Venu de sa Bohème natale, Antonin
Dvorak arrive à New-York en 1892, où il découvre les negro-spirituals. Directeur
du nouveau conservatoire de New-York jusqu’en 1895, il encourage, malgré la
ségrégation raciale d’alors, ses étudiants blancs à s’inspirer des thèmes
afro-américains. Il s'en inspire lui-même dans sa Neuvième symphonie, dite du
Nouveau Monde.
« Peu importe si l'inspiration vient des mélodies des
Noirs ou des chants créoles ou indiens, ou des plaintes des Allemands ou
Norvégiens nostalgiques, les germes de la musique américaine sont ensevelis
sous les strates de toutes les communautés qui ont construit ce pays
magnifique. »
Plus tard, Léonard Bernstein dira que « la
musique noire est la source commune à toute la musique américaine ».
C’est Charles Ives (1874-1954)
qui ouvre la voie à la musique américaine du 20e siècle et est
considéré comme le père fondateur de la musique américaine moderne. Il sera la
référence des compositeurs américains suivants.
Ceux-ci peuvent être classés dans différents
courants :
-Un premier courant « expérimentaliste », rassemblant
deux générations de compositeurs : Henry Cowell (1897-1965) et Edgar
Varèse (1883-1965) d’une part, John Cage (1912-1992) et Elliott Carter
(1908-2012) d’autre part.
-Un deuxième courant dit « nouvel américanisme »,
rassemblant Georges Gershwin (1898 - 1937, Aaron Copland (1900-1990) et Leonard
Bernstein (1918-1990).
-Un courant « sérialiste et post-sérialiste »
centré sur Milton Babbitt (1916-2011), marqué par sa rencontre avec Schönberg
en 1933.
-Un courant « minimaliste » initié par La Monte
Young 1935-), suivi par Terry Riley (1935-), Steve
Reich (1936-) et Philip Glass (1937-), puis John Adams (1947-).
Nous ne traiterons pas ici du jazz qui fait l’objet d’une page à
part.
Charles Ives (1874-1954)
Charles Ives nait le 20 octobre 1874
à Danbury, dans le Connecticut.
Son père, musicien autodidacte qui
dirige la fanfare du village, lui transmet les bases de la tradition musicale
savante tout en développant son goût pour les expérimentations musicales les
plus audacieuses, telles que microtonalité,
polytonalité,
polyrythmie …
Il commence à composer à 12 ans et devient
organiste à 14 ans.
En septembre 1894, il s’inscrit à
l’Université de Yale où il reste quatre ans au cours desquels il entre dans des
sociétés secrètes d’étudiants (Delta Kappa Epsilon
et Wolf’s
Head).
Il compose sa Symphonie n° 1 (1898)
en guise de thèse de fin d’études.
En 1898, arrivé à New-York, il travaille dans une
compagnie d’assurances, tout en continuant une activité d’organiste dans différentes
églises de la région.
En 1906, il renonce à une carrière de musicien professionnel
et fonde en 1907, sa propre compagnie d’assurances où il restera jusqu’à sa
retraite. Dès lors, il compose pendant ses temps libres, dans l’ignorance de la
vie musicale new-yorkaise. Ses œuvres ne seront connues du public qu’à partir des
années 1930 (en particulier avec l’exécution en 1931 et 1932 aux États-Unis et
en Europe de « Three
places in new England »).
Sujet à des attaques cardiaques en 1918, il traverse
des périodes de dépression et ne compose plus que très peu après 1920.
En 1922, il publie un recueil de mélodies,« 114 songs ».
Il trouve la
consécration avec la création de sa Sonate n°2 « Concord » en 1939,
et l’obtention en 1947 du Prix Pulitzer pour sa Symphonie n° 3.
Sa Symphonie n° 4 ne sera jouée que 11 ans après sa mort.
Charles Ives meurt le 19 mai 1954 à
New-York.
~
C’est surtout dans les œuvres composées
après 1912 telles que la Sonate
pour piano n°2 (1912), le Quatuor
à cordes n°2 (1913) ou la Symphonie
n°4 (1916), que Charles Ives donne libre cours à ses idées les plus
originales et qu’il expérimente de nombreuses techniques qui font de lui un des
musiciens les plus innovants de son époque.
