Joe Meek qui l’utilisa dans
plusieurs enregistrements. Il a aussi été utilisé pour des effets sonores dans certains
films des années 1950 et 1960.
Le trautonium
Oskar Sala au trautonium en 1935
Hitchcock avec Oskar Sala
Le trautonium, inventé par l'Allemand
Friedrich Trautwein en 1930, est un instrument de musique électronique dont
les sons sont produits par des oscillateurs à tubes électroniques alimentant
un haut-parleur. Le timbre du trautonium est commandé par un jeu de
boutons-poussoirs affectant les harmoniques supérieurs.
La hauteur du son est contrôlée par un
fil d'acier tendu sur une barre en acier où l’on a indiqué les intervalles de la gamme : on modifie la fréquence soit en touchant
le fil, ce qui permet de faire des glissandos, soit par des touches permettant
de jouer des notes préréglées.
C’est grâce à cet instrument qu’Hitchcock a pu créer la bande-son
de son film, « Les Oiseaux ».
Outre Oskar Sala dans la musique de film, cet instrument a inspiré
Paul Hindemith (concertino
pour trautonium et cordes en 1931, 7
pièces pour 3 trautoniums) et son élève Harald Genzmer (deux concertos
pour trautonium, 1939, 1952).
Le Trautonium est fondé sur le même principe que les Ondes Martenot
mais il n’eut pas le même succès sans doute à cause de ses plus nombreux
réglages, entrainant une sonorité moins bien définie, et une mise en œuvre
plus difficile.
Les Ondes Martenot
Ondes Martenot de 1930 et palme de 1947
(Musée de la musique de Paris)
Les ondes Martenot ont été inventées
par Maurice Martenot (1898-1980) en 1928.
C’est l'un des premiers instruments
électriques, et le seul de cette période à avoir suscité un aussi vaste
répertoire et à être pratiqué encore aujourd'hui.
Son répertoire compte des centaines
d’œuvres de Varèse, Messiaen, Honegger, Milhaud, Boulez, Jolivet, Dutilleux,
Martinu...
Les ondes Martenot sont également
très utilisées dans la chanson et la musique de film.
La « palme » située à côté
du clavier est un diffuseur (haut-parleur) qui peut s’utiliser seul ou en
combinaison avec un diffuseur principal.
Le son des Ondes Martenot est produit
par des oscillateurs et filtres électroniques d’abord à lampes puis, après
1975, à transistors.
Comme dans le cas du thérémine, les
fréquences audibles sont obtenues par le battement de 2 oscillateurs à haute
fréquence, l’un à fréquence fixe, l’autre à fréquence variable piloté par
l’instrumentiste. La fréquence obtenue ainsi est la différence des 2 hautes
fréquences.
L’instrumentiste règle l’intensité du
son (la nuance) avec une touche située dans le tiroir à sa gauche, et la
fréquence du son (la hauteur) soit au clavier, soit avec une bague associée
à un ruban qui longe le clavier et qu’il fait coulisser pour obtenir la note
désirée.
Sur les premiers modèles, le clavier
était fictif et servait de repère visuel pour le musicien jouant uniquement « à
la bague ».
Le jeu au ruban (ou à la bague), à la
main droite, permet de jouer sur la hauteur de la note sans aucune
discontinuité des graves à l'aigu, permettant ainsi tous les glissandos.
La touche d'intensité de la main
gauche, grâce à sa grande plage dynamique, permet toutes les nuances du
pianississimo au fortississimo, ainsi que différents staccatos et modes
d'attaque.
Le tiroir comprend également des
boutons transpositeurs permettant au clavier de
6 octaves de couvrir jusqu’à 9 octaves, ainsi que des commandes permettant de
sélectionner les timbres et les diffuseurs, et de régler les balances.
Le clavier, mobile latéralement, permet
un vibrato contrôlé par oscillations du poignet ou du bras, mais aussi les
micro-intervalles jusqu’au demi-ton.
Diffuseurs pour ondes Martenot
Les diffuseurs (nom donné aux haut-parleurs)
sont au nombre de 3 :
Le diffuseur "principal"
(haut parleur traditionnel)
Le diffuseur "résonance",
palme en forme de flamme, dont les cordes, placées sur une caisse de résonance
et accordées, permettent au son de se prolonger en vibrant par sympathie.
Le diffuseur "métallique",
haut-parleur dont la membrane est remplacée par un gong en métal, provoquant
un halo sonore métallique de hauteur précise.
Plus récemment, en 1980, on a remplacé la
palme du diffuseur « résonance » par un système à ressorts qui permet
le même résultat mais avec plus de puissance.
Cette vidéo de Thomas Bloch montre les
possibilités de l’instrument :
Inventée par le français Georges
Jenny en 1941, l’ondioline est un précurseur des synthétiseurs.
