Compositeurs et mouvements musicaux
La musique en Espagne
et en Amérique latine au 20e siècle
Sommaire de ce chapitre
Compositeurs espagnols
Au début du 20ème siècle, les rapports
entre Paris et l’Espagne deviennent particulièrement étroits dans un échange
réciproque d’influences. Si les musiciens français empruntent à l'Espagne les
procédés et le caractère de maintes œuvres, de Falla, mais aussi Turina,
Rodrigo et Mompou empruntent à la musique française sa technique et sa rigueur.
Manuel de Falla (1876-1946)
Manuel de Falla est sans doute le plus
grand compositeur espagnol du 20e siècle.
Manuel de Falla est né à Cadix le 23
novembre 1876.
De 1896 à 1898, il étudie au Conservatoire
Royal de Madrid avec José Tragó
et remporte un premier prix de piano en 1899.
De 1901 à 1904, il complète sa
formation avec Felipe Pedrell, compositeur et musicologue, initiateur de la
musique espagnole.
En 1904, il compose l’opéra « La
vie brève » (La Vida Breve) avec lequel il remporte en 1905 le prix de l'Académie
royale des beaux-arts.
En 1907, il part pour la France où il
fréquente Debussy, Ravel, Dukas et son compatriote Albéniz, ainsi que le
célèbre pianiste Ricardo Vines, qui donnera en concert ses « Quatre
pièces espagnoles ».
De retour à Madrid en 1914, il compose
le ballet « L’amour sorcier » (El amor brujo) inspiré par les récits
fantastiques d’une gitane et « Les nuits dans les jardins d'Espagne »
pour piano et orchestre, son œuvre la plus « impressionniste », qui décrit trois
jardins dont celui de l'Alhambra et celui de la Sierra de Cordoba.
L’Amour
Sorcier
Dans
le ballet « L’amour sorcier » (El amor brujo), une jeune gitane
andalouse appelée Candela, est hantée par le fantôme de son défunt mari. Pour
se débarrasser de lui, tous les gitans font un grand cercle autour de leur
feu de camp à minuit. Candela exécute ensuite la danse du feu rituel. Cela
fait apparaître le fantôme, avec qui elle danse ensuite. Alors qu'ils
tournent de plus en plus vite, le fantôme est attiré dans le feu, le faisant
disparaître pour toujours.
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« Danse rituelle du feu » Extrait du film de Carlos Saura.
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« Danse et chanson du jeu d'amour » par Rocio Jurado
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En 1919, il compose le ballet « Le
tricorne » (El sombrero de tres picos).
En 1922, il compose « Le retable
de maître Pierre », opéra de chambre commandé par la princesse de
Polignac.
De 1923 à 1926, il compose sa dernière
œuvre achevée importante, le « Concerto pour clavecin » dédié à la
claveciniste Wanda Landowska.
A partir de 1927, il travaille sur une
œuvre ambitieuse «
L’Atlantide
», à laquelle il va se consacrer
jusqu’à la fin de sa vie, mais qui restera inachevée. Elle sera complétée, à
partir de ses esquisses, par Ernesto Halffter pour une première audition en
1961.
En 1928, la France lui décerne la
Légion d’Honneur.
En 1938, il est nommé président de
l’Institut d’Espagne.
En 1939, après la guerre civile d'Espagne, il
part s’installer en Argentine.
Il meurt à Alta Gracia le 14 novembre
1946.
Les principales œuvres de Manuel de Falla
On trouvera une biographie et le catalogue
des œuvres de Manuel de Falla sur Musicologie.org.
Joaquin Turina (1882-1949)
Formé à l’école française, Joaquin
Turina a su mettre en valeur la richesse du folklore espagnol dans des
compositions influencées par l’impressionnisme.
Joaquín Turina est né le 9 décembre
1882 à Séville.
Il étudie d’abord la musique et le
piano à Séville auprès de Garcia Torres et Enriquez Rodriguez, puis complète
ses études au Conservatoire de Madrid avec José Tragó,
également professeur de Manuel de Falla.
De 1905 à 1914, il séjourne à Paris,
où il suit des cours de composition auprès de Vincent d'Indy à la Schola
Cantorum, et se perfectionne au piano.
Au cours de ces années, il fait la
connaissance de Claude Debussy, Paul Dukas et Maurice Ravel et rencontre
Manuel de Falla et Isaac Albéniz.