Ainsi, il utilise la polyrythmie avant Igor
Stravinsky et la polytonalité avant Darius Milhaud.
De même, dans certaines œuvres, il mêle
tonalité et atonalité, et utilise des clusters.
Un cluster, ou grappe de sons
voisins, est un agrégat de notes espacées d'un intervalle de seconde. Sur un
instrument de musique à clavier, le cluster peut être exécuté des doigts, du
poing ou du tranchant de la main, du coude ou encore de l'avant-bras.
Utilisation de clusters dans ,
1re des « 114 songs »
Il introduit une dose d’aléatoire dans
« Hallowe'en »
(1906), pour quatuor à cordes et piano, et aborde la microtonalité
avec « Three
quarter tone pieces », pour piano quart de ton ou deux pianos.
Sa musique est souvent inspirée par son
patriotisme ainsi que par son adhésion au transcendantalisme,
philosophie panthéiste recherchant le bonheur au sein de la nature et
s’opposant aux dogmes de toutes sortes, religieux ou autres.
On trouvera une biographie et le catalogue des œuvres de Charles
Ives sur Ressources-IRCAM.
Les compositeurs expérimentalistes
Les compositeurs expérimentalistes
choisissent d’ignorer les codes et les traditions de la musique occidentale, et
de tout remettre en question. Chacun d’eux explore à sa manière les sonorités,
les textures et les limites du langage musical.
Deux générations de compositeurs
représentent ce courant :
-Une première génération née aux alentours de 1890, avec Henry
Cowell et Edgar Varèse.
-Une génération née aux alentours de 1910, avec John Cage
et Elliott Carter.
Henry Cowell (1897-1965)
Henry Cowell est né le 11 mars 1897 à
Menlo Park (Californie) et mort le 10 décembre 1965 à Shady (New York).
Comme Charles Ives, Henry Cowell a profondément
marqué l'évolution de la musique américaine, en inventant de nouveaux
procédés tels que le cluster,
qu’il expérimente dès 1916 dans sa pièce pour piano « Dynamic
Motion » (1916) puis dans « The
Tides of Manaunaun » (1917) et Tiger
(1930), et le string piano, consistant à jouer directement sur
les cordes du piano sans utiliser le clavier, comme dans « Aeolian
Harp » (1923) ou « The
Banshee » (1925), préfigurant le piano préparé de John Cage.
Son œuvre de jeunesse « Anger
Dance » (1914) préfigure quant à elle le minimalisme de Steve Reich.
En 1928, il fait la connaissance de
Charles Ives, qui le soutiendra financièrement. Henry Cowell lui rendra hommage
en 1955, en écrivant le premier ouvrage consacré à ce compositeur, « Charles
Ives and his music ».
En 1929, il compose son Concerto
pour piano dans lequel ses clusters s’ajoutent à des structures harmoniques
très denses.
Utilisant de nombreuses percussions, il
se fait construire, en 1930, par Léon Theremin, un rhythmicon,
sorte de boite à rythme pouvant produire de nombreuses combinaisons rythmiques,
pour lequel il compose en 1931 son « Concerto for Rhythmicon and Orchestra »
(Rhythmicana).
En 1930 il publie son livre « New
Musical Resources », qui développe ses recherches sur le rythme et
l’harmonie.
Au début des années 1930, il se
consacre à la musique aléatoire et utilise la forme
ouverte : En 1935, le Quatuor
à cordes n°3 « Mosaic » est une suite de cinq mouvements sans
ordre prédéterminé.
Il utilise aussi des modes non
occidentaux. Dans les années 1950, ses nombreux voyages lui inspirent un
certain nombre d’œuvres dont « Persian
Set » (1957) en Iran, la Symphonie n° 13 « Madras »
(1956) en Inde, ou « Ongaku »
(1957) au Japon.
Parmi ses dernières œuvres figurent le Concerto
n° 1(1962) et le Concerto n° 2 (1965) pour koto et orchestre et les 26 « Simultaneous
Mosaics » (1963).