L’ondioline, comme les ondes Martenot
utilise des circuits électroniques à lampes, mais au lieu d’utiliser des
oscillateurs à haute fréquence, il utilise des multivibrateurs dont la
caractéristique est de produire des signaux carrés. Ceux-ci, riches en
harmoniques, permettent, après un filtrage approprié, de produire une très
grande variété de sons, et d’imiter ainsi le timbre d’un grand nombre
d’instruments traditionnels. Une quinzaine de curseurs agissant sur des filtres
électroniques permet de synthétiser le son voulu.
Le clavier s’inspire de celui des ondes
Martenot : Il est suspendu sur des ressorts, permettant au joueur
d'introduire un vibrato naturel en déplaçant le clavier latéralement avec la
main qui joue.
L’intensité du son est réglée par le
clavier qui est sensible à la pression, ainsi que par un levier commandé au
genou.
Une commande par ruban permet aussi de
produire des effets de percussion.
L’ondioline a été essentiellement utilisée dans la musique de
variété et dans la musique de film. Charles Trenet l’a utilisée en 1951 dans sa
chanson « L'âme
des Poètes ».
Le clavioline, inventé par Constant Martin en 1947, est une
évolution de l’ondioline.
Les synthétiseurs
Il existe diverses façons de
synthétiser le son, mais on peut distinguer deux types principaux de
synthétiseurs :
-Les synthétiseurs analogiques.
-Les synthétiseurs numériques.
Les synthétiseurs analogiques
sont apparus dans les années 1960. Ils sont basés sur des signaux analogiques
produits par des oscillateurs, puis traités par différents circuits
électroniques.
Ces signaux peuvent être sinusoïdaux,
triangulaires, carrés ou en dent de scie.
Deux types de synthèse peuvent être
utilisés :
La synthèse additive qui consiste à ajouter des signaux simples pour créer un son complexe.
La synthèse soustractive, qui consiste à filtrer (à trier en quelques sorte) les nombreuses harmoniques que présentent des signaux triangulaires ou carrés pour obtenir le son désiré.
Un synthétiseur analogique est donc
composé de différents modules dont :
-Des oscillateurs
-Des filtres
-Des modulateurs
-Des amplificateurs
Robert MOOG a été l’inventeur du
premier synthétiseur modulaire.
Les modules d’un synthétiseur analogique
Les synthétiseurs numériques
sont apparus dans les années 1980. Ils utilisent des ordinateurs ou des
microprocesseurs, et traitent des signaux codés sous forme de nombres. Un
signal analogique est ainsi représenté par une suite de nombres qui vont
bénéficier du traitement informatique pour créer des sons parfaitement propres
(sans bruit) et d’une grande dynamique. Le résultat du traitement numérique est
ensuite converti en signal analogique pour être amplifié et diffusé par des
haut-parleurs.
Un synthétiseur numérique peut créer
lui-même ses sons ou utiliser une banque de sons échantillonnés, toujours sous
forme numérique.
Synthétiseurs analogiques (Musée
de la musique Paris)
Les synthétiseurs analogiques, apparus en 1964,
permettent de produire une grande variété de sonorités et de renouveler ainsi
le langage musical.
Série 900 de 1965 (Musée de la musique Paris)
Ce synthétiseur analogique de Robert Moog est le premier
à posséder un grand nombre d’oscillateurs. Il comprend 18 modules de
différentes catégories : Oscillateurs, filtres, amplificateurs,
modulateurs.
Synthétiseur de percussions de
1971 (Musée de la musique Paris)
Ce prototype de Robert Moog, fondé sur des procédés de
synthèse analogique, est l’un des premiers synthétiseurs de percussions.
Synclavier de 1979 (Musée de la musique Paris)
Le synclavier, créé en 1978, est l’un des premiers
modèles de workstation, c'est-à-dire un synthétiseur numérique piloté par un
ordinateur, regroupant synthétiseur numérique, séquenceur et échantillonneur.
Le studio de musique
électroacoustique
La musique électroacoustique a pour
origine la musique concrète conceptualisée en France par Pierre
Schaeffer en 1948 et la musique électronique développée au début des
années 1951 à Cologne.
(Voir la page consacrée à la musique électro-acoustique, dans le chapitre consacré à la musique contemporaine)
Les premières années de la musique
électroacoustique, appelée aussi musique acousmatique, voient la naissance de nombreux
studios :
A Paris : En 1948, naissance du groupe de musique concrète, devenu en 1958 le groupe de Recherche Musicale (GRM).
A Cologne : création en 1951 du Studio für Elektronische Musik (Studio de musique électronique).
A New York: création en 1952 du Studio privé de Louis et Bebe Barron, avec le « Project of Music for Magnetic Tape » (musique pour bande magnétique)
A Tokyo: création en 1954 du Studio de musique électronique de la radio NHK
A Milan: création en 1955 du Studio de phonologie musicale.
