Compositeurs et mouvements musicaux
La musique d’Europe de l’Est
au 20e siècle
Sommaire de ce chapitre
Introduction
La musique classique hongroise du XXème
siècle est dominée par Béla Bartok et Zoltán Kodály. Ces deux compositeurs ont
sauvé la musique traditionnelle hongroise en sillonnant le pays avec du matériel
d'enregistrement. L'emploi d'instruments traditionnels comme le cymbalum,
l'harmonica ou l'orgue de barbarie, ainsi que les rythmes et mélodies issus du
folklore, enrichissent considérablement l’œuvre de ces compositeurs hongrois.
Kurtág et Eötvös témoigneront à leur
tour d'un profond attachement à la tradition musicale du peuple hongrois.
En Bohème, Bohuslav Martinu est le
quatrième grand compositeur tchèque, après Smetana, Dvořák et
Janáček.
En Roumanie, Enesco joue un rôle
analogue à celui de Bartók et de Kodály en Hongrie, en animant la vie musicale
de son pays. Ligeti s’inspire d’abord de Bartòk et des musiques populaires
hongroises, roumaines et arabes, avant de se réaliser dans la musique
d'avant-garde et développer de nouvelles techniques de composition.
En Pologne, Szymanowski, Lutoslawski,
Górecki et Penderecki renouvellent la musique polonaise quelque peu en souffrance
depuis Chopin.
Les compositeurs hongrois
Béla Bartok (1881-1945)
Bartok est considéré comme le plus
grand compositeur hongrois du 20e siècle. Il a créé un style
unique en se nourrissant des thèmes, modes et rythmes des traditions populaires
qu’il étudiait en tant que pédagogue et spécialiste du folklore musical. Il est
considéré à ce titre comme l’un des pères fondateurs de l’ethnomusicologie.
Bela Bartok est né dans le sud de la
Hongrie le 25 mars 1881.
En 1892, il donne son premier
concert à l’âge de 11 ans.
Il commence à étudier la composition
en 1893, puis entre à l'Académie de musique Franz-Liszt de Budapest en
1899.
En 1904 il se découvre avec
Kodaly un intérêt commun pour la musique populaire et se consacre avec lui à
la collection et à l’étude des chants populaires hongrois et balkaniques.
En 1905 il découvre la musique
de Debussy qui est pour lui une révélation.
Les années 1905 et 1906 sont marquées par de nombreuses enquêtes
folkloriques enregistrées sur phonographe. Ces enregistrements lui serviront
de base pour recomposer un folklore idéal dans ses œuvres telles que ses « danses
populaires roumaines » (1915).
En 1907, il est nommé
professeur de piano à l’Académie de musique de Budapest où il enseignera
jusqu’en 1937, tout en poursuivant ses enquêtes folkloriques hongroises,
slovaques et roumaines pendant les congés scolaires.
En 1909, en voyage de noces à
Paris, il rencontre Vincent d’Indy.
En 1910, il est de nouveau à
Paris pour un concert consacré à la musique hongroise.
Comme chez Debussy et Stravinski, le
rythme est au centre des préoccupations de Bartok. Il apparait dans toute sa
violence dans
,
écrit en 1911.
Cette même année 1911, il écrit
son unique opéra, « Le
château de Barbe-bleue », inspiré du conte de Perrault et influencé
par « Pelléas et Mélisande » de Debussy. Cet opéra ne sera créé qu’en
1918 à l'Opéra de Budapest.
Bartók révisant ses notations de
musique folklorique à l'Académie hongroise des sciences
|
En 1913, il se rend en Afrique
du nord pour y étudier la musique populaire arabe.
En 1919, il compose « Le
Mandarin merveilleux », ballet-pantomime en 1 acte, inspiré d'un conte
chinois, au sujet érotique qui fait alors scandale.
En 1920, il découvre Schönberg
qui va exercer une certaine influence sur sa musique.
De 1922 à 1932, il fait de nombreux
voyages à l’étranger.
De 1926 à 1937, il compose « Mikrokosmos »,
une série de 153 pièces pédagogiques de difficulté progressive, destinée à
présenter les airs populaires d’Europe centrale à un large public.
Paul Sacher (1906 - 1999) était un chef d'orchestre et un industriel suisse,
grand mécène de la musique classique de son temps.
Il a fondé et dirigé deux orchestres de chambre, à Bâle et à Zurich, et créé en
1973 la Fondation Paul Sacher à Bâle, qui s’est ouverte aux chercheurs en
1986.
