La musique concrète est née en
1948 par la création à la Radiotélévision Française (RTF) d’un studio de
recherche confié au polytechnicien Pierre Schaeffer. Ce dernier fonde en 1951
avec Pierre Henry, le groupe de recherche de musique concrète (GRMC), devenu en
1958 le Groupe de Recherche Musicale (GRM)
que fréquenteront entre autres Messiaen, Boulez et Stockhausen.
Pierre Schaeffer présente ses recherches dans le domaine de la musique concrète.
La musique concrète repose sur un
matériel sonore préexistant constitué de sons (bruits ou sons instrumentaux)
enregistrés au moyen de micros, d’abord sur disques souples puis, à partir de
1951, sur magnétophones, ensuite modifiés, manipulés, transformés, juxtaposés
en studio. L’œuvre fondatrice de la musique concrète est la « Symphonie
pour un homme seul » (1950) née de la collaboration de Pierre
Schaeffer et Pierre Henry. Ce dernier donnera à la musique concrète ses lettres de noblesse en produisant des œuvres d’envergure quasi symphoniques.
La musique électronique est
basée quant à elle sur l’utilisation de sons produits exclusivement par des
générateurs électroniques. Elle nait en 1951 avec le Studio de musique électronique de
la radio de Cologne (WDR) créé par Helbert Heimer, rejoint par Henri Pousseur,
Bruno Maderna, Pierre Boulez et surtout Karlheinz Stockhausen qui en sera la
figure marquante.
Les deux types de son, concret et
électronique, se rejoindront en 1956 avec « Le chant des adolescents »
de Karlheinz Stockhausen, pour coexister désormais dans ce que l’on appellera
la musique électroacoustique (également appelée musique acousmatique).
C’est ainsi que le Studio de Phonologie créé en 1955,
fera coexister les sons naturels et les sons purement électroniques.
Ces trois premiers studios ont
rapidement été suivis par de nombreux autres tels que le studio privé de Louis
et Bebe Barron à New York en 1951 (auteurs de la BO du film Planète interdite
de 1956), le laboratoire de musique expérimentale de l’université de Columbia
en 1953, le studio de la NHK à Tokyo en 1954 où travailleront Toshiro Mayuzumi
et Toru Takemitsu, le Studio de musique expérimentale de Varsovie en 1957, le Columbia
Princeton Electronic Music Center en 1959 etc.
« La Musique
concrète me remplit à la fois d'admiration et de tristesse. Elle me remplit
d'admiration par les sonorités inouïes, les tempi inouïs, les mélanges inouïs
qu'elle suscite. [...] Elle me remplit de tristesse en ce sens que, si la
musique sérielle, malgré ses audaces continuait ce que nous appelons musique
depuis le XIVème siècle environ, la musique concrète, si elle persévère, si
elle réussit, est appelée à enterrer définitivement l'autre musique. »
O. Messiaen
La musique mixte associe la
musique électroacoustique préenregistrée diffusée sur haut-parleurs avec la
musique instrumentale ou vocale jouée en direct. « Musica su due
dimensioni » de Bruno Maderna en 1952 et « Déserts » d'Edgard
Varèse en 1954 en sont les premières pièces emblématiques.
Kontakte
(1959), pour piano, percussions et sons électroniques
Luciano
Berio
Différences (1958-59) pour 5 instruments et bande magnétique.
~
De nombreux compositeurs ont approché
la musique concrète ou électronique, mais sans l’approfondir, découragés
peut-être par la technologie rudimentaire de l'époque. En voici les plus
connus :
Avant Pierre Schaeffer, des approches
ont été faites, au début du vingtième siècle par des musiciens futuristes dont
Luigi Russolo dans les années 1910, et Halim El-Dabh dans les années 1940.
Luigi Russolo (1885-1947)
,
Luigi Russolo est considéré comme le père de la musique concrète.
D’abord peintre, il abandonne la
peinture pour la musique en 1913 en écrivant un manifeste intitulé « L'Art
des bruits », considéré comme le texte fondateur de la musique futuriste
et du « bruitisme », qu’il dédit au compositeur futuriste Balilla
Pratella.
Se disant rassasié de Beethoven et de
Wagner, il nous invite, dans son manifeste, à écouter et redécouvrir le monde
sonore qui nous entoure : « C’est
pourquoi nous prenons infiniment plus de plaisir à combiner idéalement des
bruits de tramways, d’autos, de voitures et de foules criardes qu’à écouter
encore, par exemple, l’‘Héroïque’ ou la ‘Pastorale’ ».
Russolo, peintre : La musica
Il classe les bruits fondamentaux en
catégories : Grondements, sifflements, ronflements et murmures,
stridences, bruits de percussions, voix d’hommes et d’animaux, cris et rires,
et entreprend la construction d’instruments spécifiques appelés bruiteurs
(intonarumori), se déclinant en crépiteurs, glouglouteurs, huhuleurs,
froufrouteurs …
En 1923, Russolo développe un nouvel
instrument appelé rumorharmonium ou russolophone, permettant de relier à
un clavier unique plusieurs intonarumori. Cet instrument va trouver son
intérêt dans l’accompagnement musical des films muets, et disparaitra avec
l’arrivée du cinéma parlant.
Ses principales œuvres écrites pour
intonarumori sont « Réveil
d’une ville » (1913), « Congrès d’automobiles et avions »,
« Diner à la terrasse du Casino », « Escarmouche dans l’oasis ».
En 1975, Pierre Henry rendra
hommage à Russolo avec son œuvre « Futuristie ».
Halim El-Dabh (1921-2017)
Halim El-Dabh, compositeur, musicien,
ethnomusicologue et éducateur égypto-américain, est né au Caire le 4 mars
1921.
Sa musique électronique lui a valu
d'être proclamé « père de la musique électronique » par le magazine
WIRE en 2007.
Halim El-Dabh étudie l'agriculture à
l'Université du Caire tout en jouant du piano et d'autres instruments
traditionnels comme passe-temps quand, un jour, il emprunte un enregistreur
filaire - appareil antérieur à la bande magnétique - à la station de radio du
Moyen-Orient et descend dans les rues pour capturer les sons ambiants. Il y enregistre un rituel d'invocation d'esprit appelé cérémonie Zaar.
Ayant ramené
l'enregistrement à la station de radio, il découvre qu'il peut utiliser les
sons comme ingrédients bruts pour une nouvelle composition. C’est ainsi que
nait l’un des premiers morceaux de musique électroacoustique « The Expression
of Zaar », présenté pour la première fois au Caire en 1944. Une version
courte de cette œuvre est devenue connue sous le nom de
.
Comme Béla Bartók avant lui, El-Dabh a effectué de nombreux voyages de recherche dans divers pays, enregistrant et documentant des musiques traditionnelles et utilisant les résultats pour enrichir ses compositions et son enseignement.
On trouvera sur l'enregistrement « Crossing
Into The Electric Magnetic », une compilation réunissant quelques-unes de ses œuvres.
Autres précurseurs
Parmi les autres précurseurs de la
musique concrète, on peut citer :
- Francesco Balilla Pratella (1880-1955) : Il est
l’auteur d’un « Manifeste des Musiciens futuristes » (rédigé en
1911), dans lequel il explique les principes d'une musique futuriste qui
inspira « L'Art des bruits » à son camarade Luigi Russolo. Pratella
utilise des intonarumori dans certaines de ses œuvres telles que l’opéra « Aviatore
dro » (1914).
- George
Antheil (1900-1959) : Il utilise dans son « Ballet mécanique » (1924) un ensemble de percussions
constitué de trois xylophones, quatre grosses caisses, un tam-tam, trois
moteurs d'avion, sept sonnettes électriques, une sirène, deux « pianistes
vivants », et seize pianos mécaniques synchronisés.
- John
Cage (1912-1992) : Il compose dès 1939, « Imaginary
Landscape n°1 » pour deux platines à vitesse variable, enregistrements
de sons sinusoïdaux, piano et cymbale.
Citons encore l’introduction de sirènes,
coups de pistolets et machine à écrire par Erik
Satie dans « Parade » en
1913, de sirènes par Edgar
Varèse dans « Ionisation »
en 1933.