Rentré à Madrid en 1914 avec de Falla,
il se consacre à la composition, à l’enseignement et à la critique musicale.
En 1920, il dirige les Ballets Russes
de Diaghilev.
En 1926 il obtient le Prix national de
la musique pour son Trio
pour violon, violoncelle et piano.
À partir de 1931, il est professeur de
composition au Conservatoire royal de Madrid.
En 1935, il est élu à l'Académie royale
des beaux-arts de San Fernando.
Joaquín Turina meurt le 14 janvier 1949
à Madrid.
Quelques œuvres de Joaquin Turina
Rincones sevillanos
(1911), pour piano
La Procesión del Rocío
(1913), pour orchestre
Sinfonía sevillana
(1920), pour orchestre
Danzas fantásticas
(1920), pour orchestre
Jardín de Oriente
(1923), opéra
Ritmos
(1928), pour orchestre
Danzas gitanas (1930),
pour piano, (pour orchestre)
|
Danzas fantasticas, Sinfonia sevillana, Ritmos …
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|
Joaquin Turina est également l'auteur d'une
Encyclopédie abrégée de la musique (« Enciclopedia abreviada de la música
», 1917), et d'un Traité de composition (« Tratado de composición
musical », 1947).
On trouvera une biographie et le catalogue des œuvres de Turina
sur Musicologie.org.
Joaquin Rodrigo (1901-1999)
Joaquín Rodrigo est né le 22 novembre
1901 à Sagonte, dans la province de Valence. Il devient aveugle à l'âge de
trois ans, à la suite d'une diphtérie.
En 1925, il remporte le deuxième prix
au Concours national de composition avec ses « Cinco Piezas infantiles »
pour piano.
En 1927, il se rend à Paris où il
suit les cours de Paul Dukas à la Schola Cantorum jusqu’en 1931. Il y
rencontre Maurice Ravel et Manuel de Falla.
En 1933, il se marie à Valence avec
la pianiste Victoria Kamhi, puis, avec l'aide financière d'une bourse, il
retourne à Paris pour compléter
ses études au Conservatoire et à la
Sorbonne.
En 1939, il se fixe à Madrid, où il
compose son célèbre
pour guitare et orchestre dont la création en
1940 lui assure une notoriété internationale.
En 1942, il reçoit le prix national de
la musique et devient en 1944 conseiller musical à la radio espagnole.
En 1947, il est nommé professeur
d'histoire de la musique à l'université de Madrid, titulaire de la chaire
Manuel de Falla, spécialement créée à son intention.
En 1950, il est élu à l'Académie royale
des beaux-arts de Madrid.
En 1954, il retrouve le succès avec la « Fantaisie
pour un gentilhomme » pour guitare et orchestre, composée pour Andrés
Segovia.
En 1991, il est anobli par le Roi Juan
Carlos avec le titre de marquis « de los Jardines de Aranjuez ».
Joaquín Rodrigo meurt le 6 juillet 1999
à Madrid.
Atteint de cécité, Joaquín Rodrigo
composait en braille, puis dictait sa partition note par note à un copiste. Sa
femme jouait ensuite chaque partie au piano pour vérification avant édition.
Les principales œuvres de Joaquin Rodrigo
Rodrigo a composé 170 œuvres dont 11 concertos, des œuvres
chorales et orchestrales, 60 chansons, des pièces pour piano et pour guitare.
On trouvera une biographie et le catalogue des œuvres de Joaquin
Rodrigo sur Musicologie.org.
Federico Mompou (1893-1987)
Federico Mompou est né à Barcelone le
16 avril 1893.
Très jeune, il se consacre au piano
et donne son premier récital en 1908.
De 1911 à 1913, il est à Paris où il
suit des cours au conservatoire puis étudie le piano et la composition avec
Marcel Samuel-Rousseau. C’est pendant ce séjour qu’il compose ses premières « Impresiones
intimas», où l’on devine l’influence d’Erik Satie.
En 1913, il rentre à Barcelone où il achève
ses « Impresiones intimas» en 1914.
Au cours de réceptions organisées par
sa mère dans la maison familiale, il rencontre Manuel de Falla et Sergueï Prokofiev,
ainsi qu’Arthur Rubinstein avec lequel il fait le tour des cabarets de la
ville.
De 1923 à 1941, il vit à Paris puis s’installe définitivement à Barcelone, où il meurt
le 30 juin 1987.
On trouvera une biographie détaillée
sur Musicologie.org.