La musique électroacoustique évoluera
dans les années suivantes en particulier avec le développement de l’informatique.
Le studio du GRM (Groupe de Recherche Musicale) à Paris
Pierre Schaeffer
En 1948, au studio d’essai de la RTF,
l’ingénieur Pierre Schaeffer conçoit la musique concrète, diffusée par
haut-parleurs et composée à partir de bruits et de sons préenregistrés.
En 1951, il fonde avec Pierre Henry et
l'ingénieur Jacques Poullin, le groupe de musique concrète, devenu en 1958 le
groupe de Recherche Musicale (GRM).
Le studio de musique
électroacoustique du GRM, basé dans les bâtiments de la RTF
(Radiodiffusion-Télévision Française) à Paris, est conçu autour des théories sonores de Pierre Schaeffer, qu’il décrira en 1966 dans son livre
« Traité des Objets Musicaux ».
En 1960 François Bayle rejoint Pierre Schaeffer et le Groupe de
Recherches Musicales lors de la création du Service de la Recherche de la RTF. En
1966, François Bayle devient responsable du GRM qui sera intégré en 1975 à
l'Institut National de l'Audiovisuel.
Il y crée l'Acousmonium, orchestre de haut-parleurs associé à des instruments de pilotage performants permettant de régler finement la spatialisation des sons. Il assurera la direction de ce département jusqu'en 1997.
GRM: synthétiseur de Francis Coupigny (1967) (Musée
de la musique de Paris)
Conçu
à la demande de Pierre Schaeffer en 1967, cet « instrument » comportait
une console de mixage, un lecteur-enregistreur de bandes multipistes, un
système d’amplification et un synthétiseur analogique modulaire, programmable
par matrices à fiches.
La conception du studio était
strictement basée sur les théories de Pierre Schaeffer et était entièrement
centrée sur l’enregistrement, l’édition et la manipulation de bandes
magnétiques.
A cette fin, de nouveaux instruments à
bandes magnétiques ont été créés et intégrés dans le studio, tels que le phonogène
et le morphophone.
Le phonogène était un instrument
à bande magnétique à plusieurs têtes conçu par Jacques Poullin. Trois versions
de l'instrument ont été créées :
Phonogène chromatique
Le phonogène chromatique. Une bande
en boucle est déroulée par 12 poulies de diamètres différents ou de vitesse
variable, chaque poulie correspondant à une vitesse de défilement de la bande,
sélectionnées par un petit clavier d'une octave, permettant ainsi 12
degrés de transposition chromatique.
Le phonogène à coulisse réalise les transpositions en
faisant varier la vitesse de la bande au moyen d'un levier.
Le phonogène universel permet la transposition du son sans
en modifier la durée et vice-versa, grâce à une tête magnétique rotative appelée
«régulateur temporel de Springer ».
Morphophone
Le Morphophone était un
mécanisme de boucle de retard à bande magnétique (système d'écho), réalisé
dans les années 60 par Abraham Moles et Jacques Poullin.
Il était conçu pour construire des formes
complexes par la répétition et l'accumulation d'événements par le biais de
retards, de filtrage et de rétroaction.
Il se composait d'un disque rotatif
de 50 cm de diamètre, sur lequel était collée une bande magnétique, entouré
de 12 têtes magnétiques : une d’enregistrement, une d’effacement et dix
de lecture.
Un son pouvant durer jusqu’à 4
secondes était enregistré sur la boucle magnétique et les dix têtes de
lecture pouvaient lire les informations avec différents
retards, selon leur position (réglable) autour du disque.
Le son de chaque tête était traité par
un amplificateur et un filtre passe-bande, et pouvait modifier
l’enregistrement original par des boucles de rétroaction.
Le GRM attira un grand nombre de
compositeurs d’avant-garde célèbres tels qu’Olivier Messiaen, Pierre
Boulez, Jean Barraqué, Karlheinz Stockhausen, Edgard Varèse, Iannis
Xenakis, Michel Philippot, et Arthur Honegger.
Voici quelques œuvres produites au GRM
de 1951 à 1953 :
Le Studio de musique électronique
de la radio de Cologne (Westdeutscher Rundfunk – WDR) a été fondé par les
compositeurs Werner Meyer-Eppler, Robert Beyer, et Herbert Eimert sur la
base des idées de Meyer-Eppler décrites dans son livre de 1949 : « Production
de son électrique : Musique électronique et voix synthétiques ». Le
studio invente ainsi la « musique électronique », utilisant
le son synthétisé par voie électronique, en opposition avec la « musique
concrète » de Pierre Schaeffer au GRM à Paris, qui utilise
l’enregistrement de sons existants.