On trouvera une biographie ainsi que le
catalogue de l’œuvre de Henry Cowell sur Ressources-IRCAM.
Edgar Varèse (1883-1965)
Edgar Varèse (Edgard à l'état civil) est né à Paris, de père
italien et de mère bourguignonne, le 22 décembre 1883.
Après des études d’ingénierie à
Turin, il revient en France en 1903 et s’installe à Paris.
De 1903 à 1905, il étudie
avec Vincent d'Indy et Albert Roussel à la Schola Cantorum
puis, de 1905 à 1907 avec Charles-Marie Widor au Conservatoire de Paris. Il
se déplace ensuite à Berlin où il rencontre les compositeurs Richard Strauss
et Ferruccio Busoni.
Il revient à Paris en 1913 mais, déçu
par les moyens offerts aux compositeurs, il décide, en 1915, d’émigrer aux
Etats-Unis où il est naturalisé américain en 1926.
C’est là qu’il compose la première
version de « Amériques » (1918-1921) qui symbolisera sa rupture avec les
systèmes existants et son entrée dans un nouveau monde esthétique.
Il crée « Offrandes » en
1922, « Hyperprism » en 1923 et « Intégrales » en 1925, œuvres
où il explore les différentes possibilités de la percussion et du rythme.
De retour à Paris en 1928, où il
restera jusqu’en 1933, il modifie certaines parties de « Amériques »
pour y inclure les ondes Martenot qui viennent d’être inventées.
En 1931, il compose « Ionisation »,
première œuvre pour percussion seule.
En 1934, il compose « Ecuatorial »,
première œuvre musicale contenant des parties pour deux thérémines, qu’il
remplacera par deux ondes Martenot dans une nouvelle version en 1961, faute
de thérémines disponibles alors.
Il retourne aux Etats-Unis en 1934. Il
écrit très peu jusqu’aux années 1950, où les progrès de l’électronique lui
inspirent alors de nouvelles œuvres innovantes.
En 1954, c’est la création de « Déserts »,
œuvre pour orchestre et bande enregistrée. Le scandale que cette œuvre
provoque, sans doute le plus important depuis celui du Sacre du printemps en
1913, le révèle aux compositeurs de son époque et le font connaître à un large
public.
Le pavillon Philips à Bruxelles en
1958.
En 1958, il utilise le Studio
de musique électroacoustique de Pierre Schaeffer pour réaliser « Poème
électronique » pour bande magnétique seule, œuvre destinée à être
diffusée, avec « Concret PH » de Xenakis,
dans le Pavillon Philips de l’Exposition universelle de Bruxelles.
On trouvera une biographie et le catalogue des œuvres d’Edgar
Varèse sur Ressources-IRCAM.
John Cage (1912-1992)
Influencé par le bouddhisme et le
taoïsme, à la fois musicien, écrivain et peintre, exploitant le silence, le
hasard, les bruits, pratiquant le happening, inventant le water gong et le
piano préparé, John Cage a bouleversé la musique et le monde de l'Art.
Il a entrainé dans son sillage de
jeunes compositeurs comme David Tudor, Morton Feldman, Christian Wolff et Earle
Brown qui ont formé autour de lui « l’Ecole de New-York ».
John Milton Cage Jr est né le 5
septembre 1912 à Los Angeles.
En 1930, Il quitte l'université pour
entreprendre un voyage en Europe, qui le mène à Paris où il prend des cours
de musique au Conservatoire.
De retour aux Etats-Unis en 1931, il
étudie la composition auprès d’Henry Cowell puis, de 1934 à 1936, avec Arnold
Schönberg, mais il s’éloigne rapidement du système de Schönberg pour se
tourner vers l’expérimentation. En 1937, dans son ouvrage « Le futur de
la musique », considérant que tout ce que nous entendons est bruit, il
se propose de réaliser de la musique à partir du bruit.
En 1938, il invente le water gong.
Le water gong est un gong qui, trempé dans l’eau
après avoir été frappé, voit sa hauteur de son varier selon un glissando,
ascendant ou descendant en fonction de l’immersion.
En 1939, il compose la première œuvre
de musique électronique « Imaginary
Landscape n°1 » pour 2 électrophones à vitesse variable, des
enregistrements de sons sinusoïdaux de fréquences diverses, piano et cymbale.