Les principales œuvres de Federico Mompou
L’œuvre de Federico Mompou est
essentiellement pianistique.
Surnommé « le Debussy espagnol » par le
critique musical Émile Vuillermoz, Federico Mompou est quelque peu influencé
par Claude Debussy et Maurice Ravel.
On trouvera la liste des principales œuvres de Federico Montou sur
Wikipedia.
Autres compositeurs espagnols
Nous avons traité des compositeurs de la fin du 19e–début
du 20e siècle dans le cadre de la période
postromantique.
1re moitié du 20e siècle
Les compositeurs espagnols de la
première moitié du 20e siècle restent liés au pot-romantisme ou
attachés à la tradition espagnole.
Parmi eux, on peut citer Ernesto Halffter (1905-1989), appartenant
au « Groupe des huit » comprenant également
Jesús Bal y Gay,
Juan José Mantecón,
Julián Bautista,
Fernando Remacha,
Rosa García Ascot,
Salvador Bacarisse,
Gustavo Pittaluga.
On trouvera ses principales œuvres ici.
Citons également Conrado del Campo
(1878-1953), Bartholomé Perez-Casa
(1873-1956), Jaime Pahissa (1880-1969), Enrique Morera
(1865-1942)
2e moitié du 20e siècle
Parmi les compositeurs de la 2e moitié du 20e
siècle, on peut citer :
Roberto Gerhard
(1896-1970)
Xavier Montsalvatge
(1912-2002)
Joaquin Homs
(1906-2003).
Le groupe « Nueva Música »
En 1958, Ramón
Barce rédige le manifeste du groupe « Nueva Música » rassemblant des
compositeurs dits de la « generación del 51 » (compositeurs nés entre 1928 et
1934, la plupart d’entre eux ayant fini leurs études en 1951).
Les principaux membres de ce groupe
sont Cristóbal Halffter (1930-), Luis de Pablo (1930 -), Anton García Abril
(1933-), Manuel Moreno Buendía (1932-), Alberto Blancafort (1928-2004), Manuel Carra (1931-).
L’objet de ce groupe est de développer
en Espagne une musique d’avant-garde basée sur l’atonalité, le sérialisme et la
musique aléatoire, en opposition avec l’esthétique nationaliste du début du
siècle. Parmi eux, Cristóbal Halffter et Luis de Pablo font partie des figures emblématiques de
la musique contemporaine espagnole.
Compositeur et chef d'orchestre, il participe
au renouvellement de la musique espagnole en faisant appel dans ses œuvres aux
techniques sérielles, aléatoires et électroniques.
Parmi ses œuvres, citons le concerto
pour piano (1953), « Elegías
a la muerte de tres poetas españoles » (1975)
Compositeur basque d'avant-garde de
musique sérielle et aléatoire, il a créé et dirigé avec
son groupe « Alea » le premier laboratoire de musique
électroacoustique en Espagne.
Parmi ses œuvres, citons « Polar »
(1962) pour 11 instruments, « Chamán »
(1976) pour bande magnétique, « Fantasias »
(2001) pour guitare et orchestre.
Voir aussi une histoire de la musique espagnole sur physinfo.org
Compositeurs sud-américains
Brésil
Heitor Villa-Lobos (1887-1959)
Comme Béla Bartók en Hongrie, le compositeur brésilien Heitor
Villa-Lobos a étudié les musiques traditionnelles de son pays qui ont inspiré
toute son œuvre.
Heitor Villa-Lobos est né à Rio de
Janeiro (Brésil) le 5 mars 1887.
Il perd son père à l’âge de 12 ans. Sa
mère lui interdisant les études de piano, il apprend à jouer de la guitare en
cachette.
Très jeune, il joue dans des groupes
de musique populaire et dès 16 ans exerce comme musicien indépendant.
En 1905, puis en 1907, il parcourt
les états du Nord du Brésil où il récolte de nombreuses musiques populaires.
En 1915, il se fait connaître par des
concerts à Rio de Janeiro. Sa musique intéresse Darius Milhaud, alors
secrétaire de Paul Claudel à l’ambassade de France au Brésil. Arthur
Rubinstein est également conquis et se fait son interprète.
En 1923, il obtient une bourse du
gouvernement pour étudier à Paris, où il rencontre entre autres Florent
Schmitt, Edgar Varèse et les musiciens du groupe des Six.