Le studio de la WDR est considéré comme
le père de tous les studios de musique électronique. Il est rapidement devenu
un lieu de rencontre pour de nombreux compositeurs d'avant-garde, mais c’est
surtout Karlheinz Stockhausen, arrivé à la WDR en 1953 avant d’en devenir le
directeur en 1962, qui en est la figure la plus marquante. Ses œuvres telles
que «Gesang
der Jünglinge » (Chant des adolescents) et « Kontakte »
en 1960 et « Hymnen »
en 1967, sont devenues des références dans l’histoire de la musique
électronique.
Vue du studio WDR montrant un magnétophone 4 pistes et un ensemble de générateurs d’onde et de filtres
Harald Bode et son melochord en
1947
L’équipement du studio comprenait un Trautonium modifié selon les spécifications de
Meyer-Eppler et un Melochord d’Harald Bode.
En plus de ces instruments, le
studio comprenait également
Des générateurs de bruit et de signaux sinusoïdaux, rectangulaires et en dents de scie.
Des magnétophones mono, stéréo et 4 pistes et un enregistreur à vitesse variable à tête magnétique rotative, de type « Springer ».
Des filtres audio
Un générateur d’impulsions
Des haut-parleurs rotatifs pour l'enregistrement des sons spatiaux
Des chambres d’écho et de réverbération. La chambre de réverbération était une grande salle vide où les sons émis par les haut-parleurs étaient ré-enregistrés avec l'ambiance de la pièce.
L'équipement de
l'atelier a été mis à jour suivant les spécifications de Stockhausen au début
des années 1970 pour y inclure des synthétiseurs modulaires de l’époque.
On trouvera une histoire détaillée du studio de la WDR sur Wikipedia.
Le studio de phonologie à Milan
Le
Studio Di Fonologia a été fondé en 1955 par les compositeurs Luciano Berio et Bruno Maderna à Milan avec la Radio Télévision Italienne (RAI). Son
concept dépassait les choix de la Musique Electronique et de la Musique
Concrète en faisant coexister ensemble les sons naturels et les sons
purement électroniques.
Vue générale du studio en 1956.
L’équipement matériel du
studio de Milan était composé de :
un ensemble de magnétophones mono, stéréo et quatre pistes.
L’existence de neuf
générateurs d’ondes sinusoïdales présentait l’avantage sur le studio de
Cologne, de permettre aux compositeurs d’ajuster certains paramètres en temps
réel.
Le studio de phonologie a été fermé le 28 février 1983.
A partir de 1960, l’informatique joue
un rôle croissant dans les techniques de composition. Et les années 1970
voient l’explosion de la musique électronique avec le traitement du son en
temps réel.
Des normes nouvelles permettent aux
différents éléments de la production sonore de communiquer entre eux, telles
la norme MIDI (Musical Instrument Digital Interface ) inventée en 1983, ou la
norme SDIF (Sound Description Interchange Format) développée avec la
participation de l’IRCAM.
L’IRCAM
En 1969, Pierre Boulez crée l'Institut de recherche et coordination
acoustique / musique (IRCAM), consacré à la science de la musique et du son et
à la création musicale électroacoustique.
On y trouve, entre autres, une salle à jauge et acoustique
variable (espace de projection), des studios, une chambre anéchoïque et une
médiathèque.
Mesure de rayonnement acoustique dans la chambre
anéchoïque.
L’IRCAM est à la fois un centre de
recherche musicale, et un centre culturel pour la musique contemporaine. Les
compositeurs y trouvent des stages de formation à l’informatique musicale ainsi
qu’une assistance technique pour réaliser des parties de leur musique, en
utilisant par exemple des programmes de composition assistée par ordinateur. Ce
fut le cas entre autres pour les compositeurs de musique spectrale Tristan Murail et Kaija Saariaho.
Voici deux exemples de composition réalisée à l'IRCAM :
Pierre Boulez
Répons (1981-1984)
, pour six solistes, ensemble de chambre, sons électroniques et électronique temps réel
Philippe Manoury
Pluton (1988-1989), pour piano midi et électronique temps réel
Le studio du GMEB (Groupe de musique
expérimentale de Bourges)
Le GMEB
a été fondé en 1970 et a développé des outils tels que le Gmebogosse (1972) et
le Gmebaphone (1973), instrument de diffusion-interprétation électroacoustique devenu Cybernéphone,qui font
date dans l’histoire de la lutherie électroacoustique.
En 1994, le GMEB prend le nom
d’Institut International de musique électroacoustique de Bourges (IMEB) et est
labellisé en 1997 « Centre National de Création Musicale », jusqu’à
sa disparition en 2011.
Le studio du GMEM (Groupe de Musique Expérimentale de
Marseille)
Le GMEM a été fondé en 1972 à Marseille
par un collectif de compositeurs dont Georges Boeuf, Michel Redolfi et Marcel Frémiot. On y fait entre autres des recherches sur la synthèse des micro-sons.