Les pionniers du GRM
François Bayle, Pierre Schaeffer et Bernard Parmegiani
Le Groupe de Recherche Musicale (GRM)
créé en 1958, est issu du groupe de recherche de musique concrète (GRMC)
fondé en 1951 par Pierre Schaeffer, alors en charge du studio
de recherche de la RTF, et Pierre Henry.
Son Studio
de musique électroacoustique, basé dans les bâtiments de la RTF
(Radiodiffusion-Télévision Française) à Paris, est conçu autour des théories
sonores de Pierre Schaeffer, que ce dernier décrira en 1966 dans son livre « Traité
des Objets Musicaux ».
Après ses
fondateurs, le GRM est rejoint par d’autres explorateurs de la musique concrète
tels que François Bayle, Luc Ferrari, Bernard Parmegiani, Ivo Malec, …
Pierre Schaeffer (1910-1995)
Compositeur, théoricien, chercheur et
écrivain, pionnier de la radiophonie expérimentale, Pierre Schaeffer est considéré
comme le père de la musique concrète et de la musique électroacoustique.
Pierre Schaeffer est né à Nancy le 14
août 1910.
Diplômé de Supélec en 1931, puis de
l'École Polytechnique en 1934, il intègre la direction de la Radio à Paris,
en 1936.
De 1935 à 1943, il suit les cours
d’analyse musicale de Nadia Boulanger.
En 1942, il crée le studio d'essai de
la RTF consacré à l'expérimentation radiophonique. Il y enregistre « La
Coquille à planètes », premier opéra radiophonique qui annonce la
musique concrète.
A partir de
1948, il effectue des expérimentations au moyen de sons et de séquences
enregistrés sur des disques de vinyle. Il invente alors une notion
fondamentale, celle de l'objet sonore et produit des études telles que « Cinq
études de bruits » (1948) dont « l’Étude
aux chemins de fer », « l’Etude
pathétique » …
Mixage de l’Etude pathétique
Il est rejoint en 1949 par Pierre
Henry, avec qui il réalise notamment la « Symphonie pour un homme seul »
en 1950, œuvre fondatrice de la musique concrète, et « Orphée 51 ou
Toute la lyre » (1951), première musique de scène mélangeant voix,
instruments et bande magnétique. En 1951, il fonde le Groupe de musique
concrète qui devient en 1958 le Groupe de recherches musicales
(GRM), qui sera intégré à l’INA en 1975.
En 1953, « Orphée
53 », opéra concret pour trois voix, clavecin, violon et bande, fait
scandale au festival de Donaueschingen.
En 1960, il
abandonne la composition pour se consacrer à la littérature, et fonde le
service de la recherche de l'ORTF, qu’il dirige jusqu’en 1975.
Il laisse la direction du GRM à François
Bayle en 1966. Cette même année, il rédige son « Traité des objets
musicaux ».
De 1968 à 1980, il est professeur de
musique expérimentale et appliquée à l’audiovisuel au Conservatoire de Paris.
Il revient ponctuellement à la
composition en 1975 avec» Le
trièdre fertile » puis avec « Bilude »
en 1979.
Pierre Schaeffer est mort le 19 août
1995.
On trouvera une biographie et la liste
des œuvres de Pierre Schaeffer sur Ressources-IRCAM.
La "Symphonie pour un homme seul" (1951) de Pierre Schaeffer et Pierre Henry est la
première grande œuvre de musique concrète.
Maurice Béjart en fait un ballet en 1955.
Sur Amazon
Pierre Henry (1927-2017)
Pierre Henry est né le 9 décembre
1927 à Paris.
Il commence ses études à l'âge de
sept ans et entre au Conservatoire de Paris en 1937. Il y apprend la
composition auprès de Nadia Boulanger et l’harmonie avec Olivier Messiaen,
ainsi que le piano et la percussion.
Pierre Henry rejoint Pierre Schaeffer
au Club d’essai de la Radio en 1949, avec qui il compose en 1950 la « Symphonie
pour un homme seul » considérée comme la première grande œuvre de musique concrète.
En 1951 est créé le GRMC (Groupe de
recherche sur les musiques concrètes) dont il devient le chef des travaux.
En 1958, alors que le GRMC devient le
GRM (Groupe de recherche musicale), Pierre Henry quitte la RTF et fonde son
propre studio privé, APSOME (Applications de Procédés Sonores en Musique
Électroacoustique), dans le cadre duquel il va créer une sonothèque de plus de 50 000
sons.
C’est en 1955, avec la « Symphonie
pour un homme seul », que débute sa collaboration avec le chorégraphe
Maurice Béjart pour lequel il composera en 1958 : « Orphée ballet »,
puis en 1963 une version ballet des « Variations pour une porte et un
soupir » ainsi que « La reine verte », et en 1967 une œuvre
qui le fera connaître du grand public, la « Messe pour le Temps présent »
(co-écrite avec Michel Colombier).
En 1982, Pierre
Henry crée à Paris un second studio de recherche musicale : Son/Ré, qui obtient
d’abord le soutien du Ministère de la Culture puis celui de la Ville de Paris
en 1990. Plus de soixante-dix œuvres y ont été créées.
On trouvera une biographie et la liste des œuvres de Pierre Henry
sur Ressources-IRCAM.
François Bayle (1932-)
François bayle est né le 27 avril
1932 à Tamatave, Madagascar.
En parallèle avec son activité
d'instituteur, il suit la classe d'Olivier Messiaen, puis les cours d'été à Darmstadt
tous les ans de 1959 à 1962 avec Karlheinz Stockhausen.
En 1960 François Bayle rejoint Pierre
Schaeffer et le Groupe de Recherches Musicales (GRM) lors de la création du
Service de la Recherche de la RTF.
En 1966, il
devient responsable du GRM. En 1974, il y crée l'Acousmonium,
orchestre de plusieurs dizaines de haut-parleurs aux caractéristiques
différentes, associé à des instruments de pilotage analogiques ou numériques
(console de diffusion) permettant de régler finement la spatialisation des
sons.
Acousmonium conçu par François
Bayle en 1974
C’est François Bayle qui est à
l’origine du terme de musique acousmatique, désignant comme genre
musical, une musique composée en studio, fixée sur un support et projetée
comme un film sur des écrans démultipliés de haut-parleurs. Il oppose ce
terme à celui de musique électroacoustique qui désigne plutôt les
moyens techniques de composition.
En 1975, le GRM est intégré à
l'Institut National de l'Audiovisuel (INA) qui vient d’être créé. François
Bayle y assure alors la direction du département INA-GRM jusqu'en 1997.
Cette même
année, il fonde son propre atelier-studio, Magison, à Paris.
On trouvera une biographie de François Bayle ainsi qu’une analyse
et la liste de ses œuvres sur le site Ressources-IRCAM.
Autres pionniers du GRM
Luc Ferrari (1929-2005)
Luc Ferrari est né à Paris en 1929. Élève
d'Alfred Cortot, Arthur Honegger et Olivier Messiaen, il collabore avec le
Groupe de recherches musicales (GRM) dès 1958 et y compose jusqu’en 1966. Il
participe à la réalisation d’émissions de radio et de télévision sur la
musique concrète et le son.
En 1972, il crée « Billig »,
son premier studio électroacoustique.
En 1982, il fonde l’Association « La
Muse en Circuit », studio de composition électroacoustique et de
création radiophonique dont il se sépare en 1994.
En 1996,
il construit son propre home-studio qu’il nomme « Atelier post-billig ».
Luc Ferrari est mort le 22 août 2005 à
Arezzo en Italie
Ses œuvres sont en grande majorité des
compositions électroacoustiques ou mixtes :
On trouvera une biographie
de Luc Ferrari ainsi qu’une analyse et la liste de ses œuvres sur le site Ressources-IRCAM.
Bernard Parmegiani (1927-2013)
Parmegiani dans son studio en 1977
Bernard Parmegiani est né le 27
octobre 1927 à Paris.
En 1959, il intègre le groupe de
recherches musicales (GRM) en qualité de preneur de son et sera entre autres l'assistant
de Iannis Xenakis et de Luc Ferrari. Pierre Schaeffer l’encourage à suivre le
stage de musique électro-acoustique, et progressivement il bascule de l'activité
de preneur de son à celle de compositeur. Il sera membre permanent du GRM
jusqu’en 1992.
En 1964, avec sa pièce « Violostries »,
il montre comment l’on peut créer des masses sonores variées et spectaculaires
à partir de quelques notes de violon.