Il a dirigé des centaines de concerts, et commandité près de trois cents œuvres
de musique contemporaine, parmi lesquelles la « Musique pour cordes,
percussions et célesta » de Béla Bartók (1936), le « Double
concerto pour cordes, piano et timbales » de Martinů (1939), les
« Métamorphoses » de Richard Strauss (1946), les 2e
et 4e symphonies d'Arthur Honegger (1942 et 1947), le « Concerto
pour cordes » de Stravinski (1947), ainsi que des œuvres de Boulez,
Berio, Stockhausen, Dutilleux, Britten et bien d’autres.
|
En 1934, il compose son 5e
quatuor à cordes qui fait la synthèse entre musique populaire et musique
savante.
En 1936,
il termine la composition de sa « Musique
pour cordes, percussions et célesta » écrite pour le chef
d’orchestre et mécène Paul Sacher, qui sera aussi le commanditaire de
son « Divertimento » en 1939. Dans cette œuvre, comme dans d’autres
œuvres telles que la « Suite
de danses » de 1923, Bartok passe d’un folklore recomposé à un
folklore imaginaire, créant ainsi un nouveau langage. Il s’agit selon lui de régénérer
la musique moderne par la musique populaire.
En 1937,
il compose la « Sonate
pour 2 pianos et percussions », qu’il transformera en 1941 en
« Concerto pour deux pianos, percussions et
orchestre ».
Après l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie de laquelle
s’est rapprochée la Hongrie, il quitte son pays, et s’installe à New-York en 1940,
où il compose en 1943 son « Concerto
pour orchestre ».
Béla Bartok meurt d’une leucémie le 26 septembre 1945.
Les principales œuvres de Béla Bartok
On trouvera une biographie plus complète ainsi que le catalogue
complet des œuvres sur Musicologie.org.
Zoltán Kodály (1882-1967)
Kodály participe avec Bartok à la
création de l’ethnomusicologie en consacrant l’essentiel de sa carrière au
recueil et à la diffusion de la musique populaire hongroise. C’est par ailleurs
un excellent pédagogue, à l’origine de la « Méthode Kodály » qui
influence encore aujourd’hui l’enseignement de la musique.
Zoltán Kodály
est né le 6 décembre 1882 à Kecskemét dans l’Empire
austro-hongrois.
De 1900 à 1904, il
étudie à l’académie de musique Franz Liszt de Budapest, où il rencontre Béla
Bartók qui restera son plus fidèle ami.
En 1906, il obtient son
doctorat ès lettres avec une thèse sur le chant populaire hongrois. Il
réalise alors avec Bartok, puis avec son élève Emma Sandor qu'il épousera en
1910, des études systématiques sur le patrimoine musical populaire hongrois.
En 1907, il se rend à Paris,
pour suivre les cours de Charles-Marie Widor au Conservatoire, où il découvre
l'univers debussyste.
Rentré à Budapest, il y est nommé professeur à l’Académie de musique, dont il deviendra le vice-directeur en 1919, et où il enseignera jusqu’en 1940.
Pendant les années 1930, tout un
mouvement de renouveau musical par le chant se constitue autour de lui. Deux
de ses anciens élèves, Jenő Ádám et György Kerényi, mettent au point la «
méthode Kodály » d'enseignement et d'initiation musicale.
En 1942, Kodály prend sa
retraite pour travailler à l'édition des musiques populaires hongroises qui
aboutit à la publication, en 1951, du premier des cinq volumes du monumental
« Corpus musicae Popularis Hungaricae ».
D’après des modèles du folklore
hongrois, il réalise un millier d’œuvres vocales et chorales destinées aux
écoles et aux associations ouvrières et paysannes. Il est considéré par
beaucoup comme le créateur de l'art choral du 20e siècle.
Zoltán Kodály meurt le 6 mars 1967
à Budapest.
Sur la « méthode Kodály »,
voir Wikipédia
et France-Musique.
Les principales œuvres de Kodály
On trouvera une liste des œuvres sur Wikipédia.
György Kurtág (1926- )
György Kurtág est né le 19 février 1926
à Lugoj (Roumanie)
Il se rend à Budapest en 1946.
Il y fait ses études musicales au conservatoire Franz Liszt où il fait la
connaissance de György Ligeti.