De retour au Brésil en 1930, il est
nommé surintendant de l'Éducation musicale dans les écoles publiques de Rio de
Janeiro. Il partage ses activités entre la composition et une importante œuvre
pédagogique.
À partir de 1940, Villa-Lobos entreprend
des tournées de concerts à travers les Amériques.
Après la guerre, il partage sa vie
entre le Brésil, les États-Unis et l'Europe, principalement Paris, menant une
carrière de chef d'orchestre qui contribue pour beaucoup à la popularité de son
œuvre.
En 1945, il fonde l'académie
brésilienne de musique où il supervise la constitution d'un important fonds de
partitions de musique traditionnelle de son pays.
En 1948 à Paris, il est élu membre
correspondant de l’Institut de France sur le continent américain.
Heitor Villa-Lobos meurt le 17 novembre
1959 à Rio de Janeiro.
L’œuvre
Bachiana brasileira no. 5 : 1er mouvement aria cantilena
|
Villa-Lobos a écrit, selon les
sources, entre 1300 et 2000 œuvres, pour toutes les formations et dans des
styles très différents : les œuvres des années 1908 à 1912 sont d’un
style proche du folklore brésilien. On distingue ensuite une période
impressionniste autour des années 1920-1930 alors qu’il séjournait en Europe,
avant d’évoluer vers un style toujours plus personnel.
Deux formes lui appartiennent en
propre : les « Chôros » et les « Bachianas brasileiras » :
Les « Chôros » sont
des sortes de sérénades aux modalités brésiliennes appartenant à différents
genres tels que la musique vocale, la musique orchestrale et la musique de
chambre.
Les « Bachianas Brasileiras »,
qui sont ses œuvres les plus connues, sont des petites pièces pour orchestre ou
différentes formations, inspirées de J.S. Bach et de la musique brésilienne. Sa
plus célèbre est la n°5 composée pour une voix soprano et huit violoncelles.
Parmi ses œuvres, on compte 12
symphonies, 17
quatuors à cordes, 14
Chôros, 9 Bachianas
brasileiras, 4 opéras, des concertos pour divers instruments, de
nombreuses œuvres pour piano et pour guitare …
Voici quelques-unes de ses œuvres les plus célèbres :
Œuvres pour piano
A prole do bebê (Le
monde du bébé, 1918 et 1921)
Chôro n°5(1926), pour
piano
Rudepoema (Poème rude,
1926)
Ciclo brasileiro (Cycle
brésilien, 1937) comprenant
Dança do índio branco
(Danse de l’indien blanc)
As três Marias (trois étoiles de la constellation
Orion : Alnitah, Alnilam et Mintaka, 1934-1939)
Œuvres pour guitare
Chôro n°1 (1920), pour
guitare
Suite populaire brésilienne
(1928)
Douze études (1929)
Cinq préludes (1940)
bachianas brasileiras
bachiana brasileira n°1
(1932), pour 8 violoncelles
bachiana brasileira n°3
(1934), pour piano et orchestre
bachiana brasileira n°5
(1938), pour voix et 8 violoncelles
bachiana brasileira n°6
(1938), pour flûte et basson
Concertos
Concerto pour piano n°1
(1945)
Concerto pour guitare
(1951)
Concerto pour violoncelle n°2
(1953)
Symphonies
Symphonie n°3 « la
Guerre » (1919)
Symphonie n° 4 « la
Victoire » (1919)
Musique de chambre
Quatuor à cordes n°4
(1917)
Nonetto (1923)
Quatuor à cordes n°17
(1957)
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Intégrales des Chôros, des bachianas brasileiras et de la guitare solo en 7 CD
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La musique pour piano en 8 CD
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Intégrale des symphonies en 7 CD
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|
On trouvera la liste des principales œuvres de Heitor Villa-Lobos
sur Wikipedia.
Argentine
Alberto Ginastera (1916-1983)
Alberto Ginastera est né le 11 avril
1916, à Buenos Aires, dans une famille d'origine italo-catalane.
Il débute le piano à l’âge de sept
ans.
De 1928 à 1935, il étudie au Conservatorio
Alberto Williams de sa ville natale où il obtient une médaille d’or en
composition, puis entre au Conservatoire national de Buenos Aires en 1936
d’où il sort diplômé en 1938.
En 1937, son premier ballet
« Panambi » est créé au Teatro Colón.