Dans les années 1970, il étend ses
recherches à l’art vidéo et crée ses propres images.
En 1975, il achève
« De
Natura Sonorum » qui devient une œuvre de référence pour la musique
électro-acoustique, ainsi que pour la jeune génération « électro ».
En 1993, il crée son studio indépendant,
« Fabriquasons ».
Bernard Parmegiani est mort le 21 novembre 2013 à Paris.
On trouvera une biographie de Bernard
Parmegiani ainsi qu’une analyse et la liste de ses œuvres sur le site Ressources-IRCAM.
Ivo Malec (1925-2019)
Ivo Malec est né à Zagreb le 30 mars
1925.
Après plusieurs séjours à Paris où il
rencontre Pierre Schaeffer, Darius Milhaud et André Jolivet, il s’y installe
en 1959. Il obtiendra plus tard la nationalité française.
En 1960, il intègre le Groupe de
Recherches Musicales (GRM) créé deux ans plus tôt par Pierre Schaeffer qu’il
considère comme son « seul et véritable maître ». Il y restera
jusqu’en 1990.
De 1972 à 1990, il est professeur de
composition au Conservatoire de Paris.
En 1992, il
remporte le Grand prix national de la musique.
En 2006, il est fait Chevalier de la
Légion d’honneur.
Ivo Malec est mort le 14
août 2019 à Paris.
Sa musique :
Avec « Sigma » en 1963, Ivo
Malec applique à l’écriture instrumentale, les procédés d’organisation des sons
concrets élaborés au GRM.
Il est particulièrement intéressé par
le travail du son et de sa texture. Sa technique d’écriture passe par la bande
magnétique. C’est un pionnier de la musique
mixte, alliant
musique acoustique et électronique, c’est-à-dire ensembles orchestraux et
enregistrements sur bande magnétique. Il s’y illustre en 1966 avec « Cantate
pour Elle » pour soprano, harpe et sons enregistrés et en 1968 avec « Lumina »
pour 12 cordes et bande magnétique.
Epistola(2006) pour quatre solistes
vocaux, chœur et orchestre
On trouvera une biographie
d’Ivo Malec et la liste de ses œuvres sur le site Ressources-IRCAM ainsi que sur son
site : http://www.ivo-malec.fr/.
François-Bernard Mâche (1935-)
François-Bernard Mâche est né à Clermont-Ferrand le 4 avril 1935.
Normalien en 1955, agrégé de lettres et diplômé d'archéologie en
1958, il est aussi l’élève d'Olivier Messiaen pour la composition au
Conservatoire de Paris.
Comme Luc Ferrari, François Bayle et Ivo Malec, F.B. Mâche est
un pilier du GRM de Pierre Schaeffer, dont il est membre fondateur en 1958 et
où il reste jusqu'en 1963.
En 1980, il est docteur en musicologie.
De 1983 à 1993, il est professeur de musicologie à l'université
de Strasbourg.
De 1994 à 1998, il est directeur
d'études à l'École des hautes études en sciences sociales.
Il reçoit le Grand prix national de la musique en 1988, et en 2002
le grand prix de la musique symphonique de la SACEM. Cette même année 2002, il est
élu membre de l'Académie des beaux-arts, au fauteuil de Iannis Xenakis.
Sa musique :
Comme Ivo Malec, François-Bernard Mâche
s'inspire souvent des procédés de la musique concrète pour les appliquer à
l’écriture instrumentale. Comme lui, il s’illustre dans la musique mixte en
alliant la musique électroacoustique à l'instrument. L’utilisation de sons naturels
(aquatiques, minéraux, industriels, humains ou animaux, oiseaux en particulier)
enregistrés sur bande magnétique, qu’il fusionne avec une écriture
instrumentale, l’ont fait qualifier de « naturaliste ».
Sa culture hellénique et son intérêt
pour la mythologie transparaissent aussi dans de nombreuses œuvres.
F.B. Mâche a aussi écrit plusieurs ouvrages dont « Musique,
mythe, nature » (1983), « Un demi-siècle de musique » (2000), « Musique
au singulier » (2001).
On trouvera une biographie de F.B.
Mâche et la liste de ses œuvres sur le site Ressources-IRCAM.
Philippe Carson (1936-1972)
Membre du GRM, il est l’auteur de deux « classiques » de
la musique concrète française des années 1960 : « Phonologie » (1962) et « Turmac »
(1962).
Autres studios français de musique expérimentale
Le studio du GMEB (Groupe de musique
expérimentale de Bourges)
Le GMEB
a été fondé en 1970 et a développé des outils tels que le Gmebogosse (1972) et
la station Ulysse (1991) et le Gmebaphone (1975), instrument de
diffusion-interprétation électroacoustique devenu Cybernéphone,qui font
date dans l’histoire de la lutherie électroacoustique.
En 1994, le GMEB prend le nom
d’Institut International de musique électroacoustique de Bourges (IMEB) et est
labellisé en 1997 « Centre National de Création Musicale », jusqu’à
sa disparition en 2011.
Le GMEM (Groupe de Musique Expérimentale de
Marseille)
Le GMEM a été fondé en 1972 à Marseille
par un collectif de compositeurs dont Georges Boeuf, Michel Redolfi et Marcel Frémiot. On y fait entre autres des recherches sur la synthèse des micro-sons.
Le studio de musique électronique de
Cologne a été créé en 1951 sous la direction de Herbert Eimert. Contrairement à
la musique concrète de Paris qui n'utilise que des sons captés par micro, la
musique électronique de Cologne utilise comme matériau de base des sons
artificiels produits uniquement par des générateurs de signaux électroniques.
Les activités du studio se limitent d’abord aux sources sonores électroniques,
en relation avec une conception formaliste issue de l'école sérielle, jusqu’à
l’arrivée en 1953 de Karlheinz Stockhausen.
Nous avons déjà rencontré Karlheinz Stockhausen (1928-2007) dans le cadre de la
musique
dodécaphoniste. Outre ses incursions dans le sérialisme intégral et la
musique aléatoire, il s’est aussi illustré dans la musique électroacoustique.
Stockhausen au studio de la WDR
En 1953, après avoir travaillé avec
Pierre Schaeffer au studio de recherche de la RTF, Stockhausen revient à
Cologne et y intègre le studio de musique électronique, dont il deviendra le
directeur en 1962.
Le 18 octobre 1953, le premier
concert de musique électronique est donné à la WDR (radio ouest-allemande)
avec des œuvres de Herbert Eimert et de Robert Beyer, ainsi qu’une première
étude électronique de Stockhausen : « Studie I. »
Cette dernière sera suivie en 1954 par une deuxième étude : « Studie II ».
Dès le milieu des années 1950, les
deux approches concrète et électronique se rejoignent dans ce que l’on
appellera la musique électroacoustique.
En 1956,
Stockhausen ouvre la voie à la spatialisation avec « Gesang der
Jünglinge » (Chant des adolescents) dans lequel il mélange la voix d’un jeune
garçon avec des sons électroniques, diffusés par 5 haut-parleurs en mouvement
de rotation. C'est l'une des œuvres fondatrices de la musique électroacoustique
et de la spatialisation du son.
En 1960, Stockhausen compose « Kontakte
» pour piano, percussion et bande, première œuvre mixte pour instruments et
électronique spatialisée.
En 1966, dans « Telemusik », il utilise
des bruits enregistrés dans divers pays exotiques, devenus méconnaissables
après traitement électronique.
En 1967, il compose « Hymnen », dans
lequel il mélange et transforme électroniquement une quarantaine d’hymnes
nationaux avec de nombreux autres sons tels que bribes de paroles, bruits de
foule, conversations enregistrées, récepteurs à ondes courtes,
manifestations, etc.
De 1977 à 2003, il compose « Licht »
(La lumière), un cycle de 7 opéras pour les sept jours de la semaine, pour voix
et instruments solistes, danseurs solistes, chœurs, orchestres, ballets et
mimes, électronique et musique concrète.
Autres compositeurs du studio de la WDR
Parmi les autres compositeurs du studio de musique électronique de
Cologne, il nous faut citer d’abord les compositeurs fondateurs du studio, à
savoir Robert Beyer (1901-1989) et Herbert Eimert.
Herbert Eimert (1897-1972)
Cocréateur du studio de Cologne en 1951, il l’a dirigé jusqu’en
1962.