Grace à l’obtention d’une bourse
d’études, il passe un an à Paris en 1957-1958 où il assiste aux cours
de Darius Milhaud et d’Olivier Messiaen. Il y découvre les techniques de
l'Ecole de Vienne d’Arnold Schoenberg et Anton Webern, ainsi que celles de
Karlheinz Stockhausen.
A son retour à Budapest, il écrit sa
première œuvre officielle, le « Quatuor
à cordes op. 1 », dédié à Marianne Stein, psychologue qui l’a aidé à Paris à
libérer sa créativité.
De 1967 à sa retraite en 1986,
Kurtág enseigne le piano et la musique de chambre à l'académie Franz-Liszt de
Budapest. Il crée une approche pédagogique nouvelle avec son cycle de pièces pour
piano « Játékok »
(jeux, 1973-2010), destinées particulièrement aux enfants et inspirées de leurs
jeux.
En 1968 il crée à Darmstadt, son
concerto pour soprano et piano « Les
Propos de Peter Bornemisza », op.7.
C’est en 1981 que Kurtág
acquiert une renommée internationale avec la création de « Messages
de feu Demoiselle Troussova » par l’ensemble Intercontemporain de
Pierre Boulez qui fait un triomphe.
György Kurtág et sa femme Marta vivent
actuellement dans la région de Bordeaux.
Quelques œuvres de György Kurtág
De 1961 à 2008, Kurtag compose les « Jelek,
játékok és üzenetek » (Signes, jeux et messages) pour instruments à
cordes en solo, duo ou trio, ainsi que les « Játékok
és üzenetek » (Jeux et messages » pour instruments à vent solo, et de
1973 à 2010, les « Játékok »
(jeux) pour piano.
On trouvera une biographie, ainsi qu’une analyse et le catalogue
de ses œuvres sur Ressources-IRCAM.
Voir aussi une histoire de la musique hongroise sur physinfo.org
Les
compositeurs tchèques
Bohuslav Martinu (1890-1959)
Martinu est le quatrième grand compositeur classique de la musique
tchèque, après Smetana, Dvořák et Janáček.
Bohuslav Martinu est né le 8 décembre
1890 à Policka en Bohème.
Adolescent, il étudie le violon
pendant 2 ans au Conservatoire de Prague. Marqué par la musique française,
c’est sous le choc de la découverte de « Pelléas et Mélisande »
qu’il compose ses premières œuvres.
En 1920, il est engagé comme
violoniste à l'Orchestre philharmonique tchèque, qu’il quitte en 1923 pour
aller à Paris se perfectionner avec Albert Roussel. Venu à Paris pour
quelques semaines, il y restera 17 ans.
En 1940, l'invasion allemande
l'oblige à quitter précipitamment Paris pour rejoindre la zone libre.
En 1941, il part aux
Etats-Unis où il composera la plus grande partie de ses œuvres orchestrales. Il y restera jusqu’en 1953.
Affaibli par la maladie, ses dernières années se partagent entre Nice, Rome et la Suisse où Paul Sacher
l’héberge.
Il meurt le 28 août 1959 à Liestal.
Quelques œuvres de Bohuslav Martinů
La musique de Martinu, qui comprend
près de 400 œuvres, est inspirée à la fois du folklore tchèque et de la musique
française, en particulier de Debussy.
Dans la forme, elle s’inspire également
du concerto grosso de l’époque baroque.
Elle comprend entre autres six
symphonies, des concertos pour piano, pour violon et pour violoncelle, des
quatuors à cordes et de la musique pour piano.
Musique pour piano
Fantaisie et Toccata (1940)
Musique de chambre
La revue de cuisine (1927), ballet, pour piano, clarinette, basson, trompette,
violon et violoncelle.