En 1940, il invente le piano préparé
pour accompagner la pièce chorégraphique « Bacchanale »
de Syvilla Fort.
Le Piano préparé est un piano dont les sonorités
(hauteur des notes, timbre...) ont été modifiées en appliquant directement
sur les cordes divers matériaux (papier, objets métalliques, pièces de bois
ou de plastique, verre...).
En 1949, à Paris, il travaille sur la
musique d’Erik Satie, et rencontre Olivier Messiaen, Pierre Schaeffer et Pierre
Boulez.
Au début des années 1950, il s'initie
au bouddhisme zen.
Choisissant d'expérimenter le hasard en
composition, il recourt au Yi
King pour composer aléatoirement « Music
of Changes » en 1951, pour piano seul.
En 1952, il compose « 4′33″ »,
œuvre en 3 mouvements dans laquelle l’interprète joue en silence pendant quatre
minutes et trente-trois secondes. En fait, c’est le son ambiant de la salle de
concert qui constitue la substance de l’œuvre.
En 1953, il devient le compositeur
attitré du danseur et chorégraphe Merce Cunningham, son compagnon depuis 1938, qui
vient de fonder sa propre compagnie.
En 1958, il se rend à Darmstadt pour un
séminaire sur la « composition comme processus ».
A partir de cette période, son œuvre se
radicalise, accueillant n'importe quel son se présentant de manière imprévue,
exploitant le hasard, l’indétermination, l’improvisation …
John Cage consacre aussi beaucoup de
temps à son activité plastique qui commence en 1958 avec l’exposition de ses
partitions.
Il meurt à New York le 12 août 1992.
Quelques œuvres de John Cage
La plupart des œuvres de John Cage sont
écrites pour instruments à percussion ou pour piano préparé et pour des sources
sonores et des exécutants pas toujours spécifiés.
Imaginary Landscape n°1 (1939) pour
deux platines à vitesse variable, enregistrements de sons sinusoïdaux, piano
et cymbale.
On trouvera une biographie et le catalogue des œuvres de John Cage
sur Ressources-IRCAM.
Elliott Carter (1908-2012)
Elliott Cook Carter, Jr. est né à New York le 11 décembre 1908.
En 1924, il rencontre Charles Ives qui devient pour lui un modèle et lui fait
découvrir l’avant-garde musicale.
De 1930 à 1932, il étudie à
l’université de Harvard avec Walter Piston et Gustav Holst comme professeurs.
Nadia Boulanger (1887-1979) était une pédagogue, pianiste, organiste, chef de chœur, chef d'orchestre et compositrice française. Pendant plus de 70 ans elle a été l'un des professeurs de composition les plus influents du 20e siècle, comptant quelque 1200 élèves, parmi lesquels Elliot Carter, Aaron Copland, Philip Glass …
En 1932, il se rend à Paris où il
étudie avec Nadia Boulanger et se passionne pour la musique ancienne.
De retour à New York en 1935, il enseigne
dans les plus prestigieuses écoles et universités américaines. Parallèlement, il
écrit de nombreux articles critiques et théoriques sur la composition.
De 1936 à 1940, il est directeur
musical du Ballet Caravan, petit groupe expérimental composé d'étudiants, qui
présente des ballets sur des thèmes spécifiquement américains.
Après s’être approché, dans les années
1930-1940, du style néo-classique, sous l'influence de Stravinski, d'Hindemith
et de Nadia Boulanger, il développe à partir des années 1950, un langage très
personnel, s’éloignant musicalement de ses contemporains américains ainsi que
de l’école sérielle. Il trouve alors son inspiration dans la littérature, la
poésie, la danse et le cinéma.
À partir des années 1980, son activité
de compositeur s’intensifie, au détriment de ses activités d’enseignant et de
critique.
Sa carrière a été couronnée par de
nombreuses distinctions dont deux fois le Prix Pulitzer en 1960 pour son Second Quatuor et en 1973 pour son Troisième Quatuor.
En 1988, la France le nomme « Commandeur
dans l’Ordre des Arts et des Lettres », et en 2012 « Commandeur de la
Légion d’Honneur ».