De 1951 à 1957, il donne des cours à Darmstadt.
En 1964, il publie un livre sur la technique des séries musicales.
En 1965, il devient professeur à l’École supérieure de musique de
Cologne et en dirige le studio de musique électronique jusqu'en 1971. Avec Hans
Ulrich Humpert, son successeur au studio de musique électronique, il a
travaillé sur un dictionnaire de la musique électronique.
Parmi ses compositions, citons : « Fünf
Stücke » (1955/1956) pour bande magnétique, « Epitaph
für Aikichi Kuboyama » (1962) pour récitant et sons électroniques
(1962), « Six
études » (1962) pour bande magnétique. En collaboration avec Robert
Beyer : « Klangstudie
II » (1952).
Gottfried Michael Koenig (1926-2021)
Gottfried Michael Koenig est né le 5
octobre 1926 à Magdebourg.
Il arrive au studio de Cologne en 1953,
où il compose entre autres « Klangfiguren »
(1955-1956). Il y assiste également d'autres compositeurs dont Mauricio Kagel,
György Ligeti pour la composition de « Artikulation » et Karlheinz
Stockhausen pour la réalisation de « Gesang der Jünglinge » et de
« Kontakte ».
En 1964, suite à des rapports
conflictuels avec Stockhausen, il quitte le studio de Cologne pour s’installer
aux Pays-Bas et y fonder le studio de musique électronique, devenu l'Institut de
Sonologie d'Utrecht. C’est là qu’il compose « Terminus
2 » et la série « Funktionen » (Funktion
grün, Funktion
Rot, Funktion
Grau, Funktion
Blau).
C’est aussi à l' Institut de Sonologie qu’il
développe ses programmes de composition informatique « Project 1 »
(1964) et « Project 2 » (1966), qui auront un impact sur le
développement des systèmes de composition
algorithmique. A titre d’exemple d’œuvres issues de ces programmes, citons
« 3
Asko pieces » (1982).
Mesías Maiguashca (1938-)
Mesias Maiguashca est né le 24 décembre 1938 à Quito, en Équateur.
Il a travaillé en proche collaboration avec Stockhausen au studio
de la WDR de 1968 à 1972.
Par la suite, il compose aussi au Centre
Européen pour la Recherche Musicale à Metz, à l'IRCAM à Paris, à l'Acroe à
Grenoble et au ZKM à Karlsruhe.
De 1990 à 2004, il est professeur de
musique électronique à l'Université de musique de Fribourg, ville où il
réside depuis 1996.
Parmi ses œuvres, citons : « Ayayayayay »
(1971), musique concrète et électronique, « Lindgren »
(1976), pour instrument et bande, « Intensidad
y Altura » (1979), pour 6 percussionnistes et bande.
~
De nombreux autres artistes ont
fréquenté le studio de la WDR, tels que Henri Pousseur avec « Séismogrammes » (1954), György Ligeti avec « Artikulation »
(1958), Mauricio Kagel avec « Transicións I et II » (1958-1959), Peter Eotvös
en proche collaborateur de Stockhausen dans les années 1970 …
Berio, Maderna et le studio de phonologie de la RAI
Le studio de phonologie
Le Studio Di Fonologia a été fondé en
1955 par les compositeurs Luciano Berio et Bruno Maderna à Milan avec la
Radiotélévision Italienne (RAI).
Quelques fonctionnalités du studio
L'objectif était de créer une
troisième installation européenne de musique expérimentale après le Groupe de
Recherches Musicales à Paris et le Studio de musique électronique de la WDR à
Cologne. Mais alors que le studio du GRM se consacrait à la musique concrète,
et que le studio de Cologne se consacrait à la musique électronique, le
studio de phonologie combinait les deux en faisant coexister les sons
naturels et les sons purement électroniques.
Le studio a d’abord
été réalisé par le physicien acoustique Alfredo Lietti, puis modernisé par le
même en 1968 avec des équipements plus fonctionnels. Les compositeurs du
studio, Berio, Nono, Maderna, Cage, Pousseur, entre autres, étaient secondés
dans la réalisation de leurs œuvres par l’ingénieur du son Marino Zuccheri.
Le studio de phonologie a été fermé le 28 février 1983.
Les principaux compositeurs du studio de phonologie
Luciano Berio (1925-2003) et Bruno
Maderna (1920-1973), que nous avons déjà rencontré dans le cadre de la musique
dodécaphonique se sont impliqués dans la musique électroacoustique en
fondant à Milan en 1955 le studio de phonologie de la RAI.
Luigi Nono (1924-1990), que nous
avons aussi rencontré dans le cadre de la musique dodécaphonique, y travaille
régulièrement tout au long des années 1960.
Marino Zuccheri et Luigi Nono
Le terme de phonologie (branche de la
linguistique qui étudie l'organisation des sons au sein des différentes langues
naturelles) choisi pour le studio de Milan par ses fondateurs montre leur
intérêt pour le travail sur la voix. Celui-ci apparait tout particulièrement
dans l’œuvre de Luciano Berio réalisée au studio avec « Thema
(Omaggio a Joyce) » (1958) et « Visage »
(1961), œuvres dans lesquelles des sons produits par la voix, pré-enregistrés,
sont transformés électroniquement. Luciano Berio prendra plus tard la direction
de la section électroacoustique de l’IRCAM de 1974 à 1980.
Après avoir fondé le Studio de phonologie,
Bruno Maderna et Luciano Berio ont dirigé dans cette ville, de 1956 à 1960,
les « Incontri musicali », concerts consacrés à la musique
contemporaine.
Luigi Nono a fréquenté le studio de
phonologie pendant les années 1960. Il y a travaillé avec la collaboration du
technicien Marino Zuccheri.
Quelques œuvres marquantes composées au studio de phonologie
On trouvera dans le chapitre consacré à
la musique dodécaphonique une biographie plus complète de Luciano
Berio, de Bruno
Maderna et de Luigi
Nono.
L’informatique musicale
Avec l’arrivée des mini-ordinateurs
dans les années 1960-1970 puis des ordinateurs personnels, ou micro-ordinateurs
dans les années 1980, le traitement électronique du son permet de créer
facilement de nouvelles formes de musique aussi bien au niveau de la synthèse
du son que du formalisme de la composition.
Les outils de l’informatique musicale
Les principales applications de
l’informatique musicale concernent :
- L’aide à la composition avec l’édition de partitions, les
séquenceurs, les logiciels algorithmiques ou de calcul numérique (musique
stochastique de Xenakis).
- La transformation du son en temps réel, amenant à intégrer
l’informatique pendant la représentation même de l’œuvre.
Aide à la composition (MAO)
Les logiciels de notation musicale
(éditeurs de partitions, de tablatures, etc.).
Avec le développement de la
micro-informatique, la possibilité d'écrire des partitions a connu un fort
développement. Parmi les logiciels les plus utilisés, on peut citer Sibelius, Finale ou Berlioz.
Ces logiciels sont souvent couplés aux
séquenceurs.
Les séquenceurs se
sont développés avec la norme MIDI.
La
norme MIDI (Musical Interface for Digital Instrument) est née dans les
années 1980.
Elle permet de connecter entre eux divers
appareils audionumériques tels que instruments numériques, échantillonneurs,
séquenceur, boîte à rythme etc. Les séquenceurs permettent ainsi de commander des
instruments polyphoniques MIDI, avec de nombreux paramètres et effets.
Les séquenceurs sont souvent intégrés
dans des logiciels de création musicale complets comprenant les fonctions de
séquenceur, échantillonneur, processeur d'effets, contrôleur MIDI, éditeur de
partitions. Parmi les plus utilisés, on peut citer Cubase de Steinberg et Logic Pro d’Apple.
Composition automatique
Dans les années 1950, Hiller et
Isaacson élaborent un modèle mathématique d'analyse adaptant deux traités de
contrepoint : le Gradus ad Parnassum de Johann Joseph Fux (1725), et celui
de Palestrina. Ils utilisent ce modèle associé à des techniques aléatoires pour
composer par ordinateur leur quatuor à cordes « Illiac
Suite », du nom de l’ordinateur utilisé pour son calcul.