Quintette n° 2 (1944) pour piano et
cordes
Quatuor pour Hautbois, violon, violoncelle et
piano (1947)
Nonette (1959), pour flûte, hautbois,
clarinette, basson, cor, alto, violoncelle et contrebasse
Musique concertante
Concerto pour 2 orchestres à cordes, piano et
timbales (1939)
Concerto pour violon n° 2 (1943)
Concerto pour violoncelle n°1 (1930,
1939, 1955)
Musique symphonique
Mémorial de Lidice (1943), poème
symphonique
Symphonie n° 4 (1945)
Symphonie n° 6 (1953)
Les Fresques de Piero della Francesca
(1955)
Paraboles (1958)
Lyrique
Juliette ou la clé des songes (1938), opéra
Gilgamesh (1955), oratorio en trois parties
La passion grecque (1959), opéra
|
Les 6 symphonies
Sur Amazon
Les 5 concertos pour piano
Sur Amazon
|
On trouvera la liste des œuvres de Bohuslav Martinů
sur : patachonf.free
Voir aussi une histoire de la musique tchèque sur physinfo.org
Les
compositeurs roumains
Georges Enesco (1881-1955)
Virtuose du violon, chef d’orchestre et
pédagogue, il a animé la vie musicale en Roumanie où il a joué un rôle analogue
à celui de Bartók et Kodály en Hongrie. Violoniste remarquable, il a été le
professeur de Yehudi Menuhin, ainsi que d’Arthur Grumiaux, Christian Ferras et
Ivry Gitlis.
Georges Enesco (George Enescu en roumain)
est né à Liveni-Vîrnav en Moldavie roumaine le 19
août 1881.
Dès l’âge de 7 ans, il étudie au
conservatoire de la Société des amis de la musique de Vienne, jusqu’à ses 13
ans en 1894.
De 1895 à 1899, il
poursuit ses études au Conservatoire de Paris, où il se perfectionne avec
Massenet et Fauré.
Dès 1898, son premier opus, le
« Poème
roumain », est créé aux concerts Colonne et obtient un vif succès.
À partir de 1927, Yehudi
Menuhin devient son élève.
Entre 1920 et 1931, Il se consacre
totalement à la composition de l'opéra « Œdipe »,
qui deviendra son chef-d'œuvre et qui sera créé à l'Opéra de Paris en 1936.
Après la seconde guerre mondiale, il
quitte la Roumanie devenue communiste pour s’installer à Paris, où il restera
jusqu'à sa mort.
Il meurt à Paris dans la nuit du 3 au 4
mai 1955.
Les principales œuvres de Georges Enesco
La musique d’Enesco est fortement
inspirée par la musique populaire roumaine, tout en étant influencée par la
musique française de Debussy et Fauré et par la musique allemande de Brahms et
Richard Strauss
On trouvera la liste des œuvres d’Enesco sur Wikipedia
György Ligeti (1923-2006)
György Ligeti est un compositeur roumain et hongrois naturalisé autrichien.
Issu d'une famille de langue et de
culture hongroises, György Ligeti naît le 28 mai 1923 dans
une petite localité de Transylvanie, devenue roumaine en 1920.
De 1941 à 1943
il étudie la composition, l'orgue et le violoncelle au Conservatoire de Cluj.
De 1945
à 1949, il étudie la composition à l'Académie de musique Franz-Liszt
de Budapest, où il manifeste déjà son refus de tout académisme et sa volonté
de se libérer de la tonalité.
Il entreprend ensuite
un long voyage en Roumanie, pour y étudier le folklore, comme l’avaient fait
avant lui Bartok et Kodaly.
De 1950 à 1956,
il est professeur d’harmonie, de contrepoint et de composition à l'Académie
Franz-Liszt de Budapest.
Un extrait du Requiem, utilisé par Stanley Kubrick dans son film "2001, odyssée de l’espace" »
|
Après l’échec du
soulèvement de 1956, il fuit la Hongrie et s’installe en Allemagne où il travaille
au studio
de musique électronique de la radio de Cologne avec Karlheinz
Stockhausen, Pierre Boulez, Luciano Berio
et Mauricio Kagel. Il y compose trois œuvres électroniques dont « Artikulation » (1958).
En 1959, il
s’installe à Vienne, où il se fera naturaliser autrichien en 1967.
Il invente la micropolyphonie, technique d’écriture qui
consiste en une division très fine des parties instrumentales ou vocales et qu’il
utilise pour la première fois dans « Apparitions » composé en 1958-1959, puis dans « Atmosphères » en 1961. L’atmosphère créée par cette technique
préfigure le courant spectral des années 1970.
Voici
comment Ligeti définit alors sa musique :
« Ma musique donne l'impression d'un
courant continu qui n'a ni début ni fin. Sa caractéristique formelle est le
statisme, mais derrière cette apparence, tout change constamment. »
Barbara Hannigan chante et dirige « Mysteries of the Macabre », trois airs de l'opéra « Le
grand Macabre ».
|
Dans les années 1960, il
participe aux cours d'été de Darmstadt et enseigne à Stockholm en tant que
professeur invité.