Elliott Carter continue à composer jusqu’à
sa mort à l’âge de 104 ans, le 5 novembre 2012 à New York.
On trouvera une biographie et le catalogue des œuvres d’Elliott
Carter sur Ressources-IRCAM
Le nouvel américanisme
Sous l’impulsion d’Antonin Dvorak,
installé aux Etats-Unis de 1892 à 1895 et directeur du conservatoire de New
York, un premier mouvement américaniste apparait à la fin du 19e siècle,
s’inspirant des traditions des populations noires du Sud. Ce premier mouvement
américaniste reste néanmoins très attaché au style postromantique européen.
Le « Nouvel américanisme »
désigne les œuvres de compositeurs américains de la génération suivante comme
Gershwin (1898-1937), Copland (1900-1990) ou Bernstein (1918-1990) qui introduisent
autant le jazz que les musiques populaires d’origines anglaise et irlandaise dans
la musique classique.
George Gershwin (1898-1937)
George Gershwin est le compositeur le
plus représentatif du jazz symphonique, dans lequel il propose une synthèse entre
le langage classique et le jazz des années 1920.
George Gershwin est né le 26
septembre 1898 à New-York, dans le quartier de Brooklyn.
Embauché en 1914 dans une manufacture
de partitions musicales, il commence à composer des chansons, à partir de
1916. Après le succès rencontré par sa chanson
en 1919, il est réclamé à Broadway et compose de nombreuses comédies
musicales et chansons en collaboration avec son frère Ira qui en écrit les
textes.
En 1924 il introduit le jazz dans la
musique classique avec sa
, écrite sous l’impulsion de
Paul Whiteman.
Cette œuvre lui vaudra l'admiration de
Maurice Ravel, Jacques Ibert et Arnold Schoenberg.
En 1925, au Carnegie Hall de New York, il
présente son « Concerto en fa », concerto pour piano de forme
traditionnelle, rappelant un peu le style de Rachmaninov.
En 1928, il rencontre Maurice Ravel
venu aux Etats-Unis, à qui il sollicite des cours mais qui refuse et
l’encourage à rester lui-même : « Pourquoi seriez-vous un Ravel de
seconde classe, alors que vous pouvez devenir un Gershwin de première classe ? ».
Quelques jours plus tard, il se rend à
Paris où il rencontre les compositeurs Sergueï Prokofiev, Kurt Weill et Alban
Berg. Ce séjour lui inspire « Un Américain à Paris », œuvre qui sera
jouée au Carnegie Hall à New York, le 13 décembre de la même année.
En 1932, suite à deux semaines de
vacances passées à La Havane, il écrit « Rumba » qui deviendra « Ouverture
cubaine ».
En 1935 est créé l’opéra « Porgy
and Bess », qui offre une synthèse entre l'opéra européen, le jazz et la
musique populaire. Le tube de « Porgy and Bess »,
aura un succès considérable et deviendra un standard du jazz, donnant lieu à
des milliers de versions.
George Gershwin meurt à Los Angeles d'une
tumeur cérébrale, le 11 juillet 1937, à l’âge de 38 ans.
On trouvera une biographie et une liste des œuvres de George
Gershwin sur Wikipédia.
Aaron Copland (1900-1990)
Aaron Copland a intégré les airs
populaires américains dans une musique foncièrement américaine, contrairement à
la génération précédente qui les avait utilisés sous des formes européennes. Il
s’est attaché à écrire une musique simple et moderne, appréciée par le plus
grand nombre des mélomanes américains.
Aaron Copland est né le 14 novembre
1900 à New-York, dans le quartier de Brooklyn.
De 1917 à 1921, il prend des leçons
d'harmonie, de théorie et de composition avec Rubin Goldmark.
En 1921, il part pour la France pour
compléter son instruction au château de Fontainebleau où vient d’ouvrir une
université d’été pour compositeurs américains.
A Paris, où il prolonge son séjour
jusqu’en 1924, il devient le premier étudiant américain de Nadia Boulanger.
Il compose la « Symphonie
pour orgue et orchestre » qui sera créée en 1925 par Nadia Boulanger
à l’orgue.