C’est à cette époque qu’il écrit «
Malambo »
op.7 pour piano, dont le rythme percussif en 6/8 et l’harmonie polytonale
deviendront caractéristiques de son langage musical.
A partir de 1941, il enseigne la
composition au Conservatoire national de Buenos Aires. C’est cette même année
qu’il crée son œuvre la plus fameuse : le ballet « Estancia ».
SIMC
La « Société internationale pour la musique
contemporaine » (SIMC) a été fondée le 11 août 1922 à Salzbourg à l'issue d'un festival
de musique de chambre contemporaine. Elle se fixe alors comme objectif
d'organiser un festival annuel dans un des 14 pays membres afin de dresser
régulièrement le bilan d'une année de production musicale. Son premier festival a été organisé à Londres en 1923. Elle
comptait 27 pays membres en 1976 et une cinquantaine en 2010.
|
En 1942, il
bénéficie d’une bourse Guggenheim qui lui permet de compléter sa formation aux
Etats-Unis où il séjournera de 1945 à 1947, et où il étudiera avec Aaron
Copland.
De retour à
Buenos Aires, il fonde la Ligue des compositeurs argentins qui deviendra la
section locale de la S.I.M.C.
En 1958, il fonde
la Faculté de musique de l’Universidad Católica Argentina.
En 1962, il crée le Centre
latino-américain des hautes études musicales à Buenos Aires.
En 1968, souffrant de la censure
persistante qui sévit en Argentine après la révolution, il part pour les États-Unis
où il enseigne pendant 2 ans à Dartmouth College (New Hampshire).
En 1970, il se fixe à Genève, ville qui
l’inspirera pour l’écriture de « Cantata
Milena » créée en 1971.
Il meurt à Genève le 25 juin 1983.
L’œuvre
Danse finale du ballet
« Estancia » dirigée par Gustavo Dudamel.
|
Ginastera a
lui-même classé son œuvre en trois périodes :
-
La période du
« nationalisme objectif »
(1934-1948)
Cette période se réfère directement au folklore
argentin. Sa musique est profondément tonale, tels « Panambí »
(1937), « Estancia » (1941) et quelques pièces pour piano, ainsi
que pour chant et piano.
-
La période du
« nationalisme subjectif »
(1948-1958)
Dans cette période, Ginastera s'éloigne d'une
inspiration folklorique directe, mais conserve une forme nationale, avec des matériaux
dérivés des rythmes et des mélodies d’Argentine.
-
La période du « néo-expressionnisme »
(1958-1983)
Dans cette période, il n’y a plus aucune cellule rythmique ou
mélodique issue du folklore. La musique s’oriente vers un langage plus moderne,
où se mêlent dodécaphonisme, polytonalité, utilisation de micro-intervalles et
de séquences aléatoires.
Voici quelques-unes de ses œuvres les plus célèbres (Les couleurs
de titre correspondent aux périodes citées ci-dessus)
On trouvera une biographie et la liste
des principales œuvres d’Alberto Ginastera sur Ressources-IRCAM
Mexique
Carlos Chávez (1899-1978)
Carlos Chávez a
joué dans son pays un rôle analogue à celui de Villa-Lobos au Brésil, en
concrétisant l'image d'une musique mexicaine et en créant une véritable vie
musicale.
Carlos Chávez est né à Popotla (maintenant
quartier de Mexico) le 13 juin 1899.
Il étudie le piano avec Pedro Ogazón
et l'harmonie avec Manuel Ponce.
En 1922-1923, il voyage en France, en
Autriche et en Allemagne.
De 1926 à 1928, il vit à New York.
En 1928, il fonde et dirige l’orchestre
symphonique de Mexico.
De 1928 à 1934, il dirige le
conservatoire national de Mexico.
De 1947 à 1952, il est directeur
général de l’institut national des beaux-arts.
En 1958-1959, il est maître de
conférences à l'université Harvard.
De 1970 à 1973, il est directeur
musical du Cabrillo
Festival of Contemporary Music.
Carlos Chávez meurt
à Mexico le 2 août 1978.
L’œuvre
Carlos Chávez a écrit plus de 150
œuvres, dont 1 opéra, 4 concertos, 7 symphonies, 5 ballets.
Sa musique est une synthèse
d'influences mexicaine, indienne et espagnole, caractérisée par l’usage de la
polyrythmie. Dans certaines œuvres telles que les « Cantos de Mexico » (1933) ou
« Xochipilli Macuilxóchitl » (1940), pour orchestre mexicain, il utilise
d’anciens instruments précolombiens qui évoquent la musique aztèque.