En 1962, il
fait scandale avec son « Poème
symphonique pour 100 métronomes » peut-être inspiré
par la musique aléatoire de John Cage. Dans cette œuvre, la répétition
d’un même son à des vitesses presque identiques crée des déphasages évoluant
lentement dans le temps, créant une polyrythmie complexe qui
sera affinée et utilisée par Ligeti dans ses œuvres ultérieures.
En 1973, Ligeti
devient titulaire d'une chaire de composition au conservatoire de Hambourg, où il enseigne jusqu’en 1989.
Dans sa dernière
période, Ligeti renoue quelque peu avec la tradition en revenant à la tonalité
et à la mélodie, comme par exemple dans le « Concerto
pour violon » (1992) ou la « Sonate
pour alto solo » (1994).
« En fait, il n'y a pas de tabou. Tout est permis. Mais
on ne peut pas simplement revenir à la tonalité, ce n'est pas la bonne voie.
Nous devons trouver un moyen de ne pas revenir en arrière ni de continuer avec
l'avant-garde. Je suis dans une prison : un mur est l'avant-garde, l'autre est
le passé et je veux m'en échapper ». (György Ligeti, 1993)
György Ligeti meurt à
Vienne le 12 juin 2006.
On trouvera une biographie et une analyse de l’œuvre de Ligeti sur
Ressources-IRCAM, ainsi que sur physinfo.org
Les principales œuvres de Ligeti
La musique de Ligeti a été maintes fois utilisée par le cinéaste
Stanley Kubrick dans ses films, par exemple, le « Requiem », « Atmosphères »
et « Lux Aeterna » dans « 2001 Odyssée de l’espace »,
« Musica Ricercata II » dans « Eyes wide shut »,
« Lontano » dans « The shining ».
On trouvera la liste des œuvres de Ligeti
sur Ressources-IRCAM
Voir aussi une histoire de la musique roumaine sur physinfo.org
Les compositeurs polonais
Karol Szymanowski (1882-1937)
Karol Szymanowski est considéré comme l’un des plus grands compositeurs polonais.
Karol Szymanowski est né le 06
octobre1882, à Timoshovka (Ukraine). Il est initié au piano par son
père dès l’âge de 7 ans.
En 1901, il entre au
conservatoire de Varsovie. C'est là qu'il rencontre des musiciens avec
lesquels il formera le groupe « Jeune Pologne en musique ».
En 1910, il obtient un grand
succès à Vienne avec sa « Symphonie
n°2 » op.19 et sa « Sonate
pour piano n°2 », op.21.
Passionné de culture arabe et
orientale, il compose en 1916 sa 3e
symphonie, dite « le Chant de la nuit », à partir de vers du
poète persan Djelal ed Din Roumi.
En 1920-1921, il effectue une
tournée aux Etats-Unis avec Arthur Rubinstein.
En 1926, il écrit « Le
roi Roger », opéra inspiré par ses nombreux voyages, et considéré
aujourd’hui comme l'un des plus importants du XXème siècle.
De 1927 à 1932, il est directeur
du conservatoire de Varsovie.
En 1931 il devient l'un des
membres d'honneur de la Société internationale de musique contemporaine.
Il meurt de la tuberculose le 29 mars 1937 à Lausanne
(Suisse).
Les principales œuvres de Karol Szymanowski
Les œuvres de Szymanowski peuvent être classées en 3
périodes :
Une 1re période
postromantique avant 1914, influencée par Chopin.
Une 2e période de
1914 à 1921, marquée par la musique impressionniste (Debussy, Ravel …)
Une 3e période après
1921, marquée par la musique de son pays d’origine, la Pologne.
On trouvera la liste des principales œuvres de Szymanowski sur Wikipedia.
Witold Lutoslawski (1913-1994)
Witold Lutoslawski est né le 25
janvier 1913 à Varsovie.
En 1925 il suit des cours de violon à l’école de musique
de Varsovie.
Il entre au Conservatoire de Varsovie en 1932, où il obtient son diplôme de
piano en 1936 et de composition en 1937.
En 1939, influencé par
Stravinsky et Szymanowski, il écrit ses « Variations
symphoniques » qui sont diffusées à la radio le 9 Mars 1939, et
seront reprises à Paris en 1946.
En septembre 1939, il est fait
prisonnier par les Allemands mais réussit à s'évader.
En 1948, sa première
symphonie est taxée de « formalisme », et restera interdite jusqu’à la fin
de la période stalinienne.