De retour aux Etats-Unis en 1924, il
introduit d’abord des thèmes populaires et des rythmes de jazz dans ses
compositions telles que « Music for Theatre » (1925) et son « Concerto
pour piano » (1926), mais dès la fin des années 1920, il commence à
s’intéresser à d’autres musiques populaires, telles que les folk songs
américains ou sud-américains. C’est ainsi que son voyage au Mexique en 1932 lui
inspire l’une de ses œuvres les plus célèbres, « El Salon México »
(1936).
Le concerto pour piano joué par le compositeur.
En 1928, il fonde avec Roger Sessions
les « Copland-Sessions Concerts » destinés à promouvoir la musique
moderne américaine.
En 1937, il fait la connaissance de
Leonard Bernstein avec qui il lie une profonde amitié, et qui jouera un rôle
essentiel dans la diffusion de sa musique à travers le monde.
Pendant les années 1940, il compose de
nombreuses musiques de films.
En 1943, il compose son œuvre la plus
connue, le ballet « Appalachian spring », qui raconte la vie de
pionniers américains au début du 19e siècle.
De retour en Europe en 1949, il
s’intéresse au sérialisme de Schönberg qu’il utilise dans le « Quatuor
avec piano » (1950) et la « Fantaisie pour piano » (1957), puis
dans « Connotations »
(1962) et « Inscape »
(1967).
A partir des années 1970, Copland ne
compose plus et se consacre entièrement à la direction d’orchestre.
Atteint de la maladie d’Alzheimer,
Aaron Copland meurt le 2 décembre 1990
On trouvera une biographie et le catalogue des œuvres d’Aaron
Copland sur Ressources-IRCAM
Leonard Bernstein (1918-1990)
Léonard Bernstein se situe dans la
lignée du jazz symphonique de Gershwin en ce qui concerne ses comédies
musicales, et dans le courant néo-classique d’Aaron Copland en ce qui concerne
ses symphonies. Parallèlement à sa carrière de compositeur, il fut un pédagogue,
un pianiste et un chef d'orchestre au répertoire très étendu.
Léonard Bernstein
est né le 25 août 1918 à Lawrence (Massachusetts).
Il fait ses études
à l’Université de Harvard d’où il sort diplômé en 1939.
En 1940, il suit
les cours de direction d’orchestre de Serge Koussevitzky au sein de
l’Orchestre Philarmonique de Boston, avant de devenir son assistant les
années suivantes.
En 1943, sa
carrière de chef d’orchestre débute en remplaçant Bruno Walter au pied levé
au Philharmonique de New York.
En 1944, il
connaît ses premiers grands succès avec son ballet « Fancy Free »,
et sa comédie musicale « On the Town ».
De 1945 à 1947, il
est directeur musical du New York City Symphony Orchestra.
En 1954, il commence
à animer des émissions de télévision autour de la musique classique.
« Glitter & be gay »,
extrait de Candide.
En 1956, il
compose la première version de son opérette « Candide » d’après le
conte éponyme de Voltaire.
En 1957 a lieu la
première représentation de sa comédie musicale « West side story »
qui rencontre un énorme succès, surtout après son adaptation au cinéma en
1961.
De 1958 à 1969, il
est directeur musical de l’orchestre philharmonique de New-York.
De 1958 à 1973, il
démocratise la musique classique pour les jeunes en animant les « Young People’s
Concerts », qui sont diffusés à la télévision à
partir de 1962.
En 1963, il compose
sa Symphonie n°3, « Kaddish » à la mémoire du Président John F.
Kennedy.
En 1971, il compose « Mass »
sous-titrée « une pièce de théâtre pour chanteurs, acteurs et danseurs »,
et qui est en fait une sorte d’oratorio scénique assez délirant basé sur la liturgie
de la messe romaine, où l’on trouve du jazz, du rock, des
chansons dans le style des comédies musicales, des canons, des polyphonies … et
où se mêlent batteries, guitares électriques, synthétiseurs, mais aussi chœurs
et orgues.
Leonard Bernstein meurt à New York le 14 octobre 1990.