Voici quelques-unes de ses principales œuvres
:
On trouvera la liste de ses œuvres en
cliquant ici.
Voir aussi le site qui lui est consacré : http://www.carloschavez.com.mx/
Mexique
Silvestre Revueltas (1899-1940)
Silvestre Revueltas est né à Santiago
Papasquiaro (Mexique) le 31 décembre 1899.
Très jeune, il étudie le violon.
En 1913 il entre au conservatoire
national de Mexico pour y étudier la composition.
De 1917 à 1920, il poursuit ses
études de violon et de composition à l'université de musique de Chicago.
En 1928, Carlos Chávez l'engage au
conservatoire national de musique comme professeur de violon et comme chef
assistant de l'Orchestre symphonique national du Mexique, poste qu'il occupera
jusqu'en 1935.
En 1935, il quitte ce poste pour
devenir le chef principal de l’orchestre rival, l'Orquesta Sinfónica Nacional.
En 1937, pendant la guerre civile
espagnole, il se rend en Espagne, dans le cadre du 2e « Congrès international
d'écrivains pour la défense de la culture », en tant que membre de la
« Ligue des écrivains et artistes révolutionnaires » (LEAR). Il y
rencontre Pablo Neruda, Rafael Alberti et Nicolás Guillén et donne plusieurs
concerts en faveur des républicains. Il voyage en France, puis rentre au
Mexique après la victoire de Franco.
En 1939, il est interné en hôpital
psychiatrique pour des problèmes d'alcoolisme.
Il meurt le 5 octobre 1940 à Mexico des
suites d'une bronchopneumonie.
L'œuvre
Son œuvre, caractérisée par un sens
exceptionnel du rythme, est inspirée du folklore mexicain.
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|
Ses compositions pour grand orchestre
telles « Ventanas »,
« Sensemayá » considéré comme son chef-d’œuvre, ou « La Noche
de los Mayas », son œuvre la plus connue, comportent de nombreux effets
percussifs.
Revueltas a aussi composé de la
musique de film, de la musique de chambre et des chansons.
Sa dernière œuvre, inachevée, est un
ballet, « La
Coronela » (La colonelle), dont la partition orchestrale,
disparue, a été reconstituée par le chef d’orchestre José Limantour avec le
concours du compositeur Eduardo Hernández Moncada qui avait dirigé la création
d’origine. Cette version reconstituée a été créée à Mexico en 1962.
Ses œuvres les plus célèbres
Sensemaya
|
La nuit des mayas
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Hommage à Garcia Lorca
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Argentine
Astor Piazzolla (1921-1992)
Qualifié de Villa-Lobos argentin, Astor Piazzolla a donné ses
lettres de noblesse au tango.
Astor Piazzolla est né le 11 mars
1921 à Mar del Plata (Argentine).
En 1924 il arrive à New York avec ses
parents.
Il commence à jouer du Bandonéon en
1929, à l’âge de 8 ans, puis suit des cours de piano avec Bella Wilda,
disciple de Rachmaninov.
En 1934 (il a 13 ans), il rencontre Carlos
Gardel, chanteur de tango mondialement célèbre, qui se lie d'amitié avec
« ce gamin qui joue du bandonéon comme un galicien" et qui lui obtiendra
un petit rôle dans le film qu’il est en train de tourner, « El día que
me quieras ».
En 1937 Astor Piazzolla arrive à Buenos
Aires et entre dans l’ensemble du célèbre joueur de bandonéon Aníbal Troilo.
Parallèlement, il poursuit sa formation classique avec Alberto Ginastera.
Au début des années 1950, il pense
sérieusement à abandonner le tango pour se consacrer à la musique classique.
En 1954, ayant obtenu une bourse du
Conservatoire de Paris, il se rend à Paris pour y étudier la composition auprès
de Nadia
Boulanger. Celle-ci le persuade de développer son art à partir de ce
qui forme son fondement, c'est-à-dire le tango et le bandonéon.
En 1958 Astor Piazzolla retourne à
New-York où il se lance dans le Jazz-Tango, qui sera pour lui une expérience
décevante. Il incorporera
néanmoins des éléments de jazz dans ses futures compositions.
Il retourne à Buenos Aires en 1960, où
il crée une formation, le « Quinteto Tango Nuevo », avec laquelle il
créera la majeure partie de son œuvre.