Le début de sa carrière est fortement
influencé par le folklore polonais. Il en fait une utilisation originale en
particulier dans son « Concerto
pour orchestre » (1954).
En 1956, il est cofondateur du Festival d'automne de Varsovie, dédié à la création
contemporaine.
Après une première période tonale,
Lutoslawski aborde le sérialisme, qui aboutit à sa « Musique
funèbre » pour orchestre à cordes, composée en 1958, en
commémoration du 10e anniversaire de la mort de Bartok.
Il se tourne ensuite vers la musique
aléatoire en créant le concept de musique aléatoire contrôlée qu’il
utilise dans les « Jeux
vénitiens » (1961), œuvre dans laquelle la hauteur des sons et
l’harmonie restent fixées mais où les musiciens choisissent librement le tempo.
La détente des relations
internationales entre l'Est et l'Ouest, lui amène de nombreuses commandes, dont
les « Trois
poèmes d'Henri Michaux », commandés par la Biennale de Musique de
Zagreb en 1963, qui
lui apportent la reconnaissance internationale.
Il voyage alors aux Etats-Unis et en
Grande -Bretagne où il enseigne, ainsi qu’en Finlande, au Canada et au Japon.
Witold Lutoslawski meurt le 7 février 1994
à Varsovie.
Les principales œuvres de Witold Lutosławski
On trouvera la biographie et la liste des œuvres de Lutoslawski
sur Ressources-IRCAM.
Henryk Górecki (1933-2010)
Henryk
Górecki est né le 6 décembre 1933 à Czernica (Pologne).
En 1952, il commence ses études
musicales au Lycée de Rybnik, où il étudie la clarinette, le violon, le piano
et la théorie musicale.
De 1955 à 1960, il étudie
la composition à l’Académie de musique de Katowice. Il complète ensuite ses
études à Paris, où il rencontre Pierre Boulez, et à Cologne auprès de
Karlheinz Stockhausen.
Il revient s’installer définitivement
en Pologne où, de 1968 à 1979, il enseigne la musique à
l'Académie de Katowice.
Sa musique, d’abord influencée par le
sérialisme d’Anton Webern (« Epitaph » 1958, « Scontri »
1960), évolue dans les années 1970 vers un minimalisme privilégiant la
mélodie, puisant son inspiration dans la culture traditionnelle polonaise.
En 1972, il compose sa Symphonie
no 2 « Copernicienne » pour soprano, baryton, chœur et orchestre.
Il compose également des œuvres vocales telles que « Beatus
vir » pour baryton, chœur et orchestre (1979), « Miserere »
pour chœur (1981) et « Totus
Tuus » pour chœur mixte a cappella (1987).
Ses trois quatuors
à cordes (sous-titrés « Already it is Dusk » 1988, « Quasi
una fantasia » 1991 et « …songs are sung » 2005) ont été
commandés par le Kronos Quartet dont les membres, spécialistes de musique contemporaine, ont travaillé en étroite collaboration avec le compositeur.
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dont les 2e et 3e
symphonies
|
Sa 3e symphonie, dite
« Symphonie
des chants plaintifs », composée en 1976, devient
mondialement célèbre après son enregistrement sur disque en 1992, qui figurera
aux hitparades anglais et américains pendant plusieurs semaines. Górecki est
ainsi un des rares compositeurs à avoir pu faire écouter de la musique
contemporaine au grand public.
Henryk Górecki est décédé le 12
octobre 2010 à Katowice (Pologne).
On trouvera une biographie sur
physinfo.org et la liste des œuvres de Henryk Górecki sur
Cultur.pl.
Retrouvez aussi Henryk Górecki dans le chapitre consacré a la musique minimaliste
Krzysztof Penderecki (1933-2020)
Krzysztof Penderecki est né le 23 novembre
1933 à Debica.
Il commence très jeune à étudier le
violon et le piano.
En 1951, il entreprend des
études de composition au conservatoire de Cracovie puis, de 1954 à 1958,
étudie la composition à l’Académie de musique de Cracovie.
En 1959, il obtient les trois
premiers prix du Concours de Varsovie avec trois œuvres d’influence sérielle
: « Strophes
», « Emanations
» et « Psaumes
de David ». Il se voit ainsi rapidement reconnu dans le monde de la
musique d’avant-garde.