Les principales œuvres de Leonard Bernstein
Leonard Bernstein est l’auteur de 8 comédies musicales, 3
symphonies, 3 ballets, diverses compositions pour piano, pour chœur, des cycles
de mélodies, de la musique de scène et de la musique de chambre. Voici ses
œuvres les plus célèbres :
On trouvera une biographie et le catalogue des œuvres de Leonard
Bernstein sur Ressources-IRCAM
Le sérialisme américain
C’est Arnold Schönberg qui, quittant l’Allemagne nazie pour
l’Amérique en 1933, introduit le sérialisme dodécaphonique aux Etats-Unis.
Au centre de ce mouvement, on trouve Milton Babbitt qui, après sa
rencontre avec Schönberg, abandonne le modèle néo-classique pour adopter
définitivement le sérialisme.
D’autres compositeurs
américains tels qu’Aaron Copland se sont aussi intéressés au sérialisme qu’ils ont
utilisé partiellement dans certaines de leurs œuvres.
Milton Babitt (1916-2011)
A l'origine du mouvement sériel
généralisé, Milton Babbitt établit des liens étroits entre la musique et les
mathématiques. Il est aussi l'un des pionniers de la musique électronique.
Milton Babbitt est né le 10 mai 1916
à Philadelphie.
Il s'intéresse au jazz, aux musiques
populaires comme à la musique savante, qu'il étudie à Princeton avec le
compositeur Roger Sessions.
En 1947, il écrit ses « Three
Compositions for Piano », qui sont les premiers exemples de sérialisme
intégral en musique.
L’année suivante, sa « Composition
for Four Instruments » est la première œuvre de sérialisme intégral pour
un ensemble instrumental.
A partir des années 1950, il
s’intéresse à la musique électronique, dont il sera l'un des pionniers.
En 1961, engagé par RCA, il produit « Music
for Synthesizer », pour le synthétiseur RCA MARK II. L’usage du
Synthétiseur permettait à Babbitt d'écrire une musique d'une très grande
complexité rythmique. Dans « Philomel » (1964), pour soprano et bande
magnétique à quatre pistes, il utilise aussi l’électronique pour transformer la
voix.
En 1973, il est professeur de
composition à la Juilliard School à New York.
En 1982, il reçoit une citation
spéciale du prix Pulitzer « pour son œuvre de compositeur américain
influent ».
Milton Babbitt meurt le 29 janvier 2011
à Princeton, à l’âge de 94 ans.
On trouvera une biographie et la liste des œuvres de Milton
Babbitt sur Wikipédia.
Le minimalisme
On retrouvera les compositeurs minimalistes américains (Terry Riley, Steve Reich, Philip Glass, John Adams parmi d'autres), dans la page « Le minimalisme » du chapitre consacré à la musique contemporaine.
Autres compositeurs américains
Erich Korngold (1897-1957)
Erich Korngold est né à Brno
(Autriche-Hongrie) le 29 mai 1897, et mort à Hollywood le 29 novembre 1957.
Il est surtout connu pour son opéra
« Die
Tote Stadt » (La Ville morte) créé à Hambourg en 1920 et repris dans
plus de quatre-vingt théâtres lyriques du monde entier.
Fuyant le nazisme, il se rend aux
Etats-Unis en 1936 où il est naturalisé américain en 1943.
Installé à Hollywood, il compose
surtout de la musique
de film pour la Warner Bros.
Il connaît un succès de scandale avec
la création de son œuvre expérimentale « Ballet
mécanique » au théâtre des Champs-Élysées en 1926, mais la reprise
de
l’œuvre à New-York en 1927 est un échec
qui nuira fortement à sa carrière.
En 1936, il s’établie à Hollywood où il
compose entre autres de nombreuses musiques de films.
En 1945, il publie son autobiographie intitulée
« Bad boy of music ».
Il meurt à New York le 12 février 1959.
On trouvera une biographie et le
catalogue des œuvres de George Antheil sur Ressources-IRCAM
Samuel Barber (1910-1981)
Samuel Barber est né le 9 mars 1910 à
West Chester (Pennsylvanie).