A la fin des années 1950, Pierre
Barbaud (1911-1990) invente la musique
algorithmique, qui consiste essentiellement à établir la liste séquentielle
des opérations à effectuer à partir d’un ensemble de données, pour obtenir en
fin de compte une musique qui soit conforme à celle que souhaite le rédacteur
de cette liste. (Un exemple d’œuvre de Pierre Barbaud : « Terra
ignote ubi sunt leo »)
De son côté, Yannis
Xenakis invente la musique stochastique, dans laquelle il utilise le calcul
des probabilités et la logique pour composer ses œuvres.
Dans les années 1980, René-Louis Baron, dont les travaux sont principalement
axés sur l'intelligence artificielle, obtient par
génération automatique une multitude de mélodies orchestrées dites « à
caractère populaire », c'est-à-dire « agréable à l'oreille » et
aisément mémorisables.
La synthèse sonore
Dans les années 1960, l’informatique
devient un moyen de produire le son de manière artificielle. En 1969, Mathews
crée le programme de synthèse sonore « Music V », que Jean-Claude Risset utilisera
pour composer « Mutations
I », l’une des premières œuvres entièrement synthétisées par
ordinateur.
En 1977, John Chowning, utilise la synthèse
FM des sons pour composer « Stria
».
A partir des années 1970, la synthèse
sonore donne lieu au développement de la musique
spectrale, initiée par Tristan Murail et Gérard Grisey.
A la fin des années 1990, l’IRCAM développe
AudioSculpt,
logiciel pour la visualisation, l'analyse et la transformation des sons. Ce
logiciel permet de « sculpter » littéralement un son de manière visuelle. Après
une phase d'analyse, le son s'affiche sous la forme d'un sonogramme, et
l'utilisateur peut dessiner les modifications qu'il veut lui appliquer.
Informatique temps réel
Avant l’arrivée de l’informatique déjà,
la musique électronique, préalablement enregistrée, pouvait être interprétée en
live à l’aide de potentiomètres réglant les timbres à l’aide de filtres, ou la
spatialisation en jouant sur les volumes.
C’est ainsi le cas de John Cage dès
1939 avec « Imaginary
Landscape n°1 » qui utilise des microphones en direct associés à 2
tourne-disques à vitesse variable jouant des sons électroniques. De même en
1964 dans « Mikrophonie
I » de Stockhausen, le son d’un tam-tam capté par 2 microphones est
modifié par 2 filtres passe-bande dont les potentiomètres de réglage sont
manipulés pendant le concert.
A partir des années 1980, la
technologie permet, avec l'informatique en temps réel, le retraitement en live du
son des instrumentistes.
La 4X de l’IRCAM
La notion de temps réel signifie que
la vitesse de calcul de l’ordinateur est telle que l’oreille de l’auditeur ne
peut séparer le son émanant de la source première (instrument électronique ou
acoustique) et celui retransmis ensuite par la machine.
Dans ce domaine l'IRCAM joue un rôle
pionnier, notamment avec la machine informatique 4X de retraitement
des signaux, conçue en 1981. Parmi les œuvres emblématiques composées alors,
citons « Répons »
(1981-1984), pour six solistes, ensemble de chambre, sons électroniques et
électronique temps réel de Pierre Boulez et « Pluton »
(1988-1989), pour piano midi et électronique temps réel de Philippe Manoury,
qui utilise également pour cette œuvre le langage de programmation graphique MAX alors nouvellement créé.
La 4X a été utilisée par de nombreux
autres compositeurs dont Karlheinz Stockhausen, Frank Zappa, Tristan Murail,
François Bayle, George Benjamin …
Après
les années 90, la 4X a été considérablement améliorée pour être remplacée en
1991 par la Station d’Informatique Musicale (SIM) autrement appelée ISPW (IRCAM
Signal Processing Workstation).
Le GRM quant à lui développe à partir
de 1978 le système SYTER qui rassemble sur un seul ordinateur dédié, un
ensemble d’outils et traite le son en temps réel, ses paramètres pouvant être
modifiés par l’intermédiaire d’une interface ergonomique. Les concepts du
système SYTER seront ensuite entièrement réécrits dans les GRM Tools diffusés en
1999 et destinés aux ordinateurs personnels, devenus de plus en plus
performants.
Exemple de représentation du son par l’acousmographe
L’Acousmographe
a été conçu au GRM à partir de 1991. C’est un outil d’analyse et de
représentation des musiques électroacoustiques, et par extension, de tout
phénomène sonore enregistré. Son développement est né du besoin pour les
compositeurs et musicologues de disposer d’outils de transcription des
musiques non écrites, par des représentations graphiques (amplitude, analyse
spectrale) et annotations textuelles, synchronisées à l’écoute.
Jean-Claude Risset (1938-2016)
Jean-Claude Risset a été un pionnier
dans le domaine de l'informatique musicale, notamment dans le domaine de la
synthèse sonore. Le moteur de sa création, tant artistique que scientifique,
est, de sa propre expression, « composer le son lui-même ».
Jean-Claude Risset, à la fois
musicien et chercheur en physique acoustique, est né le 18 mars 1938 au
Puy-en-Velay.
Il est agrégé de physique en 1961.
Il travaille le piano et l'écriture,
et la composition avec André Jolivet.
En 1967, il est docteur d'État en
Sciences Physiques. Sa thèse porte sur l'analyse, la synthèse et la
perception des sons musicaux.
Dans la fin des années 1960, il travaille
avec Max Mathews aux Bell Laboratories dans le New-Jersey (États-Unis), sur
la synthèse des sons par ordinateur et leurs applications musicales.
De
1970 à 1971, il réintègre son laboratoire au CNRS d'Orsay où il introduit la
synthèse sonore.
De 1971 à 1975, il est maître de
conférences au Centre universitaire de Marseille-Luminy.
En 1972, il crée le « Laboratoire
d'informatique et d'acoustique musicale », qui sera intégré en 1978 au
Laboratoire de Mécanique et d'Acoustique (LMA) du CNRS de Marseille.
De 1975 à 1979, il participe avec
Pierre Boulez à la création de l’IRCAM.
De 1979 à 1985, il est professeur à
l’Université d’Aix-Marseille.
De 1985 à 1999, il est directeur de
recherche au LMA de Marseille.
Ses compositions et ses recherches lui
ont valu les plus hautes récompenses françaises dont le Grand Prix
National de la Musique en 1990, la médaille d'or du CNRS en 1999, et les prix
Ars Electronica en 1987 et Giga-Hertz-Grand-Prize en 2009.
Jean-Claude Risset est mort le 21
novembre 2016 à Marseille.
Le catalogue d'œuvres musicales de
Jean-Claude Risset comprend plus de soixante-dix pièces, dont une quinzaine
d'œuvres pour « sons fixés sur support » (musiques électroniques), d'une
vingtaine d'œuvres instrumentales et d'environ trente-cinq œuvres mixtes (dont
certaines avec électronique temps réel).
Quelques œuvres de Jean-Claude Risset
Computer Suite For Little Boy* (1968) pour sons de synthèse réalisés par ordinateur
fixés sur support deux pistes (Bell Laboratories)
Mutations* (1969) pour sons de
synthèse réalisés par ordinateur fixés sur support 2 pistes (Bell
Laboratories)
Variants (1994) pour violon et
traitements numériques en temps réel.
Elementa (1998) pour sons fixés sur
support quatre pistes (INA-GRM), comprenant : Aqua,
Focus,
Aer,
Terra.
*
« Computer suite from little boy » et « mutations » font
partie des toutes premières œuvres substantielles produites entièrement par
ordinateur : tous les sons ont été synthétisés à l'aide du programme MUSIC V
de Max Mathews aux Bell Laboratories.
On trouvera une biographie de Jean-Claude Risset ainsi qu’une
analyse et la liste de ses œuvres sur le site Ressources-IRCAM.
Quelques compositeurs contemporains
Francis Dhomont (1926-2021)
Francis Dhomont est né le 2 novembre
1926 à Paris.
Il étudie la composition avec Charles
Koechlin et Nadia Boulanger.
Il s’adonne d’abord à la composition
instrumentale puis s'oriente vers la recherche et la production
électroacoustiques.
En 1963, il monte son studio
personnel où il compose ses premières pièces sur bande magnétique.
En 1973, il conforte sa formation
initiale par un stage au GRM.
En 1979, il s’installe au Québec où
il est chercheur invité à la Faculté de musique de l'Université de Montréal
et où il enseigne jusqu'en 1996.