En 1967, il compose « Maria de
Buenos Aires », le premier opéra-tango.
En 1971, il s’installe de nouveau à
Paris, à la Cité des Arts.
En 1974, il monte le groupe « Conjunto
Electronico », avec lequel il enregistre l’album « Libertango »,
qui comporte huit morceaux, diversement instrumentés, dont « Adios
Nonino », et qui remporte un énorme succès.
En 1986, il reçoit le César de la
meilleure musique de film pour « Tangos, l’exil de Gardel » du
réalisateur Fernando E. Solanas.
En 1990, il réalise une série de
tournées en soliste aux côtés d'orchestres classiques.
Cette même année, Mstislav Rostropovich
joue à New Orleans l’œuvre pour violoncelle et piano qu’il lui avait commandé, « Le
Grand Tango ».
Astor Piazzolla meurt le 04 juillet 1992
à Buenos Aires.
Quelques œuvres d’Astor Piazzolla
Astor Piazzolla a aussi composé les bandes sonores de plus de 50
films.
On trouvera une biographie et la discographie de Piazzolla sur Wikipédia.
Autres compositeurs
latino-américains
Au Mexique
Manuel Ponce
(1886-1936) a écrit de la musique de chambre, de la musique orchestrale et
surtout de la musique pour piano et pour guitare.
Parmi ses œuvres les plus connues,
citons :
-
Pour la guitare : les « Variations
et fugue sur la Folia » (1929), la « Sonatina
meridional » (1939), ainsi que le « Concierto
del sur » (1941) dédié au guitariste virtuose Andrés Segovia.
-
Pour le piano : Intermezzo
(1909), Concerto
pour piano (1910)
Julian Carrillo
(1875-1965) est musicologue, violoniste et compositeur.
Il est l’auteur d’une théorie sur la musique
microtonale baptisée "le treizième son".
Sa production musicale comporte des
œuvres tonales, atonales et microtonales.
Voici parmi ses oeuvres :
Une œuvre atonale : Symphonie
n°3 (1945)
Deux œuvres microtonales : Preludio
a Colón (1922), Horizontes
(1947)
José Rolon
(1876-1945), compositeur, chef d'orchestre et professeur de musique. Il a
composé une centaine d’œuvres dont « Danzas
indigenas », pour piano, « Le
festin des nains » (1925) pour orchestre, un concerto
pour piano (1935).
José pablo Moncayo
(1912-1958), pianiste et compositeur. Son œuvre la plus connue est Huapango
(1941).
Blas Galindo
(1910-1993), compositeur, chef d'orchestre et professeur de musique. Ses œuvres
les plus connues sont « Hommage
à Cervantes >» (1947) pour orchestre, « Sones
de Mariachi » (1953) pour orchestre.
Arturo Marquez
(1950-). Sa série de Danzónes, dont la plus célèbre est la Danzon
n°2, a contribué à sa renommée internationale.
En Argentine
Alberto Williams
(1862-1952), pianiste, compositeur, professeur de musique et chef d'orchestre.
Parmi ses œuvres, citons les 9
symphonies, les 3 « Suites
argentines », « Las
milongas de la orquesta ».
Carlos Lopez
Buchardo (1881-1948). Compositeur essentiellement d’œuvres lyriques, il
a écrit des opéras, des messes, des comédies musicales, et plus d'une
cinquantaine de canciones, dont la plus connue est « La
canción del carretero » (la chanson du charretier).
Juan
Carlos Paz (1897-1972). Il a écrit des œuvres pour orchestre (concertos
et poèmes symphoniques), pour piano (Inventions), et des compositions dodécaphoniques pour différentes combinaisons
instrumentales. Sa musique évolue du style néoclassique ( « Ritmica
Ostinata » de 1943 semble être sous l’influence d’Albert Roussel et de
sa « Suite en fa »)
au dodécaphonisme (« Continuidad
1960 », 1960).
~
Citons également
-
L’uruguayen Eduardo
Fabini (1882-1950) dont les principales œuvres sont « Campo »,
« La
isla de los ceibos », « melga
sinfónica » , « Mburucuyá »,
« Mañana
de reyes ».
-
Le bolivien Eduardo Caba (1890-1953),
compositeur, pianiste et professeur de musique.
Sa musique est influencée par les
traditions, danses et chansons des indiens auprès desquels il a vécu dans son
enfance. Il a écrit « Airs
indiens » pour piano.