Il a composé des œuvres dans le style
néoromantique, dont deux symphonies, des concertos, des opéras. Mais il est
surtout connu pour son « Adagio
pour cordes» (1937) tiré du 2e mouvement de son
« Quatuor
en si mineur » (1936) arrangé pour orchestre à cordes, puis pour
chœur sous le nom d' « Agnus
Dei ».
En 1950, il compose l'opéra « Vanessa »
qui lui vaudra un Prix Pulitzer.
En 1966, il compose un second opéra, « Antoine
et Cléopâtre », pour l'inauguration de la nouvelle salle du
Metropolitan, sur un livret du cinéaste et metteur en scène Franco Zeffirelli.
Nous avons déjà rencontré Harry Partch dans le cadre de la musique microtonale.
Harry Partch est né le 24 juin 1901 à
Oakland (Californie) et mort le 3 septembre 1974 à San Diego (Californie).
Il commence à composer en utilisant
la gamme
tempérée à 12 degrés utilisée généralement dans toute la musique
occidentale puis, vers 1930, brûle toutes ses œuvres, jugeant imparfait ce
système qui ne permet pas de transcrire les subtilités du discours
dramatique.
Dans son essai « Genesis of a
music » (1949), remettant en question l'usage de tempéraments égaux, il définit
une échelle de 43 degrés par octave pour laquelle il doit construire des instruments
spécifiques. Cette échelle doit lui permettre de créer une musique proche des
intonations de la voix parlée. C’est ainsi que naissent The
Bewitched (1955), danse satirique, et « Delusion
of the Fury » (1966), une pièce théâtrale influencée par le théâtre nô
japonais, la tragédie antique et les légendes africaines.
On trouvera une biographie et le catalogue
des œuvres de Harry Partch sur Ressources-IRCAM,
ainsi que sur Wikipédia,
Amy Beach (née Amy Marcy Cheney) est
née à Henniker (New Hampshire) le 5 septembre 1867.
Elle effectue ses débuts
professionnels comme pianiste en 1883.
Après son mariage en 1885 avec le
docteur H.H.A. Beach, elle restreint ses activités de concertiste et se
consacre principalement à la composition.
Après le décès de son mari en 1910,
elle reprend ses activités de concertiste, effectue une grande tournée en
Europe jusqu’en 1914, puis regagne les États-Unis.
Elle arrête toute activité en 1940 et
meurt à New-York le 27 décembre 1944.
Amy Beach a composé des pièces pour piano,
de la musique de chambre dont le Quintette
avec piano op.67 (1907), des mélodies, des œuvres chorales dont une
Grande Messe avec orchestre (1890), un concerto
pour piano (1900), une symphonie
« gaélique » (1897) et un opéra « Cabildo » (1932).
On trouvera une biographie et une liste
de ses œuvres sur Wikipédia.
Florence Price (1887-1953)
Florence Price, née Florence Béatrice
Smith, est née le 9 avril 1887 à Little Rock.
Elle publie ses premières
compositions dès l’âge de 12 ans, et continue sa formation dès ses 13 ans au
Conservatoire de la Nouvelle-Angleterre à Boston (où la compositrice Amy
Beach avait également suivi sa formation).
Diplômée d’orgue et de piano, elle
devient professeur à North Little Rock en 1906 puis à l’Université Clark d’Atlanta
de 1910 à 1912.
Elle s’installe à Chicago en 1926 où elle participe à des concours de composition
tout en se perfectionnant, reprenant même les études au conservatoire. Elle
remporte un prix en 1928 pour une pièce de piano « At the Cotton Gin »
extraite de la suite « In
the Land O' Cotton »
En 1932, elle remporte le prix de la
fondation Wanamaker avec sa première Symphonie, en mi mineur, la première écrite
par une femme afro-américaine.
En 1939, sa popularité atteint un
sommet quand la grande contralto afro-américaine, Marian Anderson interprète
des Spirituals qu'elle a arrangés, dont « My
Soul Been Anchored in the Lord ».
Florence Price meurt d’un AVC le 3 juin
1953 à Chicago.
L’œuvre de Florence Price, qui compte près
de 300 partitions dont une grande partie est perdue, reste encore partiellement
à redécouvrir, son travail ayant sombré dans l’oubli après sa mort.