En 1981, il
obtient le premier prix du Concours international de musique électroacoustique
de Bourges.
Il retourne s'installer à Avignon en
France en 2004.
On trouvera une biographie de Francis Dhomont ainsi que la liste
de ses œuvres sur Wikipédia.
Josef Anton Riedl (1929-2016)
Josef Anton Riedl est né à Munich le
11 juin 1929.
Il étudie à la Hochschule für Musik
und Theater de Munich.
Influencé par Carl Orff et Edgar
Varèse, il se consacre en tant que compositeur en particulier aux percussions
et à la « poésie sonore » (Lautgedichte).
En 1950, il est co-fondateur de la
section allemande des Jeunesses Musicales.
À partir de 1952, il travaille sur
l'utilisation des sons concrets et électroniques, et rejoint le GRM de Pierre
Schaeffer en 1953.
En 1955, il travaille au studio
électronique du NWDR à Cologne et, en 1959, au
studio expérimental de Scherchen à Gravesano.
De 1959 jusqu'à sa fermeture en 1966,
Riedl dirige le Studio Siemens pour la musique électronique.
En 1967 il crée le groupe
Musik/Film/Dia/Licht-Galerie, et en 1974 à Bonn il fonde le Kultur Forum, qu'il
dirige jusqu'en 1982.
Josef Anton Riedl est mort à Murnau am Staffelsee le 25 mars 2016.
Guy Reibel est né le 19 juillet 1936
à Strasbourg.
Pianiste de formation, il entreprend
des études scientifiques et devient ingénieur, avant de se consacrer
pleinement à sa formation musicale au Conservatoire de Paris.
De 1963 à 1983, il est membre du GRM où
il réalise des expériences psychoacoustiques reposant sur la perception de la
hauteur, de la durée et du timbre. Il participe également au « Traité
des objets musicaux » de Pierre Schaeffer.
Au Conservatoire de Paris, d’’abord professeur
associé à la classe de composition et d’électroacoustique de Pierre
Schaeffer, il succède à celui-ci de 1976 à 2001.
Entre 1977 et
1986, il est responsable à Radio France de plusieurs programmes centrés sur les
musiques contemporaines.
De 1983 à 1989, il est conseiller
musical pour la cité de la musique de la Villette à Paris. Dans ce cadre, il collabore
avec Patrice Moullet,
créateur d’instruments-sculptures qui permettent, par le geste, le jeu des sons
électroacoustiques.
L’œuvre de Guy Reibel se partage entre
la musique chorale (et en particulier le jeu
vocal) et la musique électroacoustique.
Jean-Claude Eloy est né le 15 juin
1938 à Mont-Saint-Aignan (Seine-Maritime).
Il entre à douze ans au Conservatoire
de Paris où il obtient, de 1957 à 1960, les premiers prix de piano, de musique
de chambre, de contrepoint et d’Ondes Martenot, ainsi qu'un second prix de
composition en 1961.
A cette même époque, il suit les
cours d'été de Darmstadt avec Pousseur, Scherchen, Messiaen, Boulez,
Stockhausen.
De 1961 à 1963, il étudie dans la
Master Class de composition de Pierre Boulez à l'Académie de Musique de Bâle.
De
1966 à 1968, il est professeur d'analyse musicale à l'Université de Berkeley.
Dans les années 1970, il travaille dans
divers studios dont celui de la WDR de Cologne avec Karlheinz Stockhausen.
A partir de 1974, il préside la section
française de la SIMC.
En 1977, il part au Japon où il collabore
avec la NHK et le Théâtre National du Japon.
A partir de 1978, il travaille au
Centre d'Études de Mathématiques et Automatique Musicales (CEMaMu qui deviendra
en 2000 le CCMIX) fondé par Iannis Xenakis.
D’abord rattaché à l'école sérielle
post-wéberienne sous l’influence d’Olivier Messiaen et Pierre Boulez, ainsi que
de Varèse, il est influencé dès la fin des années 1960 par l'esthétique de la
musique traditionnelle orientale, et tente alors d'effectuer la synthèse entre
musique orientale et musique occidentale.
On trouvera une biographie de Jean-Claude Eloy ainsi que la liste
de ses œuvres sur le site Wikipédia, ainsi
que sur le site du compositeur.
Jacques Lejeune (1940-)
Jacques Lejeune est né le 12 juillet
1940 à Talence.
Il étudie auprès de Daniel Lesur,
Pierre Schaeffer et François Bayle et fait partie du Groupe de recherches
musicales (GRM) depuis 1968.
Depuis les années 2000, il travaille
sur les « écritures croisées », produisant ce qu’il appelle des
« fables musicales » consistant en la diffusion de ses musiques sur
haut-parleurs doublées d'images dessinées et de poèmes projetés.
On trouvera une biographie de Jacques
Lejeune ainsi que la liste de ses œuvres sur le site du
compositeur : jacqueslejeune.com
Emmanuel Nunes (1941-2012)
Emmanuel Nunes a surtout écrit de la musique instrumentale et n’a
utilisé l’électronique que dans certaines de ses œuvres.
Emmanuel Nunes
est né le 31 août 1941 à Lisbonne.
De 1959 à 1963, il étudie l'harmonie
et le contrepoint à l'Académie de musique de Lisbonne ainsi que la philologie
germanique et la philosophie grecque à l'Université de cette même ville.
Il participe aux cours d’été de
Darmstadt donnés en 1964 par Henri Pousseur et en 1965 par Pierre Boulez. Il
suit les cours de composition d'Henri Pousseur et de Karlheinz Stockhausen à
Cologne.
De 1986 à 1992, il enseigne la
composition à la Musikhochschule de Fribourg-en-Brisgau puis de 1992 à 2006,
au CNSMDP (conservatoire de Paris).
À partir de
1989, Nunes travaille très régulièrement à l’IRCAM, où la spatialisation
et le temps réel sont des paramètres importants de son écriture.
Emmanuel Nunes est mort le 2 septembre
2012 à Paris.
Quelques œuvres d’Emmanuel Nunes
Nachtmusik
I (1978), pour cinq instruments et électronique ad libitum Wandlungen
(1986), cinq passacailles pour vingt-six instruments et électronique live ad
libitum
Das
Märchen (2008), opéra en un prologue et deux actes
On trouvera une biographie de Emmanuel
Nunes ainsi que la liste de ses œuvres sur le site Ressources-IRCAM.
Michel Chion (1947-)
Michel Chion est né le 16 janvier
1947 à Creil (Oise).
Il suit des études musicales aux
Conservatoires de Versailles et Paris, et littéraires à la Faculté de
Paris-Nanterre.
De 1971 à 1976 il travaille au Groupe
de Recherches Musicales de l'ORTF. D’abord assistant de Pierre Schaeffer, il
réalise ensuite des émissions du GRM.
En 1978, il obtient le Grand Prix du
Disque pour son Requiem.
De 1994 à 2012, il enseigne à
l'université de Paris 3.
Défenseur de la musique concrète dans
la tradition de Pierre Schaeffer, Michel Chion a composé une cinquantaine d'œuvres
pour sons fixés sur support audio dont des
mélodrames, des pièces religieuses, des recueils et des symphonies.
Il a créé l’association « Acoulogia » pour promouvoir la
musique concrète et proposer des formations à l’écoute et à l’audio-vision.
Il a également écrit de nombreux ouvrages dont on trouvera la
liste ici : http://michelchion.com/books
On trouvera une biographie de Michel Chion ainsi que la liste de
ses œuvres sur le site Wikipédia.
Voir aussi le site du compositeur : http://michelchion.com
Philippe Manoury (1952-)
Philippe Manoury est né le 19 juin
1952 à Tulle en Corrèze.
Il commence la musique à l’âge de
neuf ans et très vite, compose en autodidacte.
Il se forme à l'École normale de
musique de Paris puis au Conservatoire national supérieur de musique de Paris.
A partir de 1975 il étudie la
composition assistée par ordinateur avec Pierre
Barbaud.
De 1978 à 1981, il vit au Brésil et y
donne des conférences dans les universités.
A son retour, il rejoint l'IRCAM en
qualité de chercheur. L'informatique musicale
devient un outil fondamental dans son travail de composition. Les œuvres
de Karlheinz Stockhausen, de Pierre Boulez et de Iannis Xenakis sont alors ses
références principales.