En 1960, il développe le sonorisme
avec « Thrène, à la mémoire des victimes d'Hiroshima » pour 52 cordes (initialement
nommée «8'37"»), œuvre
innovante récompensée par le prix de l’Unesco en 1961.
Le sonorisme est une technique
qui consiste à composer sur la base de couleurs sonores. On y trouve glissandos,
ultrachromatisme, bruits stridents, suraigus, accords en grappe (clusters)…
Thrène à la mémoire des victimes d'Hiroshima.
|
En 1972, Penderecki est nommé
directeur du conservatoire de Cracovie.
Après son premier opéra, « Les
Diables de Loudun », créé en 1969, son style évolue vers plus de
simplicité, renouant peu à peu avec l'esthétique postromantique que l’on
retrouve dans son concerto pour violon (1977), son opéra « Paradise
Lost » (1978), sa 2e symphonie (1980) ou son « Requiem
polonais » (1984).
En 1973, il compose sa première
symphonie, dans laquelle, dit-il, « j’ai tenté
de résumer mes 20 ans d'expérience ».
Penderecki, profondément catholique, accorde
une place importante dans sa musique au sacré. Il compose de nombreuses œuvres
d’inspiration religieuse dont le « Stabat Mater » (1962) que
l’on retrouve dans la « Passion selon Saint-Luc » (1966),
« Magnificat » (1973), « Requiem polonais » (1984).
Par ailleurs, il poursuit ses
recherches autour du timbre avec « De natura sonoris no 3 » (2012),
« La Follia » (2013).
Penderecki a reçu de nombreux prix et
distinctions dont on trouvera la liste, avec sa biographie, sur Ressources-IRCAM.
Les principales œuvres de Krzysztof Penderecki
1er style (atonal, sonoriste)
2e style (tonal, néoromantique)
On trouvera la liste des œuvres de Penderecki sur Ressources-IRCAM.
Voir aussi une biographie sur physinfo.org.
Voir aussi une histoire de la musique polonaise sur physinfo.org
Autres compositeurs d’Europe de l’Est
Hongrie
Ernő Dohnányi (1877-1960)
Ernő Dohnányi est connu comme
pianiste virtuose autant que comme compositeur. Son catalogue ne comporte que
48 opus du fait que sa carrière s’est partagée entre la composition, la
direction d’orchestre, l’enseignement et les concerts.
Chef d’orchestre et organisateur de
concerts, il est nommé en 1919, directeur musical de l'orchestre philharmonique
de Budapest.
De 1934 à 1941, il est directeur du conservatoire
Franz Liszt de Budapest.
Après la seconde guerre mondiale, il
part aux Etats-Unis pour enseigner la musique à l'Université de Floride.
Influencé par Brahms, il s’est aussi
inspiré, comme Béla Bartók et Zoltán Kodály, du folklore hongrois.
Ses œuvres les plus célèbres sont la
« Sérénade
en ut majeur pour trio à cordes » (1902), les « Variations
sur une chanson enfantine » pour piano et orchestre (1913), « Ruralia
hungarica » (1924).
Péter Eötvös (Hongrie, 1944- )
Péter Eötvös est à la fois le
compositeur d’œuvres majeures du répertoire contemporain, créées par les plus
grands interprètes, un chef reconnu et invité par les meilleures maisons
d’opéra, et un pédagogue impliqué dans des projets de grande envergure.
Parmi ses œuvres, on peut citer :
Kosmos,
pour piano (1961)
Chinese
Opera (1986) pour orchestre de chambre
Les
3 sœurs (1997), opéra d’après Anton Tchekhov.
On trouvera biographie, analyse et catalogue des œuvres d’Eötvös
sur Ressources-IRCAM.
Nous le retrouverons dans le cadre de la musique contemporaine.
Bulgarie
Pancho Vladigerov (1899-1978)
est né le 13 mars 1899 à Zurich, a grandi en Bulgarie et a été formé à Berlin.
Il rentre ensuite dans son pays où il fonde la société de musique contemporaine
bulgare. Il sera l’un des grands pédagogues de son pays au 20e siècle
et aura notamment pour élève Alexis Weissenberg.
Comme la plupart des compositeurs de sa
génération, Pancho Vladigerov s’est passionné pour le folklore de son pays,
pour ses mélodies et ses rythmes populaires. Il souhaitait que son œuvre
métissée popularise la musique bulgare sur la scène internationale.