De 1983 à 1987, il est responsable de
la pédagogie au sein de l’Ensemble Intercontemporain.
En 1988, sa pièce « Jupiter »
lui vaut le prix SACEM de la meilleure création contemporaine.
De 1987 à 1997, il est professeur de
composition et de musique électronique au CNSM (Conservatoire de musique) de
Lyon.
De 2004 à 2012, il enseigne à
l'Université de San Diego, aux États-Unis.
En 2013, il s’installe à Strasbourg où
il est professeur de composition au Conservatoire.
En 2015, il fonde sa propre académie de
composition dans le cadre du festival Musica de Strasbourg.
Philippe Manoury a composé des œuvres
dans tous les genres avec ou sans électronique.
Il est considéré comme l’un des
pionniers dans la recherche et le développement de la musique avec électronique
en temps réel.
Quelques œuvres de Philippe Manoury
Zeitlauf (1982) pour chœur mixte,
ensemble instrumental, synthétiseurs et bande magnétique
Jupiter (1987) pour flûte et
électronique temps-réel
Pluton (1989) pour piano midi et
électronique temps réel
Neptune (1991) pour trois
percussionnistes et électronique temps réel
60e Parallèle (1996), opéra pour neuf
chanteurs, récitante, ensemble vocal, orchestre et électronique
Il commence ses études musicales au
Conservatoire National de Région (CNR) de Lyon en 1972, puis entre au Conservatoire
de Paris en 1974.
De 1976 à 2000, il est chercheur et membre
de l'Ina-GRM, où il assiste Pierre Schaeffer, Marcel Landowski, Guy Reibel et
François Bayle. Il y participe à l'élaboration de l'Acousmographe
ainsi que du système SYTER.
En 1977, il fonde l'Ensemble TM+, suscitant
un répertoire d'œuvres mixtes et électronique (« live electronic »).
En 1980, il crée au CNR de Lyon une
classe de composition acousmatique et instrumentale dont il est le professeur titulaire jusqu'en 1995.
En 1993, il crée le festival Futura
(festival international d'art acousmatique et des arts de support) à Crest
(Drôme), où il fonde, en 2002, le premier cours d'été d'interprétation
acousmatique.
Depuis 1995 il enseigne la composition
au conservatoire régional de Perpignan, et, depuis 2007, au CRR (Conservatoire
à rayonnement régional) de Paris dont il crée la classe de composition
électroacoustique.
Denis Dufour a composé de nombreuses
œuvres orchestrales, vocales, de musique de chambre et électroacoustiques. Il
est le défenseur d’un concept de spatialisation interprétée des
œuvres sonores sur un acousmonium pour lequel il
compose de très nombreuses pièces.
On trouvera une biographie de Denis Dufour ainsi que la liste de
ses œuvres sur son site : denisdufour.fr.
Tod Machover
(1953-)
Tod Machover, compositeur,
violoncelliste et chef d'orchestre, est né le 24 novembre 1953 à Mount Vernon
(USA)
De 1973 à 1978, il étudie la
composition successivement avec Luigi Dallapiccola, Roger Sessions et Elliott
Carter.
De 1980 à 1984, il est directeur de
la recherche musicale à l'IRCAM à Paris.
En 1985, il intègre l’Institut de
Technologie du Massachusetts (MIT) au titre de professeur de musique et des
médias et co-fondateur du Media Lab.
En 1986, il crée le concept d’hyper-instrument.
L’hyper-instrument,
appelé aussi « instrument augmenté », utilise des logiciels
intelligents et des capteurs qui transmettent en temps réel à un ordinateur le
son de l’instrument et des paramètres gestuels. Après traitement informatique,
le son est réinjecté dans l'instrument grâce à des transducteurs. Le but est de
donner plus de puissance et de finesse aux interprètes
virtuoses.
En 1991, il développe un
hyper-violoncelle pour le célèbre violoncelliste Yo-Yo Ma.
En 1994, il est décoré chevalier des
Arts et des Lettres pour sa contribution à la vie musicale française et ses
compositions.
En 2006, il est nommé professeur de
composition à la Royal Academy of Music de Londres.
On trouvera une biographie de Tod Machover ainsi que la liste de
ses œuvres sur Wikipédia.
Yan Maresz (1966-)
Yan Maresz est né le 14 novembre 1966
à Monaco.
En 1983, il étudie la guitare avec John
Mc Laughlin dont il devient le principal orchestrateur et arrangeur en 1989.
De 1984 à 1986, il étudie le jazz à
l’université Berklee à Boston.
En 1986, il entre en classe de
composition à la Juilliard School de New York, où il est professeur assistant
des classes d’écriture de 1990 à 1992.
En 1993, il suit le Cursus de
composition et d’informatique musicale de l’IRCAM auprès de Tristan Murail, à
l'issu duquel il écrit « Metallics »,
œuvre sélectionnée en 1997 par la Tribune internationale des compositeurs de
l’Unesco.
De
1995 à 1997, il est pensionnaire à la Villa Médicis de l’Académie de France à
Rome.
Depuis 2006, il enseigne les nouvelles
technologies et la composition électroacoustique au Conservatoire National
Supérieur de Paris, ainsi qu'au conservatoire de Boulogne Billancourt.
Eclipse
(1999), pour clarinette et 14 instruments.
Sul Segno
(2004), pour harpe, guitare, cymbalum, contrebasse et électronique en temps
réel
Répliques,
(2016), pour harpe augmentée et orchestre
On trouvera une biographie de Yan Maresz ainsi que la liste de ses
œuvres sur le site Ressources
-IRCAM, ainsi que sur le site du compositeur : yanmaresz.com.
La musique Electro
Introduction
La musique électroacoustique a inspiré certains compositeurs et Disk jockeys Pop-Rock
qui ont développé la musique dite « Electro ».
On
situe le premier succès de la musique électro en 1969 avec « , devenu un véritable standard remixé à plusieurs reprises par divers
artistes dont Jean-Michel Jarre en 1972 sous le nom de « Popcorn orchestra » ou encore par M&H Band en 1987.
La
musique électro se divise en plusieurs genres (House, Techno, Trance, Breakbeat,
Jungle …) qui se subdivisent eux-mêmes en de nombreux sous-genre :
- La House music,
lancée au début des années 1980, est originaire de Chicago. Frankie Knuckles en est considéré par certains comme le créateur et
est d’ailleurs surnommé « le parrain de la house ».
- La Techno, née au milieu des années 1980, est associée à la
ville de Détroit. C’est avant tout une musique de danse, dont les
enregistrements faits en studio sont interprétés par des Disk jockeys.
- La Trance est née en Allemagne au début des années 1990. Elle
dérive directement de la techno et se caractérise par des lignes mélodiques
répétitives qui doivent permettre d’atteindre un état de transe.
- Le Breakbeat s’est
essentiellement développé en Angleterre, dans le courant des années 1990. Il
est caractérisé par la présence de rythmes binaires, très syncopés, et
l’utilisation intense de polyrythmies, c’est-à-dire de superpositions de
rythmes binaires et ternaires.
- La Jungle, apparue en Angleterre dans les années 1990, est un mélange de
breakbeat, de techno et de sonorités jamaïcaines.
Le groupe Kraftwerk marque le début
de la musique dite « Electro ». Ce sont les premiers à utiliser les
vocodeurs et les boites à rythmes.
Le groupe est formé en 1970 par
Florian Schneider et Ralf Hütter. Le premier joue de la flûte et du violon,
le second du piano et de l'orgue. Le duo sort d’abord les albums « Kraftwerk »
en 1970, « Krafwerk2 » en 1971 et « Ralf und Florian » en 1973.
En 1974,
complété de deux nouveaux musiciens, le groupe sort l’album « Autobahn »
qui rencontre en 1975 un succès mondial. Les deux membres fondateurs créent
alors leur propre studio d’enregistrement Kling Klang à Düsseldorf en
Allemagne.
Vocodeur
Sennheiser VSM 201
Le vocodeur analyse les principales
composantes spectrales de la voix et fabrique un son synthétique à partir du
résultat de cette analyse. Ce vocodeur a été utilisé par Kraftwerk pour
leurs albums « Man Machine » et « Computerworld».
Le groupe a révolutionné le style des tournées
« rock » en se produisant aux États-Unis déguisés en robots jouant exclusivement aux claviers. Le titre «
, extrait de leur album « The Man-Machine » (1978)
résume ce concept.
Il participe d’abord aux débuts de
Tangerine Dream et d'Ash Ra Tempel puis commence une carrière solo avec « Irrlicht »
en 1972.
Il s'oriente vers la musique
électronique en utilisant les premiers synthétiseurs dans « Cyborg »
(1973), suivi de « Blackdance »
(1974).
En 1975, il obtient le Grand Prix de
l'Académie Charles-Cros avec « Timewind ».
Dans les années 1990, il crée une
musique davantage inspirée du jazz et du classique.
En introduisant des percussions
électroniques dans sa musique il devient,
un peu avant Kraftwerk, le grand pionnier de la musique entièrement électronique
et reste le principal représentant du courant de « musique planante »
électronique de l’école de Berlin.
Il prend des cours d'harmonie et de
contrepoint au Conservatoire de Paris, avec Jeanine Rueff.
En 1968 il rencontre Pierre Schaeffer
et quitte le conservatoire pour le Groupe de recherches musicales (GRM). Il y
découvre les premiers synthétiseurs, le VCS 3 et le Moog, et y rencontre de
grands compositeurs comme Bernard Parmegiani et Karlheinz Stockhausen.
En 1971 il compose la musique du
ballet « Aor »
représentant chaque couleur de l'arc-en-ciel pour l'inauguration du nouveau
plafond de l'opéra de Paris dû à Chagall, introduisant ainsi pour la première
fois dans cette salle la musique électroacoustique. Il utilise pour sa composition le
synthétiseur VCS 3.
Le synthétiseur VCS 3 utilisé pour « Oxygène » et pour « Equinoxe »
De 1971 à 1975, Jean-Michel Jarre
compose pour le cinéma et la chanson, pour laquelle il écrit également des
textes, en particulier pour des chanteurs tels que Christophe ou Françoise
Hardy.
La consécration arrive en 1976 avec
l'enregistrement de son album « Oxygène »,
réalisé au moyen de synthétiseurs analogiques. L’un des thèmes de l’album, « Oxygene
IV », devient un tube dans le monde entier.
Il confirme ensuite ce succès avec la
sortie d’ « Equinoxe »
en 1978.
La harpe laser a été longtemps l'instrument emblématique des concerts de J-M Jarre.
En 1979 pour
le 14 juillet, il offre son premier concert gratuit en extérieur, place de la
Concorde à Paris, jouant seul entouré de synthétiseurs en tout genre. Ce
concert inaugure le concept du méga-concert qui deviendra sa signature : un spectacle total, mêlant musique,
jeux de lumières, lasers, effets pyrotechniques et projections géantes,
concerts qu’il réalisera à Pékin, Shangaï, Houston, Lyon, Paris, Moscou, Le
Caire …
En 1984, l’album « Zoolook »
remporte la Victoire de la musique du meilleur album de musique instrumentale.
En 1997, pour célébrer le 20ème
anniversaire de son album culte « Oxygène », Jean-Michel Jarre
publie l’album « Oxygène
7–13 », puis en 2016, « Oxygène
3 » pour marquer son 40ème anniversaire.
La ville de Détroit est considérée
comme le berceau de la techno.
Underground Resistance (UR) est un
collectif de producteurs, de musiciens et de DJs, fondé à Détroit le 2
novembre 1989 par Mike Banks, Jeff Mills, Robert Hood et Darwin Hall.
Ce groupe assez éclectique est
influencé par différents styles de musique électronique inspirée entre autres
de Kraftwerk, et produit une musique militante et politique très
représentative de la techno de Détroit. Fascinés par la science-fiction et
par le rêve de l’an 2000 à venir, ils imaginent une musique aux tonalités futuristes.
Daft Punk est un groupe de musique
électronique français, créé en 1993 par Thomas Bangalter et Guy-Manuel de
Homem-Christo.
Une de leurs originalités est de
cultiver leur notoriété d'artistes indépendants et sans visage, portant
toujours en public des casques et des costumes.
Avec la sortie de son premier album
« Homework »
en 1997, le groupe participe à la diffusion mondiale du mouvement de musique
électronique baptisé « french touch », qui est une déclinaison française
de la musique house.
La french
touch rassemble des artistes majoritairement parisiens ou versaillais
qui évoluent dans un microcosme géographique leur permettant de se côtoyer et
de collaborer régulièrement ensemble, dans des sonorités nouvelles et
avant-gardistes. On y trouve entre autres Air, Cassius, Étienne de
Crécy, St Germain, Mr. Oizo …
Les
principaux tubes de Daft Punk sont :« Da Funk »
et « Around
the World » de l’album « Homework ».
Interstella
5555 (2003) est un film d’animation japonais fait sur la musique de
Discovery.
Disc-jockeys (DJ ou deejays)
D’abord simple animateur, programmateur
de disques, le disc-jockey a évolué pour devenir un véritable créateur de
musique.
Platine-contrôleur DJ
Les DJ réalisent des
« mix » ou « DJ set » en enchainant plusieurs productions
audios dont ils ajustent fréquences et tempos de manière à en faire une œuvre
cohérente et complète.
Pour cela, ils travaillent sur tout
type d'enregistrement, par échantillonnage, collage, déformation,
juxtaposition …
Leurs
créations ne sont plus uniquement réalisées en live, mais de plus en plus en
studio, utilisant des logiciels de création musicale tels que « Cubase » ou « Logic Pro ».
Parmi les DJ les plus connus, citons
Larry Levan (américain, 1954-1992),
l'un des premiers DJs modernes,musicien des platines à part entière,
Frankie Knuckles (1955-2014),
deejay à Chicago où il est considéré comme le créateur de la House music,
Afrika Bambaataa (américain
né en 1957), l'un des créateurs du mouvement hip-hop,
Laurent Garnier (français né en 1966),
David Guetta (français né en 1967),
Tiësto (néerlandais né en 1969),
Armin Van Buuren (néerlandais né en 1976) ...
Deux des mix réalisés par Laurent Garnier pour l’exposition
ELECTRO de 2019 à la cité de la musique de
Paris.
La musique électro et le cinéma
Edouard Artemiev, né le 30
novembre 1937 à Novossibirsk, est surtout connu pour ses musiques des films
d'Andreï Tarkovski, Nikita Mikhalkov, Andreï Kontchalovski.
=>Bande originale du film « Solaris »
(1972) d’Andreï Tarkovski.
John Carpenter, né le 16 janvier
1948, est un réalisateur et scénariste qui compose la musique de ses propres
films.
=>Bande originale du film « Fog »
(1980) de John Carpenter.
Tangerine Dream est un groupe de
rock allemand formé en 1967 par Edgar Froese (1944-2015). Ce groupe a produit
des musiques dans divers genres rock et électroniques, et a aussi réalisé des
musiques de film.
=>Bande originale du film « Le
solitaire » (Thief, 1981) de Michael Mann.
Giorgio Moroder, né le 26 avril
1940 à Ortisei, est un chanteur, auteur-compositeur, producteur et disc-jockey
italien. Il est souvent considéré comme un des pionniers du disco italien et de
la musique dance.
=>Bande originale du film « La
féline » (Cat People, 1982), de Paul Schrader.
Lim Giong, de son vrai nom Lin
Zhifeng, né le 7 juin 1964 à Changhua, est un acteur et artiste de musique
électronique et de musique de film taïwanais.
=>Bande originale du film « Millenium
Mambo » (2001), de Hou Hsiao-hsien.
Cliff Martinez, né le 5 février
1954 dans le Bronx, est un compositeur de musique de film.
Après avoir fait partie du groupe de
rock « Red Hot Chili Peppers » de 1982 à 1985, il se concentre sur la
composition de bandes originales de films.
=>Bande originale du film « Only
God forgives » (2013), de Nicolas Winding Refn.
Quelques liens
La musique électronique, en particulier au cours des années 1990,
donne naissance à tellement de genres et de styles qu'ils sont trop nombreux
pour être cités ici.
Ce site incontournable présente tous
les genres et sous-genres de la musique électronique, avec leurs liens et des
extraits musicaux pour chacun d’eux :
Un guide de la musique électronique
Un autre site intéressant pour explorer la musique Electro : DI.FM
1500 genres de musique sont recensés ici : everynoise .com où l’on peut entendre un
extrait musical de chacun.