Beaucoup de ses œuvres à l'image de la « Rhapsodie
Vardar » sont considérées comme des emblèmes de la musique bulgare.
République Tchèque
Erwin Schulhoff (1894-1942)
Compositeur et pianiste, Erwin Schulhoff effectue une transition entre
musique moderne et musique contemporaine.
Enfant prodige, il est très tôt
remarqué par Antonin Dvorak. Intéressé par le surréalisme, les musiques populaires
et anciennes, il apprécie également le jazz.
En1925, son ballet « Ogelala »,
contient l’un des premiers passages pour percussions seules dans l’histoire de
la musique occidentale.
Il meurt le 18 août 1942 dans le camp
de concentration de Wülzburg en Bavière.
Parmi ses œuvres, citions :
« Sonate
pour violon n°1 », op.7 (1913), « Cinq
études de Jazz » pour piano (1910-1920), « Sonate
pour flûte et piano » (1927), « Flammen »,
opéra en deux actes et dix scènes, (1932).
Alois Hába (1893-1973)
est un compositeur
demusique
microtonale.
Etudiant la chanson populaire de sa
Moravie natale, il remarque que pour renforcer l'expression, les chanteurs
locaux modifient spontanément la hauteur des sons qu'ils émettent. Il
s'intéresse alors aux quarts de ton et aux micro-intervalles.
En 1923, il coopère avec August
Förster pour la construction d’un premier piano à quarts de ton. Il fera
ensuite construire d’autres instruments en ¼ de tons tels qu’une clarinette en
1924, un harmonium en 1928, une trompette en 1931 et une guitare en 1943, ainsi
qu'un harmonium en sixièmes de ton.
Il a écrit des œuvres pour piano en ¼
de tons, des quatuors à cordes en ½ tons, ¼ de tons, 1/5 de tons et 1/6 de
tons, et 3 opéras dont un en ½ tons, un en ¼ de tons et un en 1/6 de tons.
Parmi ses œuvres emblématiques, citons
la « Sonate
pour piano quart de ton » (1947), « Quatuor à cordes n°14 »
(1963), utilisant les 1/4 de tons , « Quatuor
à cordes n°16 » (1967), utilisant les 1/5 de tons.
Pologne
Grażyna Bacewicz (1909-1969)
était considérée par Witold Lutoslawski comme « une éminente compositrice polonaise du vingtième siècle et l’une des plus grandes femmes compositeurs de tous les temps. »
Elle a su s'accomoder du dictat du régime communiste tout en réalisant une oeuvre ambitieuse.
Elle est l'auteur de 33 compositions, dont on peut citer
le Concerto pour orchestre à cordes (1948),
le Quatuor pour 4 violons (1949),
le Quintette avec piano n°1 (1952),
la Symphonie n°3 (1952).
Tadeusz Baird (1928-1981),
fait partie, comme Penderecki
ou Lutosławski, des figures marquantes de la musique polonaise
contemporaine, à laquelle il a apporté un langage nouveau dans un style
authentiquement slave. Avec l'emploi de la technique dodécaphonique, il se
réclame d'Alban Berg, mais est aussi influencé par la musique de Chostakovitch.
En 1956, il fonde, avec quelques autres
compositeurs polonais, « L’Automne musical de Varsovie », qui
s'impose rapidement comme l'un des plus importants festivals de musique
contemporaine.
En 1958, il se fait connaître avec
« Quatre
Essais » pour orchestre.
Parmi ses autres œuvres, on peut
citer : « Quatre
sonnets d’amour » d’après Shakespeare (1956), « Variations
for no Theme » pour orchestre symphonique (1963), « Quatre
dialogues » pour hautbois et orchestre de chambre (1964), « Concerto
lugubre » pour alto et orchestre (1975).
Wojciech Kilar (1932-)
est un des représentants avec Górecki
et Penderecki de l'avant-garde musicale polonaise. Il a composé des œuvres pour
orchestre marquées par le sérialisme ou la musique dodécaphonique. Il est aussi
l’auteur de plus de 130 musiques
de films. Il est surtout connu pour sa symphonie Krzesany.
Zbigniew Preisner (1955-)
est un compositeur de musiques de films, mais il a aussi composé une œuvre non
destinée au cinéma, « Requiem
for my friend » (1998), à la mémoire du cinéaste polonais Krzysztof
Kieślowski, avec qui il a beaucoup collaboré.
Voir aussi : pologneimmortelle.la-musique-polonaise